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Antioche
Du 7 au 25 novembre 2017, supplémentaire 21 novembre à 19h30

Jade fait des listes et des rencontres sur internet pour trouver un sens à sa révolte. Antigone, sa meilleure amie morte dans une pièce écrite il y a 2500 ans, tente désespérément de faire jouer sa tragédie par la troupe de théâtre de l’école. Inès, la mère de Jade, erre comme un fantôme dans leur maison de banlieue.

Antioche, c’est l’histoire de trois filles emmurées vivantes qui décident de fuir vers l’avant. Et surtout, c’est la fable d’une rencontre improbable dans la ville d’Antioche, en Turquie, là où tout pourrait encore changer.

Le metteur en scène Martin Faucher retrouve l’auteure de Yukonstyle, Sarah Berthiaume, qui, avec son humour, rappelle au temps présent la mythologie et crée un dialogue autour de la radicalisation et de l’immigration.

Depuis plus de 25 ans, le Théâtre Bluff initie des collaborations avec des créateurs singuliers sensibles aux dialogues intergénérationnels en faisant la promotion de la dramaturgie contemporaine, d’ici et d’ailleurs, auprès des adolescents. Après Les Haut-Parleurs de Sébastien David, Antioche est leur deuxième création en résidence au Théâtre Denise-Pelletier.


Texte Sarah Berthiaume
Mise en scène Martin Faucher
Avec Sharon Ibgui, Sarah Laurendeau et Mounia Zahzam


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance Émanuelle Kirouac-Sanche
Concepteurs Michel F. Côté, Max-Otto Fauteux, Maryline Gagnon, Pierre Laniel, Denis Lavoie, Alexandre Pilon-Guay

Du mardi au jeudi 19h30, vendredi 20h30, samedi 16h30

Durée 1h30 sans entracte

Une production Théâtre Bluff


Entrevue

Une Antigone en «crisse»: entrevue avec Sarah Berthiaume pour «Antioche»

Par Olivier Dumas


Crédit photo : Jérémie Battaglia

Pour Antioche, sa toute nouvelle création, Sarah Berthiaume renoue avec l’une de ses héroïnes: Antigone, une résistante contre l’ordre établi.   

Depuis ses premiers pas professionnels, Sarah Berthiaume revendique une soif d’absolu dans le jeu, la mise en scène, mais surtout l’écriture. Qu’elle incarne une adolescence myope prête à s’abimer les yeux pour séduire un voisin optométriste dans Martine à la plage de son ami Simon Boulerice, qu’elle collabore avec Dave St-Pierre pour Moribonds (texte qu’elle a signé), qu’elle confronte quatre filles vivantes à des Villes Mortes, ou encore qu’elle scrute la cyberpornographie dans P@ndore, la femme de théâtre préconise les êtres prêts à briser les règles ou interdits.
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Critique



Crédit photos : Marie-Andrée Lemire

Dans Antioche, « l’orient brûle et l’occident pourrit », et Jade cherche un sens à sa vie, une échappatoire à la colère qui l’habite. Elle qui se sent emmurée vivante dans le bungalow familial anonyme d’une banlieue tout aussi anonyme, trop « en criss » contre tout (elle dresse même la liste de tout ce qui la met en colère), n’arrive pas à parler à sa mère, elle aussi emmurée dans son silence, ses souvenirs, avec son verre de vin et son Ricardo.

S’inspirant de la figure féminine rebelle par excellence, Antigone, l’auteure Sarah Berthiaume construit une solide partition sur la rébellion adolescente, la quête de sens et de causes, et la déroute d’une certaine jeunesse en perte de repères. Dans le cœur de ces trois femmes, nul feu ne couve, c’est une flamme qui flambe et gronde, prête à dévorer tout sur son passage. L’écriture sincère et sensible de Berthiaume leur insuffle une force bouillante et une fragilité telle qu’il est impossible de ne pas se reconnaître en eux.

Pour cette nouvelle production du Théâtre Bluff : une distribution toute féminine. Dans les rôles de la mère, de la fille et d’Antigone, Sharon Ibgui, Mounia Zahzam et Sarah Laurendeau forment un triptyque en trois générations très cohérent. Elles sont les différents visages de la révolte, celle qui couve, celle qui s’assagit et celle qui s’est étouffée en cours de route. Sarah Laurendeau se démarque particulièrement en incarnant une Antigone vive et authentique, jamais conciliante, jamais résignée, une artiste engagée à cheval entre son triste destin, scellé il y a quelque 2500 ans, et une féroce volonté de vivre.

Le texte de Berthiaume et la mise en scène de Martin Faucher ne forcent pas la note, amenant tout doucement et par la bande le thème de la radicalisation chez les jeunes occidentaux, le traitant non comme un enjeu, mais comme une réponse à un mal-être qui s’enracine dans le silence. Antioche porte en effet un regard aiguisé sur une jeunesse assoiffée de sens, sur l’absence de communication entre ces différentes générations d’immigrants et sur un quotidien rempli de contradictions.

Dans une scénographie simple, la mise en scène de Faucher jette un éclairage cru sur la fracture entre une mère et sa fille, cohabitant sous le même toit, mais évoluant dans deux univers parallèles qui ne se rencontrent jamais. Antigone, Jade et sa mère sont trois femmes en colère, mais surtout en fuite devant la réalité et un quotidien qui ne répond pas à leurs idéaux. Le metteur en scène et la dramaturge sont parvenus à faire naviguer les personnages entre réalisme et un certain lyrisme. Et si la catharsis espérée par Antigone ne survient pas tout à fait pour briser les murs dressés par ces femmes, la parole, elle, commence à se libérer.

Deuxième spectacle en résidence du Théâtre Bluff, Antioche trouvera certainement une oreille attentive chez le jeune public du Théâtre Denise-Pelletier.

10-11-2017
 


D'autres capsules disponibles sur le site du Théâtre Denise-Pelletier

Salle Fred-Barry, Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : 514-253-8974

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