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Chienne(s)
Du 13 au 31 mars 2018, supplémentaires (6) jusqu'au 7 avril

La Trentenaire a la chienne. En termes élégants, elle souffre d’anxiété. Elle est brillante, drôle, cultivée et capable, mais sa vie se fissure à haute vitesse. Elle a la chienne, mais elle ne sait pas pourquoi. Et surtout, elle ne sait pas si elle en a le droit. Elle se concentre sur sa respiration, brasse les ombres, cherche la lumière. Elle semble immobile, et pourtant elle avance, révélant l’ampleur de sa résistance face au monde.

Marie-Ève Milot et Marie-Claude St-Laurent construisent avec humour et sensibilité une galerie de personnages qui tentent maladroitement de guider la jeune femme dans le brouillard des règles et des conventions. Leurs interactions pointent du doigt cet éventail de décisions que nous ne voudrions
pas avoir à prendre. Une immersion totale dans un esprit qui s’attache à comprendre le monde qui l’entoure pour remonter à la source de ses angoisses.


Texte et mise en scène Marie-Ève Milot
Texte et interprétation Marie-Claude St-Laurent
Interprétation Alexandre Bergeron, Louise Cardinal, Larissa Corriveau, Nathalie Doummar, Richard Fréchette

Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène et régie Josianne Dulong-Savignac
Scénographie Caroline St-Laurent
Costumes Marie-Noëlle Klis
Éclairages Martin Sirois
Son Antoine Berthiaume
Direction technique et de production Maude St-Pierre
Photo Christian Blais, Design Gauthier

Mardi 19h
Mercredi au vendredi 20h
Samedi 16h

Rencontre avec l'équipe 20 mars

Une création du Théâtre de l'Affamé


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Critique disponible
            
Critique

Dans la nouvelle production du Théâtre de l’Affamée, Chienne(s), la vie d’une jeune femme bascule le jour de ses trente ans lorsque, terrassée à l’idée de vivre une nouvelle attaque de panique, elle s’enferme dans son appartement, refusant d’en sortir même sous les appels de ses parents et de sa meilleure amie.




Crédit photo : Dominic LaChance

Ce n’est pas si fréquemment qu’on aborde le thème de l’anxiété et des peurs paralysantes autrement que par le personnage névrosé et qui, souvent, prête à rire. En société, bien qu’on en parle de plus en plus, la maladie mentale est par ailleurs encore considérée comme tabou, perçue comme une faiblesse qu’il faut faire disparaître rapidement grâce aux médicaments.

Ce n’est pas si fréquemment que le sujet est porté à la scène avec les bons mots pour nommer les angoisses, surtout féminines, sans les caricaturer ou les tourner au ridicule. Chapeau donc aux auteures Marie-Ève Milot et Marie-Claude St-Laurent, qui ont passé quatre ans à s’informer sur le sujet, en collaboration avec le Centre d’études sur le stress humain. Dans Chienne(s), elles exposent minutieusement la toile de stress continuel et d’appréhensions quotidiennes (réelles ou imaginaires) qui peut finir par engluer une personne au point de ne plus la laisser respirer ou bouger, et certainement pas vivre.

Structuré par un ensemble hétéroclite d’objets du quotidien et de quelques éléments lumineux, l’espace scénique se définit lentement autour du récit, lui-même formé de fragments d’histoire. On reconstitue peu à peu ce qui a mené la jeune femme à se retirer chez elle pour se soustraire à l’anxiété et résister à un monde qui préfère traiter les symptômes de la dépression plutôt que d’en traiter la source. Les séquences plus poétiques donnent un beau souffle à la pièce, qui souffre autrement de certaines longueurs.

La pièce explore d’un même élan les peurs chiennes et les troubles anxieux qui sous-tendent les actions, les paroles ou les silences de personnages gravitant autour de la jeune femme en crise incarnée par Marie-Claude St-Laurent. Ce faisant, le propos s’en trouve néanmoins amoindri, car la multiplication des histoires et des couches dramatiques donne une impression d’éparpillement, surtout sur les près de deux heures que dure la représentation. Les personnages orbitant autour de la jeune femme sont bien définis et leurs interprètes se débrouillent relativement bien, mais leurs angoisses viennent par moments brouiller la réflexion principale. Si les peurs énumérées par la meilleure amie (éviter les ruelles le soir, éviter de sortir tard, ne pas monter seule dans un ascenseur avec des hommes inconnus, relever le numéro de permis du taxi, s’assurer que l’appartement est vide avant d’y entrer, etc.) trouvent tristement écho chez bien des femmes dans le public en donnant un bon aperçu de l’angoisse ordinaire jouant en sourdine de nos vies, on ressent par exemple moins la pertinence des confidences du propriétaire sur son cancer du rectum, ou celle des anecdotes de voyage de la mère.

Injonction à la réussite (à 30 ans, est-il déjà trop tard pour laisser sa marque sur l’histoire?), précarité professionnelle, pression sociale, sécurité financière… les causes de l’anxiété généralisée à laquelle on fait face jour après jour sont nombreuses. Elles pèsent lourdement sur notre santé mentale et physique, mais il y a de l’espoir. Avec un personnage central fort, malgré son immense fragilité, Chienne(s) se penche tout en douceur sur notre rapport à la peur et notre façon de l’affronter.

17-03-2018
 

Salle Jean-Claude Germain, Centre du Théâtre d'Aujourd'hui
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900 - billetterie.theatredaujourdhui.qc.ca

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