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Nikki ne mourra pas
Du 12 au 30 novembre 2019, mardi au samedi 20h

Nikki ne mourra pas est l’histoire d’une adolescente vivant seule avec sa mère qui sombre progressivement dans l’alcoolisme. C’est l’histoire d’un poisson mort. C’est l’histoire d’un oeil de vitre. C’est l’histoire des « cristie » d’écureuils. C’est l’histoire de rosiers qui perdent la tête. C’est un texte où la violence et le sang prennent un visage et un corps féminins. Entre le cauchemar et le rêve, l’adolescente lutte pour survivre.

Trois soeurs, trois artistes, issues des domaines du théâtre, du cirque et de la musique, s’unissent pour raconter une histoire, celle de Nikki. Leur objectif premier est de sortir l’acte de création des disciplines préétablies par les grandes écoles et, ainsi, de créer librement, sans contraintes, en déconstruisant leurs différents bagages pour n’en former qu’un seul en tant que collectif.

Il y a Nikki, il y a la Mère, il y a Christophe, il y a Tommy.
Il y a l’absence du père.
Il y a les mensonges.
Il y a la bienveillance.
Il y a le courage.
Il y a l’orgueil.
Il y a la loyauté.
Il y a beaucoup de toasts aux cretons.


Texte Laura Amar
Mise en scène Florence Amar et Laura Amar
Avec Léa Aubin, Étienne d’Anjou, Érika Gagnon, Vincent Legault


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène Stéphanie Hayes
Conception Claude Amar, Mathieu C. Bernard, Stéphanie Hayes, David Mendoza

Vendredis causerie : Le vendredi 15 novembre, une discussion avec les artistes et Jean-Philippe Chaîné, intervenant (crise et post-crise) au centre PECH, sera proposée aux spectateur(rice)s après la pièce.

TARIFS

Prix du billet à l'unité - frais de service inclus

Prix courant : 28 $ 
30 ans et moins : 21 $  
60 ans et plus : 24 $  

Groupe (12 personnes et plus) :

18 $

Une production Le collectif des Soeurs Amar


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Critique disponible
            
Critique

Nikki ne mourra pas, présenté ces jours-ci à Premier Acte, marque le début du collectif des sœurs Amar, soit Claude (violoniste), Florence (artiste de cirque) et Laura (comédienne et auteure). À trois, elles ont voulu explorer l’impact du comportement d’un parent sur la vie d’une adolescente et les séquelles affectives et sociales – la détresse, la honte - qu’il engendre. Un thème fort dans des mains encore débutantes : alors que le résultat pourrait fortement résonner chez certains, chez d’autres, il ne convainc pas.






Crédit photos : Cath Langlois Photographe

Depuis le suicide de son père, Nikki (Lé Aubin), une jeune femme en pleine crise d’adolescence qui traine un poisson mort dans son sac à dos, doit se débrouiller avec une mère alcoolique (Érika Gagnon) qui sombre doucement dans une dépression apparentée possiblement à une maladie mentale jamais nommée. Elle trouve un certain réconfort chez son meilleur ami Tommy (Vincent Legault) ainsi que dans les bras de Christophe (Étienne D’Anjou), un jeune vidangeur borgne qui lui fait découvrir l’amour.

Le projet, qui a débuté il y a presque 3 ans dans la tête des sœurs Amar, se veut un terrain d’exploration, de partage, de prise de risque. Et c’est tout à leur honneur : les premiers spectacles permettent justement d’expérimenter et de se construire en tant qu’auteur.trice, metteur.e en scène ou concepteur.trice.

Mais la pièce, inégale dans sa structure et sa livraison, souffre (...) du syndrome de la première création :  : Nikki devient, malgré tous les efforts possibles, un fourre-tout, une courtepointe mal agencée.

