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Festival TransAmériques - 28-29-30 mai 2015, 20h
Hyperterrestres
Danse + Création
Un spectacle de Par B.L.eux
Chorégraphie et interprétation Benoît Lachambre, Fabrice Ramalingom

Le maître de la métamorphose Benoît Lachambre prend l’affiche du Festival pour la sixième fois et nous balade entre hyperréalisme et science-fiction avec le fabuleux alchimiste français Fabrice Ramalingom. Un duo charnel et vibratoire qui nous saisit par les sens pour ouvrir toujours davantage les frontières de la danse et nous brancher sur la fréquence des mystères de la vie en mouvement. 

Sous l’épaisse peau d’une matrice baignée de lumière, on les distingue à peine, mais on les sent. Jumeaux d’une espèce inconnue luttant pour voir le jour. Amants portés par la vague brûlante d’une étreinte amoureuse. Corps liquides entre flottaison et éruption. Leur souffle rauque ratisse l’épiderme. Leurs voix fusionnent en sublimes harmoniques. Le son, les sensations sont le canal qui nous relie à ces Hyperterrestres. Et quand le voile se lève sur leur habitat et leurs conversations animées, on éprouve le curieux sentiment d’accéder à une part secrète de notre humanité. Une fantasmagorie planante.

Benoît Lachambre, l’énergie et les sens pour matière chorégraphique
Prônant une danse où priment les états de corps, la présence et l’authenticité du geste, le Québécois Benoît Lachambre a développé une pratique fondée sur l’hyper éveil des sens et le travail énergétique. Avec sa compagnie Par B.L.eux, fondée en 1996, il a cocréé une vingtaine d’œuvres, dont Lugares comunes, dans laquelle dansait Fabrice Ramalingom. Entre 100 rencontres (2005) et Snakeskins (2014), où il était aussi accompagné par Hahn Rowe, le compositeur-interprète d’Hyperterrestres, Lachambre est venu trois autres fois au FTA. Ayant également signé plus de 25 commandes, il a vu sa carrière couronnée par le Grand Prix de la danse de Montréal (2013) eta remporté le Prix du CALQ de la meilleure œuvre chorégraphique 2014 avec Prismes

Fabrice Ramalingom, décloisonner les territoires des arts et du corps
Originaire d’Avignon et artiste régulièrement associé à divers lieux de diffusion français, Fabrice Ramalingom est établi à Montpellier. Il y a amorcé sa carrière de danseur dans les années 1980 et participé activement au développement de la formation en danse ainsi qu’à la transmission du patrimoine chorégraphique de l’emblématique et regretté Dominique Bagouet. C’est aussi là qu’il a cofondé une première compagnie, qu’il s’est associé à d’autres créateurs pour monter et diriger un lieu alternatif de création-production transdisciplinaire, et qu’il a créé la compagnie R.A.M.a en 2006. Ses œuvres impliquent divers moyens d’expression, des collaborateurs d’horizons variés et explorent les zones de tensions entre humanité et animalité, présence et absence, individualité et communauté. Hyperterrestres marque sa première cocréation avec Benoît Lachambre. 


Section vidéo


Composition et performance musicale Hahn Rowe
Scénographie Emmanuelle Debeusscher
Lumières Maryse Gautier
Costumes Alexandra Bertaut 
Rédaction Fabienne Cabado

Création au Festival TransAmériques, Montréal, le 28 mai 2015

Durée : 1h15

Tarif régulier : 45$
30 ans et moins : 38$
65 ans et plus : 32$
Taxes et frais de services inclus

En parallèle
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 29 mai

Production déléguée (France) R.A.M.a
Coproduction Festival TransAmériques, Festival Montpellier Danse, CDC Uzès Danse dans le cadre de la résidence 2012-2015 R.A.M.A, Musée de la Danse - Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne, Centre chorégraphique national de Franche-Comté à Belfort, La Ménagerie de Verre (Paris)
Avec le soutien de Usine C dans le cadre de Programme d'artistes en résidence de création
Présentation avec le soutien de Institut Français, Consulat général de France à Québec en collaboration avec Fugues, Usine C 


FTAUsine C
1345, avenue Lalonde
Billetterie : FTA - 514-844-3822 / 1-866-984-3822
Quartier général FTA : 300, boul. de Maisonneuve Est

 
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 Critique
Critique

par Pascale St-Onge


Crédit photo : Emilie Renck

On pourrait dire facilement que Benoît Lachambre est un chouchou du Festival TransAmériques. Y présentant notamment, deux fois plutôt qu’une, son désormais célèbre Snakeskins, le chorégraphe-interprète d’ici n’est plus à présenter ; il s’agit certainement de l’une des figures incontournables de la danse au Québec. Pour Hyperterrestres, il collabore avec le Français Fabrice Ramalingom pour créer un duo énigmatique et un spectacle à la limite de la science-fiction.

Tout comme pour Snakeskins, la scénographie semble être le point de départ de l’ensemble de la proposition, sans cette fois en être le centre. Une grande toile mobile, disposée de façon à rappeler une vague, cache puis dévoile les interprètes ainsi qu’un mobilier minimaliste. Grâce à celle-ci, il est possible de créer de tout nouveaux espaces et de changer notre regard sur l’ensemble de la chorégraphie ; elle intervient dans notre perception des corps dans cet espace. La toute première partie est un réel éloge à la lenteur, imprégné de mystère : dans la pénombre, derrière la toile, la silhouette mouvante et presque imperceptible des deux hommes. Le tableau dure un bon moment, permettant ainsi au public de s’accoutumer et d’accepter le monde étrange dans lequel il s’apprête à entrer. Lorsque les deux danseurs sont dévoilés, nous les découvrons dans des costumes aux inspirations futuristes, tentant de communiquer. Le duo a fait appel à Hahn Rowe, compositeur également dans Snakeskins, afin de créer l’univers sonore manipulé en direct. Celui-ci intervient parfois avec les deux danseurs, mais sa relation avec eux n’étant pas définie, ses interactions ne font que nuire au noyau de la chorégraphie qui est déjà peu clair.

S’inspirant du serpent dans sa dernière création, Benoît Lachambre avoue cette fois avoir été inspiré par une expérience avec des dauphins. L’animalité est omniprésente dans la chorégraphie, les danseurs sont des bêtes sans nom qui s’apprivoisent grâce aux corps et aux sons. Instinctivement, cette phrase d’Aristote nous revient en tête : « L’homme est un animal social. » Les modes d’expression des danseurs rappellent également certains exercices de création abordés par les dadaïstes et les surréalistes, donnant un ton certainement étrange, mais visiblement désiré, à l’ensemble de la proposition.

Jusqu’ici, tout va bien, le public, malgré la lenteur et la longueur des tableaux, accepte de suivre les danseurs dans cet univers aux allures quelque peu extraterrestre. Cependant, Benoît Lachambre lui-même vient briser tout ce qu’il a créé sur scène en sortant de la peau de la bête et en s’adressant au public, lui livrant un discours confus sur les réalités multiples et la nature de la fiction. Tout ce qui suivra cette interruption aura des allures de film de science-fiction, superflu et inutile, en allant même jusqu’à faire une démonstration inintéressante d’un décollage de vaisseau spatial. Soudainement, nous avons l’impression de ne plus être dans le même spectacle et la qualité de l’ensemble chute drastiquement. Lors de la première, au moment des saluts, la division dans la salle était palpable ; Hyperterrestres n’est pas un spectacle qui fait l’unanimité.

28-05-2015