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Festival TransAmériques - 1er au 3 juin 2016, 21h
Con grazia
Danse + Performance
Un spectacle de 14 lieux, Lorganisme
Idéation Martin Messier
Mise en scène, création et interprétation Martin Messier, Anne Thériault

Maîtres dans l’art de faire voir les sons, virtuoses touche-à-tout, les orfèvres du geste Martin Messier et Anne Thériault sont les détonateurs vivants d’un opus sous tension dédié à la démolition des objets. Dans Con grazia, ils sonnent le glas de la matière. Dans l’ombre de cette destruction méticuleuse et performative, des machines grondent, prêtes à exécuter le chaos.

Musique du fracas. Les marteleurs s’appliquent à la tâche suivant une partition précise. Volent en éclats des objets choisis pour leur harmonie sphérique. Une série de flashs hallucinés s’additionnent : le gant, la massue, le geste. Les mains pensent et frappent. Manipulées par les performeurs, les sources de lumière impriment de petits miracles sur la rétine. Les lampes caressent ce que la destruction libère de beauté. Messier et Thériault pulvérisent avec grâce et torturent le fruit mûr dans une hécatombe musicale et rythmique intensément sensorielle. Une ode inquiétante à l’agonie du monde matériel.

Martin Messier (Montréal)

Sensible aux accidents de la matière, Martin Messier repousse les limites de la musique électroacoustique en conviant sur scène les objets quotidiens. Il les choisit pour leur potentiel à être manipulés, rendant visible ce que l’oreille entend.

En 2010, il crée Sewing Machine Orchestra, pour huit machines à coudre Singer, pièce qu’il tourne mondialement sous forme de spectacle ou d’installation. Dans Projectors (2014), ce sont des projecteurs 8 mm qu’il manipule avec précision. Les projets chorégraphiques apportent une expansion à son univers sonore et musical de sorte que la lumière et les corps font partie de son langage de compositeur inclassable. Outre sa collaboration avec Anne Thériault dans l’inquiétant et subtil Derrière le rideau, il fait peut-être nuit (FTA, 2011), il crée Hit and Fall (FTA, 2011) et Soak (2012) avec Caroline Laurin-Beaucage. Les pièces de cet artiste ingénieux et prolifique sont présentées dans une vingtaine de pays et récoltent de nombreux prix et distinctions.

Anne Thériault (Montréal)

Dans sa pratique chorégraphique, Anne Thériault sculpte les clairs-obscurs avec un minimalisme du geste.

Sa collaboration avec Martin Messier, amorcée en 2009 pour La physique, exacerbe l’ambiance sonore, souvent inquiétante, de l’œuvre. Interprète de ses propres pièces, elle nourrit une recherche kinesthésique de l’intérieur, au plus près des choses, et partage une vaste palette sensorielle avec les spectateurs. Complice de nombreuses aventures collectives, elle collabore au Cabaret Gravel (2011, 2015) et à La nuit de la marmotte (2013). Interprète d’exception, elle danse notamment pour Dave St-Pierre, Danièle Desnoyers, Nicolas Cantin et Jean-Sébastien Lourdais ainsi que pour Marie Brassard dans La fureur de ce que je pense (2013).


Section vidéo


Lumières Martin Messier, Anne Thériault
Musique Martin Messier
Conception visuelle Thomas Payette
Robotique Louis Tschreiber
Œil extérieur Patrick Lamothe
Photo Martin Messier

Durée : 1 h

Tarif 25 $ à 30 $

2 juin, rencontre après la représentation

Création au FTA, Montréal, le 1 juin 2016

Coproduction Festival TransAmériques
Résidences de création Circuit-Est Centre chorégraphique, Théâtre Hector-Charland (L’Assomption)
Ce spectacle s’inscrit dans le Printemps numérique 2016 de Montréal.

14lieux.com
lorganisme.com


FTAEspace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : En ligne : fta.ca
Par téléphone 514 844 3822 / 1 866 984 3822
En personne :
La Vitrine, billetterie officielle du FTA* - 2, rue Sainte-Catherine Est (métro Saint-Laurent)
*En personne, les billets pour les spectacles présentés à la Place des Arts ne sont pas en vente à La Vitrine, mais exclusivement à la PDA.

 
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Critique

C'est exactement pour ce type de spectacles que l'on aime tant le FTA. Pour voir des formes autres que le théâtre pur et dur, des objets inusités, des disciplines différentes, comme c’est le cas pour Con Grazia.

Le travail de Martin Messier (Sewing Machine Orchestra, Soak) est mondialement prisé et récompensé, mais plutôt méconnu ici. Et pourtant. Quel spectacle incroyable, original et étonnamment émouvant, malgré qu'on n'y entend aucune parole, et que les personnages ne sont véritablement que des objets inanimés.


En répétition - crédit photo : Sandr

Con Grazia, interprété par Messier et Anne Thériault, c'est la destruction d'une multitude d'objets à coup de marteau (ampoules, melon d'eau, tomates, ballons…), une séance de percussion sur des coussins mous, des images en gros plans filmées en direct d'une tomate qui se fait écraser, une chorégraphie de quatre bras mécaniques et des tasses qui dansent au son de vibrations, le tout accompagné de musique électronique et de réverbérations des objets eux-mêmes. Aucune parole, aucun personnage humain ; toute la place est laissée aux objets, manipulés avec une grande précision et selon une partition respectée à la lettre, en accord parfait avec la lumière, les sons et le visuel.

Incroyable qu'un spectacle comme celui-ci puisse nous transporter dans un registre aussi rempli d'émotions. Le pouvoir de susciter, chez le spectateur, autant d'interprétations différentes de ses présentations est assurément l’une des plus grandes forces du travail de cet artiste accompli et qui sort de la norme. Si certains y ont vu une histoire relevant du conte et d'un univers fantastique se rapprochant d'Alice au pays des merveilles, d'autres ont plutôt ressenti la violence du monde et la gravité de certaines situations de la vie, indescriptibles, mais perceptibles.

Con Grazia mérite grandement d'être vu, parce que si difficile à décrire, d'où toute son originalité. Il s'agit d'un spectacle que l'on ressent, au plus profond de nous-mêmes, beaucoup plus que l'on observe et qu'on comprend. Empruntant au domaine des arts visuels et pratiquement à l'ingénierie, avec une installation technique des plus complexes, mais parfaitement harmonisée avec la manipulation des objets, Con Grazia nous transporte vraiment ailleurs. Cette performance, car il s'agit vraiment de cela, sort le public de sa zone de confort en présentant une forme totalement méconnue du théâtre, celle de l'expérimentation pure, du rapport aux objets et aux émotions qu'ils peuvent susciter quand des humaines les mettent en scène.

02-06-2016