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23 et 25 novembre 2016, 20h, 24 novembre 19h
#PigeonsAffamés
Texte et mise en scène Anne-Marie White
Avec Marc-André Charette, Nicolas Desfossés, Marie-Ève Fortier, Alexandre David Gagnon, Lissa Léger, Jean Philippe Loignon, Micheline Marin et Frédérique Thérien

Empruntant à la culture populaire des références musicales interprétées sur scène telles que Mercy Me de Marvin Gaye et le jingle publicitaire de McDonald’s, #PigeonsAffamés nous fait voyager entre la nostalgie d’une époque où tout était encore possible et la perte de repères de notre monde contemporain. Spoken word, beat-box, cover a cappella, morceaux chorégraphiques, tous ces langages s’entremêlent de façon à mettre en relation l’intime et le public, le collectif et l’individuel, l’immensément grand et l’infiniment petit.


Éclairages Julie Basse
Costumes Geneviève Couture
Voix Jean-Philippe Loignon
Conseils dramaturgiques Jessie Mill
Complice artistiques Louis-Philippe Roy
Chorégraphies Mylène Roy
Photo Marianne Duval

Rencontre-débat avec le public après la représentation du 24 novembre « Réseaux sociaux : entre sociabilité et toxicomanie. »

Plein tarif : 27 $
30 ans et moins, membre de la Fadoq, détenteur d’une carte Accès Montréal : 24 $
65 ans et plus : 24 $
Travailleur culturel, membre de la RAIQ, la FADOQ ou l’AQAD: 22 $
Étudiant : 21 $
Groupe (15 personnes et plus) : 19 $
12 ans et moins : 17 $

Les vendredis soir de représentation, tu dis ton prix!

Sera aussi présenté du 11 au 15 octobre 2016 au Périscope (Québec)

Production Théâtre du Trillium


Section vidéo

    

Aux Écuries
7285, rue Chabot
Billetterie : 514 328-7437

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Critique

Avec #PigeonsAffamés, Anne-Marie White signe un spectacle hétérogène qui propose une critique douce-amère des médias sociaux. Mélangeant le chant, la danse, le spoken word et les jingles publicitaires, elle fait ressortir les travers de notre société.


Crédit photo : Marianne Duval

Si le spectacle est divertissant en soi, ce n’est pas à cause de la force des prises de position sociales et politiques. À force de tourner en dérision certaines situations familières et évocatrices, #PigeonsAffamés reconduit les clichés plutôt que de proposer une véritable réflexion critique. Les tableaux de ce nouveau spectacle n’ont pas la force et l’originalité que l’on retrouvait dans Love is in the birds, précédent projet de White beaucoup plus épuré, qui mettait à contribution la langue colorée d’une douzaine d’auteurs.

Un jeu sur la frontière entre la fiction et la réalité traverse le spectacle. Un des acteurs reçoit un appel alors que le groupe s’apprête à présenter sa réinterprétation de la chanson I can't stop loving you de Ray Charles. En se référant à la cécité du chanteur afro-américain, ilremercie d’ailleurs le public d’avoir acheté un billet pour le spectacle, dont quelques sous sont remis à la fondation Mira. À d’autres moments, ce même interprète se laisse distraire par la lecture de ses textos ou par la consultation de son téléphone. Une autre comédienne rate son entrée et entre en scène en retard. Quoiqu’amusants, ces moments humoristiques font écran aux situations que la pièce cherche à dénoncer.

La mise en scène d’Anne-Marie White comporte toutefois plusieurs belles trouvailles, notamment le choix de confier l’atmosphère sonore de la pièce aux interprètes, qui créent des rythmes entraînants qui mettent une bonne ambiance dans la salle. Le début du spectacle est très réussi sur ce point, alors que les comédiens arrivent par l’arrière de la salle en créant une musique d’abord simple et subtile, puis de plus en plus complexe. Les passages chantés sont d’ailleurs bien rendus par les acteurs, tout comme les répliques prononcées en même temps par plusieurs interprètes. Le caractère «artisanal» de la conception sonore cadrait d’ailleurs mieux avec le spectacle que les beats créés en direct par un DJ qui se joint à la distribution à la fin du spectacle, détournant l’attention sur ses manipulations techniques impressionnantes. #PigeonsAffamés  présente aussi un très beau travail chorégraphique, autant dans les passages entièrement dansés que dans la gestuelle plus subtile intégrée à l’interprétation des acteurs. Les éclairages de Julie Basse – des carrés de lumière projetés sur le sol – redécoupent l’espace en isolant certains interprètes, permettant de mettre en relief la solitude qui ressort de plusieurs des monologues.