Mais la pièce, inégale dans sa structure et sa livraison, souffre justement du syndrome de la première création : Nikki devient, malgré tous les efforts possibles, un fourre-tout, une courtepointe mal agencée. On perçoit beaucoup les maladresses, les tentatives infructueuses à installer l’ambiance adéquate. On semble avoir voulu toucher à tous les registres possibles : la métaphore, la fantaisie, le jeu réaliste, la tragédie et la comédie de situation. Tout ceci se côtoie sans un fil dramaturgique précis. On place ici une transition chorégraphiée ; là, une courte scène d’angoisse à la manière de la danse contemporaine. Là encore, on sombre dans le cauchemar glauque, couchée sur un réfrigérateur, alors qu’ensuite on s’amuse dans une voiture sur une musique hip-hop. Prises seules, plusieurs scènes fonctionnent bien : par exemple, les échanges entre Nikki et Christophe, dans une vérité et une touchante vulnérabilité, ou lorsque Nikki raconte à son ami Tommy, dans les toilettes de la piscine de l’école, sa première relation sexuelle. Mais bout à bout, elles créent une certaine incohérence dans le ton, comme si l’on zappait d’une chaine à l’autre, ou comme si l’on avait voulu reproduire théâtralement une certaine bipolarité.

Au fil de la pièce, la vie et les émotions de Nikki se dévoilent petit à petit, faisant mieux comprendre sa situation dans une maisonnée où les mensonges et la peur de ressembler à sa mère semblent omniprésents. Mais les ficelles sont si apparentes qu’il devient difficile de faire fi des défauts de la production, des malaises qui ne fonctionnent pas, ou des moments d’angoisse qui ne se rendent pas jusqu’au public.

Il se passe peu de choses dans la vie des personnages : Nikki ne mourra pas devient une chronique de l’ordinaire, mais un ordinaire dans lequel se terre une souffrance sourde, incompréhensible. Et à moins de vivre une telle situation dans son entourage et de comprendre profondément la détresse que vivent les personnages, il devient difficile d’éprouver une réelle empathie ou de la compassion pour ceux-ci. D’abord pour Nikki, une ado de son époque, au langage plutôt coloré, parfois manquant de vocabulaire, parfois étonnamment riche en allégories, mais qui n’attire pas d’emblée la sympathie. Du côté d’Érika Gagnon, la comédienne aura beau déployer tout son talent, elle semble jouer une partition décalée, qui manque de substance ou de direction. On ne sent pas cette agonie qui l’attire vers les bas-fonds, cet amour malsain envers sa fille qui semble la consumer, que l’on devine de peine et de misère dans le discours de Nikki.

Les personnages masculins, malgré quelques traits plus stéréotypés (l’amoureux protecteur, aussi fragile que fort ; le meilleur ami dans le rôle du comique de service), s’avèrent souvent plus intéressants et deviennent malgré eux les assisses solides du drame qui fait vaciller les protagonistes.

Le décor, conçu par David Mendoza-Hélaine, aux rideaux de plastique, au frigo imposant et au carrelage blanc, est d’emblée froid, clinique, rappelant la boucherie du grand-père ou une salle d’autopsie. Si elle sied plutôt bien aux propos sous-jacents de la pièce, par d’autres moments, la scénographie se fait difficilement oublier, mais heureusement sans trop perturber le déroulement de l’action. La musique de Claude Amar, aidée par Olivier Amyot-Ladouceur à la conception sonore, est aussi à l’image de la pièce. La trame se veut hétéroclite, proposant plusieurs styles différents, de tragique (mélodie jouée avec quelques instruments à cordes) à l’électro, en passant par une partition plus cinématographique qui vient malheureusement trop appuyer les émotions qu’on tente de faire ressentir au public, imposant inutilement un certain pathos, court-circuitant au passage les efforts des comédiens.

Mais le théâtre, c’est le théâtre : un art vivant, un art unique, qui peut toucher un.e spectateur.trice jusqu’à la moelle alors qu’il peut laisser totalement indifférent le voisin de siège. Car malgré tous les défauts qu’on peut lui trouver, le spectacle n’est pas mauvais en soi, et Nikki ne mourra certainement pas.

13-11-2019



Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : 418-694-9656
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