Théâtre Le Trident / Le Grand Théâtre, historique
Fondé en 1971, le Théâtre du Trident est sans contredit l’une des institutions culturelles les plus importantes du Québec. Chef de file du théâtre québécois, le Trident jette un regard novateur sur les chefs-d’œuvre de la dramaturgie universelle. Cette compagnie majeure de la ville de Québec présente et diffuse au Québec et à l'international un théâtre de répertoire tout en accordant une place de choix à la création d’œuvres contemporaines québécoises, canadiennes et étrangères.
Au cours des dernières années, le Théâtre du Trident a reçu plusieurs distinctions et prix soulignant la qualité de ses productions et le travail exceptionnel de ses artistes dont le prestigieux Prix Ville de Québec, récompensant le dynamisme et l'innovation d'une entreprise culturelle de la capitale. Le Théâtre du Trident se veut une tribune pour les auteurs et les artistes d’ici et d’ailleurs.
Quelques mots de plus...
En 1969, le ministre des Affaires culturlles, M. Jean-Noël Tremblay,
se propose de réunir les forces vives du théâtre à
Québec et de mettre en branle le processus de création d'une
compagnie permanente. Le Théâtre du Trident est né du
regroupement de trois des principales compagnies de la Vieille Capitale qui
avaient dû fermer leurs portes: le Théâtre de l’Estoc,
le Théâtre du Vieux Québec et le Théâtre
pour Enfants de Québec. À sa fondation, le Théâtre
du Trident regroupait toutes les activités théâtrales
de Québec (répertoire, recherche et théâtre pour
enfants), d'où le nom du "trident", ce sceptre à trois
dents appartenant au Dieu de la mer Poséidon, qui symbolise la mission
triple.
C’est le 21 janvier 1971 que le rideau se lève sur la première
production du Théâtre du Trident, la pièce O-71 de Jean
Barbeau. Alors dirigée par Paul Hébert, la jeune compagnie connaît
des succès retentissants dès ses premières années,
notamment avec Charbonneau et le chef en 1971 et 1972, mettant en vedette
Jean Duceppe et Jean-Marie Lemieux.
Plusieurs œuvres ont pris naissance sur la scène du Trident; c’est notamment le cas de La Mémoire de Rhéa d’Anne Legault, présentée au Trident en 1994, et de La Face cachée de la lune de Robert Lepage, production d’Ex Machina créée au Trident le 29 février 2000. Ce spectacle, actuellement en tournée mondiale, a d’ailleurs remporté de nombreuses distinctions.
Huit directions artistiques se sont succédées à la barre du Trident; chaque directorat s’est avéré déterminant dans le développement du Trident. Au fil du temps, le Trident s’est taillé une place de choix sur la scène culturelle québécoise.
Grand Théâtre
La genèse du Grand Théâtre de Québec constitue une étonnante saga. Ponctuée d'événements qui font parfois craindre l'irréparable, elle retient, pendant près de huit ans, l'attention des Québécois qui attendent avec impatience la naissance de leur théâtre.
C'est en février 1963, alors qu'il participe à une conférence fédérale-provinciale dans la capitale de l'Île-du-Prince-Édouard, que Jean Lesage, premier ministre du Québec, ébauche le projet qui mènera à l'édification du Grand Théâtre de Québec. Ottawa ayant, quelque temps auparavant, annoncé sa participation financière à la construction d'un centre culturel devant commémorer à Charlottetown la mémoire des Pères de la Confédération, Jean Lesage fait remarquer au premier ministre du Canada, Lester B. Pearson, que Québec partage justement avec Charlottetown l'honneur d'être l'un des berceaux de l'Union canadienne. C'est en effet durant la troisième session du Parlement itinérant du Canada-Uni, qui se tient à Québec en 1865, que se déroulent les débats menant au projet d'une confédération canadienne. Jean Lesage suggère donc à son homologue fédéral de participer à la création, dans la Vieille Capitale, d'un «monument» qui commémorera le centenaire de la Confédération. Dès lors, le projet s'engage sur la longue route de sa concrétisation.
Août 1963
Pendant que les discussions se poursuivent au niveau politique, Jean Lesage confie à Georges-Émile Lapalme, ministre des Affaires culturelles, la responsabilité de définir le projet. Deux mois plus tard, le «Comité consultatif pour le monument commémoratif de la Confédération à Québec» lui remet ses recommandations qui portent principalement sur la fonction, l'emplacement et le coût de l'édifice qui devra abriter une salle d'opéra et de concert, une salle destinée au théâtre et le Conservatoire de musique de Québec.
Mai 1964
Le ministère des Affaires culturelles du Québec lance un concours national à l'issue duquel sera choisi l'architecte qui dressera les plans du Grand Théâtre de Québec. Six mois plus tard, un jury constitué de sommités internationales retient l'excellent projet soumis par l'architecte-urbaniste Victor Prus. Canadien d'origine polonaise établi au Québec depuis 1952, ce dernier est déjà reconnu pour d'importantes réalisations parmi lesquelles on compte l'Autostade de l'Exposition universelle de 1967 et la station Bonaventure du métro de Montréal.
Faisant preuve d'une remarquable compréhension des contraintes liées à l'espace réduit sur lequel doit s'élever l'édifice, il conçoit un bâtiment compact qui satisfait pourtant avec logique et clarté aux exigences multiples d'un complexe destiné à abriter deux salles polyvalentes ainsi qu'un conservatoire de musique. Les salles Louis-Fréchette et Octave-Crémazie seront superposées, tandis que le Conservatoire s'étalera sur deux paliers souterrains, autour d'une cour encaissée.