Alors que le titre du spectacle laissait présager une pièce revendicatrice et critique, #PigeonsAffamés consiste plutôt en un party festif où, suivant un principe plutôt classique de la comédie, les interprètes imitent les travers de leurs semblables, ou de ceux qui sont plus risibles qu’eux.

27-11-2016


Sous la direction d’Anne-Marie White, les spectacles de cette compagnie cofondatrice de La Nouvelle Scène, lieu commun de diffusion d’une programmation théâtrale de création et de répertoire contemporain, s’adressent depuis 2008 à un public avide de théâtre libre. C’est dans cette veine que la directrice du Théâtre du Trillium nous propose son troisième spectacle pour lequel elle signe à la fois le texte et la mise en scène.


Crédit photo : Marianne Duval

Présenté dans un format de 70 minutes, #PigeonsAffamés est le résultat de trois ans d’exploration et de travail de la metteure en scène, des comédiens et de leurs collaborateurs, axé essentiellement sur la notion du corps en mouvement.

Dès les premières minutes, l’auditoire est entraîné dans l’univers particulier d’Anne-Marie White, où la rythmique occupe une place importante, se manifestant principalement par une succession de courtes chorégraphies plus physiques qu’esthétiques.

Prenant parfois des allures de cabaret, donnant d’autres fois l’impression d’assister à un atelier de création collective, #PigeonsAffamés ne constitue pas vraiment une pièce de théâtre en soi : il s’agit plutôt d’un pot-pourri de performances multidisciplinaires séquentielles et déconnectées les unes des autres, dans lequel se mélangent danse post-moderne, chant a capella et monologues épars, souvent difficiles à suivre.

Malgré quelques bons moments présentant d’abord une annonce chantée de nourriture pour chats, une courte entrevue médiatique décortiquant d’un point de vue sociologique le mot « culpabilité » et un récital de commentaires et de réponses tirées intégralement du site vosquestions.macdonald.ca, le travail corporel reste en premier plan et le texte ne joue qu’un rôle secondaire. Les thèmes de la culpabilité, de l’individualité, du confort américain, du rapport au bonheur et des réseaux sociaux sont notamment suggérés ou abordés en surface, sans plus.

Le décor se limite à un long banc en bois ; l’éclairage joue un rôle essentiel à l’effet recherché par #PigeonsAffamés. Il sert tantôt à créer des espaces clos pour encadrer les performances physiques des comédiens, tantôt à représenter visuellement l’individualité des protagonistes alors que ceux-ci s’expriment tous en même temps, en pleine cacophonie, et crée enfin de belles images, lorsque la lumière vient se heurter aux costumes de couleurs éclatantes portés par les comédiens.

Après une première partie à n’entendre que chant choral et BeatBox, le performeur Jean-Philippe Loignon, créateur de l’univers musical du spectacle, débarque sur scène avec son équipement de DJ et se lance aussitôt dans une improvisation musicale aux répétitions de « I can’t stop loving you », livrées sur un air électro. Les comédiens se joignent graduellement à lui, s’exécutant alors dans une reprise de toutes les chorégraphies effectuées précédemment. Toutefois, celles-ci se regroupent maintenant pour ne faire qu’une seule œuvre à laquelle presque tous les comédiens prennent part. Le mariage entre la chorégraphie de Mylène Roy et la musique de JP Loignon donne enfin un sens aux performances physiques de la dernière heure, ce qui produit un résultat d’une certaine puissance.

Bien qu’il s’agisse d’une expérimentation intéressante, #PigeonsAffamés n’est pas une pièce pouvant convenir à tous les goûts. Ce spectacle constitue une véritable cassure avec le théâtre traditionnel, ce qui semble avoir laissé perplexes plusieurs membres de l’auditoire.

12-10-2016