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Le cri des méduses
Du 20 au 24 mars 2018, 20h, supplémentaire 24 mars 16h

Le cri des méduses, entre fable et allégorie, s’annonce comme une œuvre polymorphe à haute valeur ajoutée : cette chorégraphie enrichie d’art visuel et de vidéo conforte Alan Lake dans sa position d’inclassable. Un choc artistique espéré.

Alan Lake aime à dire qu’il hybride son langage chorégraphique. Il a su créer son propre univers. « J’explore en profondeur l’interrelation entre le corps, l’image filmée, l’installation sculpturale et la matière brute », affirme-t-il. Partant du célèbre tableau Le Radeau de la Méduse de Théodore Géricault, il propose une vision d’une humanité à la dérive. Une danse physique à fleur de peau comme un rituel païen, bousculée par les images d’une scénographie puissante. « Je me considère comme un symboliste », dit encore Alan Lake. À sa manière, il transforme les cauchemars en allégories. Le cri des méduses est un rêve éveillé, une danse de (sur)vie.


Création Alan Lake
Chorégraphie Alan Lake, avec la complicité des interprètes
Interprétation Kimberley de Jong, Jean-Benoit Labrecque, Louis-Elyan Martin, Fabien Piché, David Rancourt, Geneviève Robitaille, Esther Rousseau Morin, Josiane Bernier, Odile-Amélie Peters.


Crédits supplémentaires et autres informations

Musique originale Antoine Berthiaume.
Répétition Annie Gagnon.
Scénographie Alan Lake.
Lumières Bruno Matte.
Direction de production et direction technique Antoine Caron.

Durée 1h10

Tarifs à partir de 30$

Rencontre avec les artistes 20 et 23 mars 2018

Sera présenté à Québec les 4 et 5 avril 2018

Production Alan Lake Factori(e)


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Critique disponible
            
Critique

Trois ans après avoir présenté Ravages, le chorégraphe et artiste visuel Alan Lake est de retour à Montréal pour y présenter Le cri des méduses. Basé dans la ville de Québec, il crée des œuvres qui mélangent le cinéma, les arts visuels et la danse. Cette fois, il s’inspire de l’œuvre romantique Le Radeau de la Méduse, peinte par Théodore Géricault au début du XIXe siècle. On y reconnaît d’ailleurs des allusions au naufrage ayant coûté la vie à plus d’une centaine de personnes en 1816, au large des côtes africaines. Certains mouvements rappellent l’instinct de survie de certains passagers les ayant menés jusqu’au cannibalisme, alors que d’autres témoignent plutôt de la solidarité des naufragés. Dans le contexte actuel, les fresques vivantes qui se meuvent sur scène rappellent aussi la crise des migrants en Méditerranée, ainsi que les effets des changements climatiques sur la planète.

Neuf danseurs et un musicien live évoluent dans l’espace comme les personnages d’une toile exposée dans un musée, donnant l’impression au spectateur qu’ils n’appartiennent pas au même monde. Rares sont les spectacles qui placent un quatrième mur aussi épais entre la scène et la salle tant les danseurs laissent croire au public de ne pas être conscients de sa présence. Les tas de corps avancent parfois d’eux-mêmes, par reptation sur le sol, ou encore en étant tirés par l’un des interprètes. Grâce à des jeux d’équilibre et à l’usage de sangles, certains danseurs arrivent à défier la gravité en exécutant des mouvements suspendus dans les airs et en faisant preuve d’une force physique étonnante. À plusieurs moments, l’un des danseurs se détache de la masse pour reproduire avec une grande souplesse les ondulations des vagues ou pour exécuter un solo incarné. Les éclairages de Karine Gauthier découpent les corps athlétiques des danseurs, alors que la conception musicale d’Antoine Berthiaume donne à la chorégraphie une «organicité» et une profondeur inquiétante. Mais la chorégraphie d’Alan Lake tire sa plus grande force dans le travail plastique des corps, qui se transforment en sculptures vivantes à mesure que la pièce avance. Le spectacle prend la forme d’une succession de tableaux où les corps s’emboîtent, s’empilent, s’attirent ou se repoussent, alliant un côté macabre à une grande beauté et à une forte sensualité. La proximité des corps est très grande, alors que le groupe évoque un immense danger, mais aussi la plus grande chance de survie pour les protagonistes.

Le principal élément scénographique constitue en une structure de bois amovible et rotative sur roulettes à laquelle les danseurs s’accrochent comme à une bouée de sauvetage. Au cours de la représentation, les corps se recouvrent de substances diverses – de l’eau, de la peinture pulvérisée avec un extincteur à incendie ou des matières visqueuses qui rappellent du goudron –, jusqu’à la scène finale où une des interprètes s’immerge complètement dans un bain de peinture dorée. Le cri des méduses fait également l’objet d’un film de vidéodanse ayant débuté durant les répétitions du spectacle, dans un lieu désaffecté de la capitale, qui sera finalisé suite à la série de représentations scéniques en cours. Le spectacle étant fortement pluridisciplinaire, il sera intéressant de voir ce que le cinéma apportera de plus à l’œuvre déjà inspirante de la Alan Lake Factori(e).

23-03-2018
 

Cinquième salle de la Place des Arts
Place des Arts
Billetterie : 514-842-2112 - placedesarts.com

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