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Espace GO, 27, 28, 29 mai à 20 h

Life Is But A Dream #1
Exorage Group (Rennes)
Première nord-américaine

L’œuvre de l’écrivaine punk américaine Kathy Acker brûle d’une rage contagieuse. Dans le détonant Life is but a dream # 1, un projet protéiforme qui tient à la fois du théâtre, du concert et du cinéma, l’artiste pluridisciplinaire Patricia Allio prolonge l’esprit subversif de cette égérie destroy de la scène underground new-yorkaise des années 1990. Sur fond post-apocalyptique, marqué par la révolution, elleconçoit un espace scénique en constante mutation, propre à réveiller les consciences endormies. Cet intriguant spectacle occupera la scène de l’Espace GO du 27 au 29 mai.

L’étoffe dont les rêves sont faits — Comme Shakespeare, Patricia Allio croit que « nous sommes de l’étoffe dont les rêves sont faits » et que « notre petite vie est une île perdue, enroulée dans l’océan d’un sommeil ». Inspiré du roman Sang et stupre au lycée de Kathy Acker, la création Life is a but a dream#1 interroge le rôle de la fiction et du simulacre dans toute construction, qu’elle soit identitaire, urbanistique, littéraire ou, in fine, théâtrale. S’inspirant librement des audaces formelles du livre, la performance cherche à prolonger le geste déconstructionniste de l’auteur connu pour ses provocations plagiaires. Enrichie d’extraits d’autres textes et de matériaux filmiques, l’écriture scénique déploie une approche kaléidoscopique, à l’image de New York, ville mythique, fictionnelle, véritable matrice onirique où se font et défont les révolutions esthétiques.

Sœurs de sang — Dans Life is but a dream #1, comme dans les textes de Acker, les structures de la représentation sont mises en pièces. Le déroulement temporel et les notions de début et de fin sont bousculés. Les « personnages » perdent leur intégrité, les situations se délitent et se recomposent. Cohabitation de la poésie visuelle et du théâtre, gommage des limites entre fiction et vérité, la notion même de genre se fait poreuse et l’art performatif déployé ici est dominé par l’hybridité. Acker et Allio sont à cet égard de véritables sœurs de sang et leurs épousailles scéniques prennent ici l’allure de noces impudiques.

Patricia Allio — Metteure en scène, écrivaine et dramaturge, Patricia Allio a été lauréate de la Villa Médicis hors les murs à New York à l’été 2006 pour ses projets de recherche sur
Life is but a dream #1.Ellea publié plusieurs articles sur la dramaturgie pour des revues comme Mouvement et Friction. Pour la scène, elle a écrit le poème Caninamente, la pièce Dessous de table, le conte La même maison et une conférence burlesque, Habiter. En 2000, elle a fondé L’Association Labri – intervention et recherche sur le brut dans l’art et la langue, sujet de sa thèse de doctorat. Dans ce cadre, elle a organisé deux expositions, un festival de cinéma sur les sites d’Art Brut, ainsi qu’un hommage à l’artiste Jean Grard.  Elle a aussi signé, avec Juliette Dieudonné, un essai intitulé L'Art brut déplacé et tournait le film Erotation. Deux étapes de son vaste projet sx.rx.Rx ont été présentées en 2004 avant que l’œuvre finale soit créée au KunstenFESTIVALdesArts de Bruxelles en 2006. Cette même année, elle crée Exorage group, excroissance de LABRI destinée exclusivement au spectacle vivant.

Kathy Acker, icône chic et destroy — Née à New York en 1947, Kathy Acker étudie la littérature, devient l’assistante du philosophe et sociologue Herbert Marcuse et strip-teaseuse à Times Square. Elle fraie avec des groupes punk et devient rapidement l’icône de la scène alternative new-yorkaise des années 1990. Son œuvre, cocktail Molotov de manifeste existentialiste et de science-fiction, s’inscrit entre celles de Burroughs et de William Gibson. Se réappropriant à sa manière l’héritage littéraire et critique français, de Rimbaud aux post-structuralistes, Acker pille de grands mythes romanesques tels Don Quichotte ou De grandes espérances de Dickens, les pirate, les utilise, les manipule en attirant l’attention sur l’artificialité des procédés traditionnels. Morte d’un cancer du sein en 1997, elle redonne aujourd’hui encore un sens au mot contre-culture. Dans son univers post-apocalyptique, ses héros lâchent les chiens de leur barbarie sur tout ce qui bouge.


