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Trois Jours de Casteliers 2013 - en première partie de
Le Cadeau de la cigogne, 8 mars 2013, 18 h 45
EmmaEmma, femme marine
Courte forme
Direction artistique et chorégraphie : Emmanuelle Calvé

Inspirée du conte inuit La femme squelette, cette courte forme relie la danse, l’art de la marionnette et le jeu théâtral. Emmanuelle Calvé établit des rapports inusités entre le mouvement du corps-marionnette et celui de la danse-théâtre, par le biais du conte qui lui permet d’élaborer, à travers la chorégraphie, les grandes questions qui touchent aux cycles naturels vie-mort-vie.

Emmanuelle Calvé a étudié en arts visuels avant de se diriger vers la danse contemporaine à l’Université Concordia. Au fil de ses créations, sa démarche a toujours évolué dans un esprit de collaboration et d’échange avec des artistes de toutes disciplines. La marionnette et le conte occupent une place privilégiée dans sa recherche chorégraphique, qui explore les différents codes de narrativité et les nouveaux liens possibles pour enrichir la danse.


Conseiller à la scénographie : Richard Lacroix
Dessins : Emmanuelle Calvé
Conception et manipulation des marionnettes, interprétation : Emmanuelle Calvé et Jean Cummings
Musique : Silvy Grenier
Éclairage : Karine Gauthier
Autre conseillère : Horta Van Hoye
Interprètes pour la phase 1 des recherches : Marc Béland et Louise Laprade
Technique : danse et techniques mixtes

Durée : 10 minutes

Emmanuelle Calvé (Montréal)


 
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 Critique
Critique

par David Lefebvre

« Elle avait fait quelque chose que son père désapprouvait, mais dont personne ne se souvenait. Toujours est-il que son père l'avait traînée jusqu'à la falaise et précipitée dans la mer. Les poissons avaient mangé sa chair, dévoré ses yeux. Et elle gisait sous les eaux, son squelette ballotté par les courants. »

Voici comment débute La femme squelette, ce conte inuit, rapporté par Clarissa Pinkola Estès dans « Femmes qui courent avec les loups », qui a inspiré Emmanuelle Calvé pour Emma, femme marine. C'est une fable dure, une fable sur l'apprivoisement. Et c'est possiblement ce dernier chemin qu'a emprunté la chorégraphe et metteure en scène pour cette courte forme, présentée en primeur en première partie de Le cadeau de la cigogne. La jeune créatrice avait d'ailleurs parlé de cette pièce lors du café-causerie de l'an dernier ; il est très plaisant de pouvoir enfin assister à ce spectacle à la forme plus définitive que les images en répétition que nous avions pu voir, et y constater les nombreux changements apportés à la production.

C'est sur une scène de fortune, totalement dénudée, que se rencontrent Emma et un morse. L'affection, le jeu et la tendresse sont au rendez-vous : la jeune femme s'amuse avec cet animal imposant (une grande couverture blanche et d'énormes dents près d'une tête plus figurée que réelle reproduisent le mammifère marin - simple, mais réellement efficace) qui peine à se déplacer. L'agilité d'Emma contraste avec les mouvements lents de son nouvel ami, jusqu'à ce qu'il disparaisse, et qu'elle devienne un poisson-lanterne, au long cou blanc laiteux. Le cycle de la vie et de la mort, jumelant le terrestre et le marin.

La danse est au coeur de cette création d'une réelle beauté. On accède ainsi aux différents états d'âme de la jeune femme grâce aux multiples mouvements ; une chorégraphie accessible, poétique et d'une jolie simplicité.

Une courte forme qui pourrait se situer entre deux lignes du conte original, mais qui, par son unique présence, l'embellit et l'enrichit.

08-03-2013