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Festival TransAmériques - Du 6 au 8 juin 2016, 19h
J'aime Hydro
Théâtre
En français
Un spectacle de Porte Parole, Champ gauche
Texte et idéation Christine Beaulieu
Dramaturgie Annabel Soutar
Mise en scène Philippe Cyr
Interprétation Christine Beaulieu, Mathieu Gosselin

Envoyée au front par la compagnie Porte Parole, Christine Beaulieu se fait l’interprète du citoyen dans un feuilleton politique palpitant. Théâtre documentaire exposant les facettes opposées d’un enjeu de société essentiel, J’aime Hydro lance une épineuse et passionnante discussion : qu’est devenue la relation entre Hydro-Québec et les Québécois ?

Avec une certaine candeur et une réelle sincérité, la comédienne nous révèle les résultats de sa vaste enquête de terrain : entrevues avec de nombreux groupes citoyens, visites de barrages, audiences publiques, rencontres avec de hauts dirigeants de la société d’État. Entre les groupes de pression et les chargés de communication, elle fait dialoguer des camps souvent braqués, convaincue de la nécessité de réfléchir ensemble sur l’avenir de l’hydro-électricité au Québec. Ce théâtre de la vérité plonge directement au cœur du réel, dans le ventre de la turbine, grâce à une artiste courageuse, profondément engagée, qui n’hésite pas à se rendre sur les fronts les plus à vif de notre collectivité. Urgent.

Christine Beaulieu (Montréal)

Comédienne inspirée et inspirante, Christine Beaulieu a plongé dans l’univers du théâtre documentaire de belle façon puisqu’elle incarnait l’alter ego de l’auteure Annabel Soutar dans la pièce Seeds/Grains (FTA, 2012) qui traitait de la cause du fermier Schmeiser contre Monsanto.

Depuis quelques années, elle est présente au cinéma (Le mirage, Ceci n’est pas un polar, La mise à l’aveugle). Au théâtre, elle privilégie nettement les créations ; on l’a vue récemment dans Selfie au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui ainsi que dans le collage autour des textes de Nelly Arcan, La fureur de ce que je pense, au Théâtre ESPACE GO en 2013. Elle a fondé cette année sa propre compagnie Champ gauche.

Compagnie bilingue de théâtre documentaire, Porte Parole est fondée en 2000 par l’auteure Annabel Soutar en collaboration avec le comédien Alex Ivanovici. Chaque pièce s’inspire de témoignages réels, traite d’importants enjeux de société tout en proposant une réflexion citoyenne entre les artistes et le public. Montréal la blanche présente la communauté algérienne de Montréal tandis que Sexy béton expose les conséquences de l’effondrement d’un viaduc à Laval. Le partage des eaux, qui traite de la politique de l’eau au Canada, est à l’affiche aux Jeux panaméricains de Toronto ainsi qu’à l’Usine C en 2015. Plus récemment, à la Licorne en 2016, Fredy aborde la délicate affaire Fredy Villanueva et son impact social. Soulignant son engagement citoyen et artistique, le Globe and Mail inclut Annabel Soutar dans sa liste des artistes qui se sont illustrés durant l’année 2015.


Section vidéo


Conception sonore et interprétation Mathieu Doyon
Environnement sonore et podcast Frédéric Auger
Illustrations Mathilde Corbeil
Vidéo Thomas Payette, Gonzalo Soldi
Lumières Erwann Bernard
Scénographie Odile Gamache
Costumes Julie Breton
Assistance à la mise en scène et régie Mariflore Véronneau
Assistance à l’environnement sonore et au podcast David Blouin
Photo Alexi Hobbs

Durée : 2 h

Tarif 34 $ à 40 $

7 juin, rencontre après la représentation

TERRAINS DE JEU

Films

Chercher le courant

Mardi 7 juin, 12 h, QG du Festival

Les réalisateurs parcourent en canot les 500 km de la rivière Romaine avant la construction de quatre barrages par Hydro-Québec. Accompagnés de Roy Dupuis, ils évaluent la rentabilité des énergies renouvelables en interviewant des experts à travers le Québec.

Canada, Nicolas Boisclair + Alexis de Gheldere, 2010, 1 h 25, v.o. fr.

1:30 p.m. / Discussion en présence de Olivier D. Asselin + Christine Beaulieu + Nicolas Boisclair + Annabel Soutar


Films

Pipelines, pouvoir et démocratie

Dimanche 29 mai, 17 h, Cinémathèque québécoise

Face aux dangers écologiques de l’exploitation des sables bitumineux, Olivier D. Asselin dresse un portrait du militantisme québécois. Des rangs de l’Assemblée nationale aux organisations environnementalistes infiltrant les tribunes médiatiques, l’espoir de changer les choses résiste.