Crédit photo : Guillaume Robert

À partir de “Sang et stupre au lycée” de : Kathy Acker; Mise en scène : Patricia Allio;
Vidéaste :Gaëtan Besnard; Créateur lumières : Joël L'Hopitalier; Ingénieur son : Olivier Le Brouder; Composition sonore et musicien : Mikaël Plunian; Vidéaste : Guillaume Robert; Distribution : Geoffrey Carey (acteur); Catherine Corringer (actrice); Mélanie Leray (actrice); NicoNote (chanteuse, performeuse)

Production : Exorage group (Rennes)
Coproduction : Parc de la Villette – Résidences d’artistes
Avec le concours du Ministère de la Culture – DRAC Bretagne DICRéAM
Avec l’appui de CULTURESFRANCE et du Consulat général de France à Québec
En collaboration avec Espace GO

Espace Go
4890, boul. Saint-Laurent – métro Laurier
27, 28, 29 mai à 20 h
En Français / 1 h 30 / Admission générale
Tarif régulier : 35$ / 25 ans et moins, 65 ans et plus : 25$

 

par Aurélie Olivier

Life is but a dream #1, c’est comme un film de David Lynch : c’est beau mais on ne comprend rien. Inutile d’aller voir la production en provenance de Rennes (France), qui se joue à l’Espace Go dans le cadre du FTA, si vous avez envie qu’on vous raconte une histoire, avec un début, une fin et un déroulement logique : vous en sortirez forcément déçu. Adapté de Sang et stupre au lycée, œuvre de l’Américaine Kathy Acker qui fut en son temps une icône de la scène alternative new-yorkaise, le spectacle mis en scène par Patricia Allio est un objet protéiforme, empruntant au théâtre, au cinéma, au concert rock et à la vie quotidienne.

Au début, un semblant de scénario semble se profiler. On ne sait pas clairement où on est, ni de quoi on nous parle, mais on est encore confiant de parvenir à le comprendre au fur et à mesure. Et puis soudainement tout s’arrête. Changement de décor, changement de ton, changement de propos. Cinq minutes plus tard, rebelote, nouveau chambardement. Et encore, et encore. Le seul fil conducteur est la violence des propos. Quiconque s’adresse à nous, quel que soit son personnage, ne parle que de sexe, de brutalités, de déviances. Finalement, c’est un composite de l’humanité dans ce qu’elle a de plus laid qui semble prendre forme sous nos yeux.

Entourant la scène, trois murs blancs. Sur le plateau, des écrans et des télévisions. Partout des projections, tantôt d’images filmées en temps réel, tantôt de photographies, qui exercent sur le spectateur une fascination proche de l’hypnose. S’y ajoute une bande sonore faite de grondements, de larsens, de musique rock, d’opéra, de sirènes, de klaxons. C’est à New-York où elle séjourna durant l’été 2006 que Patricia Allio a accumulé des sons, des images et des récits qui furent à la base de Life is but a dream
#0
, la première mouture de sa relecture kaléidoscopique de l’œuvre d’Acker, et qui peuplent encore la seconde.

Dans Life is but a dream #1 comme dans les textes d’Acker, ce qui est construit est brutalement jeté à terre, les repères spatio-temporels sont bouleversés, les situations se délitent, les personnages se désintègrent, les frontières se dissolvent.

Ce qui fait la force de ce spectacle, c’est l’atmosphère apocalyptique qu’il parvient à créer, nous projetant dans un univers parallèle, où la réalité n’a plus vraiment d’importance. Ce qui compte, c’est la sensation. On peut choisir de se laisser porter ou refuser d’adhérer à une œuvre où la forme semble primer sur le fond. Question de tempérament. Mais nul ne pourra nier que la performance audiovisuelle est une très belle réussite et que les performers-acteurs (Geoffrey Carey, Catherine Corringer, Mélanie Leray, NicoNote) munis de micros, qui déforment leurs voix à volo, sont à la hauteur du défi.

27-05-2007

 

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Source : www.fta.qc.ca


 

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