Janvier 1966
Le premier ministre Jean Lesage procède enfin à la levée de la première pelletée de terre.
Juillet 1966
Coup de théâtre ! Portée au pouvoir lors de l'élection de juin, l'Union nationale de Daniel Johnson père freine plusieurs projets amorcés par le précédent gouvernement, parmi lesquels figurent les travaux de construction du Grand Théâtre. Abandonné, par les caprices des uns, à ceux de la nature, l'immense trou destiné à recevoir les fondations de l'édifice devient peu à peu, en plein coeur de la ville, un lac grisâtre dont la seule vue suggère avec effroi que le projet ne soit bel et bien tombé à l'eau !
Septembre 1967
Après avoir même envisagé la rénovation du Palais Montcalm comme solution de remplacement à la construction du nouveau théâtre jugé trop coûteux, Jean-Noël Tremblay, titulaire des Affaires culturelles, se range à l'avis des spécialistes de son ministère et recommande la poursuite du projet. L'assèchement du «trou» du Grand Théâtre, signale, après plus d'un an d'interruption, le coup d'envoi définitif du chantier.
Décembre 1968
Alors que le Ministre annonce l'ouverture de la grande salle pour septembre 1969, bien des observateurs se montrent sceptiques. En effet, le contrat de construction de la petite salle n'a toujours pas été accordé. Or, son aménagement nécessiterait, un jour ou l'autre, d'importants travaux qui empêcheraient, pendant plusieurs mois, la tenue de toute activité artistique au Grand Théâtre. La fermeture, même temporaire, d'une salle nouvellement inaugurée, estime-t-on avec justesse, ferait figure de bien sombre présage.
Printemps 1969
Le secteur de la construction est touché par une grève qui paralyse le chantier du Grand Théâtre pendant deux mois. Le ministère des Travaux publics affirme que l'édifice sera livré en décembre 1969, alors que Jean-Noël Tremblay déclare qu'il ne sera inauguré qu'en juin 1970...
Printemps 1970
Il ne se passe plus une semaine sans que la date d'ouverture des salles du Grand Théâtre ne fasse l'objet des spéculations les plus diverses. Une part des inquiétudes s'estompe cependant lorsque débutent, à la veille des élections d'avril 1970, les travaux d'aménagement de la petite salle.
Juillet 1970
Création de la Régie du Grand Théâtre de Québec (qui deviendra en juin 1982 la Société du Grand Théâtre de Québec).
Novembre 1970
Nomination de M. Guy Beaulne au poste de directeur général du Grand Théâtre de Québec. Comédien, metteur en scène, critique dramatique et délégué du Canada à de nombreux événements artistiques internationaux, Guy Beaulne est aussi, pendant 13 ans, réalisateur de dramatiques à la radio et à la télévision de Radio-Canada, où il réalise notamment l'émission «La Famille Plouffe». En 1963, il entre au ministère des Affaires culturelles du Québec où il sera, tour à tour, directeur du Service du théâtre, directeur général de l'Enseignement artistique (Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec) et directeur général du Théâtre. Étroitement associé, dès 1963, à la création du Grand Théâtre de Québec, M. Beaulne sera secondé par le directeur administratif Ulric Breton qui, dès 1966, dirige, au ministère des Affaires culturelles, le service responsable du dossier du Grand Théâtre. À ce titre d'ailleurs, ce dernier contribue beaucoup à la reprise du projet en 1967. M. Yvon Sanche, qui, pour le compte du même ministère, supervise l'aspect technique du projet, deviendra le premier directeur des services scéniques du Grand Théâtre.
Décembre 1970
Presque cinq ans après la première pelletée de terre, la saga connaît enfin un dénouement heureux ! L'achèvement des travaux permet au nouveau gouvernement d'annoncer la date d'ouverture de l'édifice qui, dès 1967, devait commémorer le centenaire du pays ! Coût total : 10 millions $ pour le théâtre même et 4 millions $ pour le Conservatoire.
Janvier 1971
Malgré les petits aléas qui marquent sa genèse, c'est un Grand Théâtre conforme à la volonté de ses concepteurs que les Québécois découvrent avec un intérêt particulier le 16 janvier 1971, lors de la cérémonie d'inauguration. Dès le lendemain, l'Orchestre symphonique de Québec, sous la direction de Wilfrid Pelletier et de Pierre Dervaux, donne le coup d'envoi du festival d'ouverture qui, jusqu'au 27 janvier, met entre autres en vedette les Grands Ballets Canadiens («Tommy») et le Théâtre du Trident («O-71»).
Anecdote :
Le Grand Théâtre possède l'un des plus singuliers monte-charge
utilisés au Québec, sinon au Canada. Conçu pour élever
les décors, les instruments et le matériel jusqu'au niveau de
l'immense scène de la salle Louis-Fréchette, cet élévateur
favorise également les apparitions et les disparitions les plus spectaculaires...
et pas seulement celles de David Copperfield ! La longueur de ce monte-charge
? Vingt et un mètres, soit l'équivalent de deux autobus scolaires
garés bout à bout !
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Informations prises sur les sites respectifs soient
www.grandtheatre.qc.ca et www.letrident.com