Canada, Olivier D. Asselin, 2015, 1 h 35, v. o. fr.

Création au FTA, Montréal, le 6 juin 2016

Coproduction Festival TransAmériques

porteparole.org


FTACentre du Théâtre d'Aujourd'hui
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : En ligne : fta.ca
Par téléphone 514 844 3822 / 1 866 984 3822
En personne :
La Vitrine, billetterie officielle du FTA* - 2, rue Sainte-Catherine Est (métro Saint-Laurent)
*En personne, les billets pour les spectacles présentés à la Place des Arts ne sont pas en vente à La Vitrine, mais exclusivement à la PDA.

 
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Critique

L'ignorance dévoilée

Peut-être avez-vous déjà entendu parler du documentaire Chercher le courant, de Nicolas Boisclair et Alexis de Gheldere (2010, gratuit sur tou.tv), à propos du harnachement de la rivière Romaine. Saviez-vous qu'Hydro-Québec est divisée en plusieurs filières (production, distribution, etc.), et que parmi elles, certaines ne sont pas soumises à la Régie de l'énergie? Bienvenue à J'aime Hydro, un docu-théâtre qui part du point zéro pour enquêter sur l'étrange dynamique de la société publique et tout ce qui l'entoure.

Christine Beaulieu s'est fait confier l'immense tâche «d'enquêter» sur Hydro-Québec, et, plus largement, sur la raison pour la laquelle le Québec continue de construire des barrages hydro-électriques alors que la province produit déjà plus d'énergie que nécessaire. C'est à la demande de la directrice de la compagnie Porte-Parole, Annabel Soutar, qui produit J'aime Hydro, que Beaulieu s'est lancée dans l'aventure, sans aucune expérience d'enquêteuse, et une ignorance flagrante en la matière, qu'elle assume complètement, et probablement comme la majorité des citoyens et des citoyennes du Québec.

Nous partons donc avec elle à la rencontre des différents acteurs de cette grande enquête, tous incarnés sur la scène par Mathieu Gosselin, qui interagit pendant les trois heures de la pièce (qui sont en fait l'enregistrement sonore de trois épisodes de podcasts) avec la comédienne, qui joue son propre rôle.

Raconté avec transparence, candeur et humour, le processus créatif de J'aime Hydro, en plus d'être très éducatif et informatif, se révèle être vraiment un objet original. Agrémentée des dessins interactifs de la très talentueuse Mathilde Corbeil, afin de vulgariser données, processus complexes et chiffres, J'aime Hydro est un réel questionnement sur la notion de «Maîtres chez nous», et sur l'éveil d'une conscience environnementale et politique que la plupart des Québécois et Québécoises n'ont pas, emportés par le flot de la vie. La pièce est également parsemée d'extraits de toutes sortes, des passages cinématographiques et artistiques de la comédienne, des extraits de films documentaires, d'allocution de politiciens, comme Parizeau et Lévesque et de questions posées par la comédienne lors de diverses audiences publiques. J'aime Hydro porte son nom sans ironie et sans deuxième degré. On comprend, à travers la quête de Beaulieu, que celle-ci cherche vraiment à comprendre comment se sont brisés le lien de confiance avec le peuple et le sentiment de fierté qu'a un jour inspiré Hydro, signe, à l'époque, d'une véritable prise en charge nationale de notre électricité, une idée qui était innovante et moins polluante que toute autre forme d'énergie.

Le travail de Beaulieu, à tous les égards, autant dans la recherche que dans la narration très personnelle de son histoire à travers son enquête, est remarquable. La mise en scène minimaliste de Philippe Cyr permet au spectateur de rester complètement concentré sur le son et le visuel, pièces maîtresses de J'aime Hydro, et créant un environnement tout à fait propice à écouter l'histoire. Aidée par la dramaturgie d'Annabel Soutar et l'essentielle conception sonore de Mathieu Doyen, complexifiée par l'enregistrement des podcasts (baladodiffusion), la comédienne réussit véritablement à nous entraîner avec elle dans cette aventure de néophytes, découvrant avec effarement le système capitaliste et néolibéral dans lequel nous vivons, et qui justifie des aberrations, comme celles de vendre nos ressources à des intérêts privés, et de détruire notre environnement sans vergogne.

J'aime Hydro est composée de cinq épisodes d'une heure, qui seront disponibles sous forme de baladodiffusions au cours de l'automne sur un site web leur étant dédié. La pièce est également présentée ce soir et demain au Centre du Théâtre d'Aujourd'hui. À l’instar de Grains et Sexy Béton de la compagnie Porte-Parole, parions qu’on pourra en voir une autre mouture d’ici 2017.

07-06-2016