Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
L'Effet Hyde
Musée de la civilisation, Québec
16 novembre 2019, 13h

Aux Écuries
18, 19 et 20 février 2020, 20h ; 22 février, 16h ;
21 février, 20h30 (programme double *)

Abusant d’une potion qui lui permet de se dédoubler, le bon Dr Jekyll vit librement son côté sombre et dépravé jusqu’à ce qu’il soit assailli par des questions d’ordre moral et psychologique. Les manifestations météorologiques de son inconscient – subtilement mises en lumière par le masque, la marionnette et le théâtre d’ombres – inquiètent ses observateurs.


Texte Francis Monty, d’après L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mister Hide de Robert Louis Stevenson
Mise en scène Marcelle Hudon et Francis Monty
Avec Bernard Falaise, Louis Hudon, Marcelle Hudon et Francis Monty


Crédits supplémentaires et autres informations

Musique : Bernard Falaise
Collaboration à la création : Louis Hudon
Assistance à la mise en scène : Marie-Claude D’orazio
Collaboration à la mise en scène : Olivier Ducas
Stage à la mise en scène : Joanie Fortin
Conception des costumes et conseils scénographiques : Julie Vallée-Léger
Conception des lumières : Thomas Godefroid
Direction de production et technique : Clémence Doray
Acteurs lors des étapes de recherche : Étienne Blanchette et Anne Lalancette
Affiche Francis Gélinas

TARIF MUSÉE DE LA CIVILISATION
Régulier 20$
Abonné 15$
17 ans et moins 13$

TARIFS AUX ÉCURIES
Régulier : 28$
Réduit* : 25$
* Travailleur culturel | 30 ans et moins | 60 ans et plus | Membre du réseau FADOQ, du RAIQ, ou de l’AQM | Détenteur de la carte Accès Montréal (preuve justificative demandée).
Étudiant et voisin** : 22$
** Résidents de Montréal dont le code postal commence par H2E ou H2R.
16 ans et moins : 15$
Groupe de 10 personnes et plus : 19$/personne | Billet offert à la personne accompagnatrice
PROMOTIONS
Vendredi dis-ton-prix : Rendez-vous dès 18 h à la billetterie et déterminez vous-même le prix de votre billet si vous venez assister à une représentation du vendredi.
3 spectacles/45$ : Profitez de 40% de rabais sur le prix régulier grâce à cette promotion.
Sortez en famille : Si vous êtes un adulte accompagné d’un jeune de moins de 16 ans, payez seulement 15$ par billet.
Étudiant 22$ : en tout temps sur présentation d’une carte d’étudiant valide.

21 février 19h : en première partie : CONTES ZEN DU POTAGER

Dans Contes zen du potager, les héros sont des moines ou des samouraïs; un légume, un fruit ou une petite douceur leur sert de corps, révélant leur caractère. Composé tel un recueil de courtes formes et de haïkus, chaque intervention des manipulateurs se veut aussi assurée et minimale que le geste du calligraphe ou du cuisinier japonais, aussi rituelle que l’art du thé, aussi amusante et inventive que le permet l’art de l’objet!

Créée en 2018 par Olivier Ducas et Karine St-Arnaud, Contes zen du potager est basée sur des contes traditionnels zen. La création a déjà été présentée dans trois festivals au Canada : Marionnettes plein la rue, Micro-festival de marionnettes inachevées, ainsi qu’au festival international de marionnettes de Casteliers à Montréal en mars 2019.

Texte : Olivier Ducas, à partir de contes zen traditionnels
Distribution : Olivier Ducas et Karine St-Arnaud
Production : Théâtre de la Pire Espèce

CRITIQUE

(publiée lors de la présentation de la pièce à Casteliers 2019)

Par David Lefebvre

Après avoir été présenté sous forme de chantier au festival Marionnettes plein la rue! à Montréal et au Micro-festival de marionnettes inachevées à Trois-Rivières, Contes zen du potager se dévoilait pour la première fois en version longue vendredi dernier aux nombreux festivaliers de Casteliers. Et force est d’admettre que cette nouvelle création du Théâtre de la Pire Espèce était impatiemment attendue des admirateurs et admiratrice de la compagnie. La jauge était largement dépassée et la balustrade du Théâtre Outremont explosait littéralement de spectateurs avides d’en savoir plus sur ce nouveau projet.

L’auteur français Henri Brunel écrivait en 2003 : « L‘humour est un des moyens préférés des maîtres zen pour bousculer les idées reçues. » Il donnait en exemple ce questionnement entre élève et maître : « Qu’est-ce que le Bouddha ? – Attends qu’il y en ait un, et je te le dirai. » Ce côté comico-philosophique que l’on retrouve souvent au cœur de petites histoires asiatiques ont capté l’attention d’Olivier Ducas, qui a désiré les adapter pour la scène. Cette création de type théâtre d’objets initie le public à ces historiettes aux leçons de vie bien particulières (ou les lui font redécouvrir), et redéfinit, de manière ludique pour les Occidentaux que nous sommes, le zen, bien loin du marketing du confort nord-américain dont les réseaux sociaux nous gavent sous forme de mème.

Par l’entremise de moines, samouraïs, ronin et autres nonnes, la pièce aborde les thèmes de la pleine conscience, de l’éveil, du présent. Et quoi de mieux pour représenter tous ces personnages que… des fruits et des légumes. Le Théâtre de la Pire Espèce renoue ainsi, lors de sa 20e année d’existence, avec ses racines, soit le théâtre de cuisine. Qu’il est charmant de voir les co-concepteurs et acteurs Karine St-Arnaud et Olivier Ducas manipuler (pour cette version), avec une précision exceptionnelle, oignon, œuf, radis melon d’eau et autres chou rouge pour incarner tous les personnages. Les deux comparses, à l’énergie comique habituellement débordante, doivent aussi marcher dans « le désert aride du zen » pour porter ce spectacle dans sa plénitude. Prendre le temps d’écouter l’eau qui coule dans un petit bassin, ne précipiter aucun geste (comme le demandait, par exemple, Ubu sur la table – en manipulant une théière, Ducas fait d’ailleurs un savoureux clin d’œil à cette production), bref, être « activement contemplatif ».

Déclinés en saisons, les quatre actes proposent deux ou trois contes chacun ; si certains gestes ou rituels peuvent s’avérer un brin répétitif pour certains, comme cette eau que l’on verse à chaque début de nouvelle saison et le bruit de la pluie qu’on reproduit en manipulant l’anneau d’une canette, ces moments plus méditatifs créent un mantra, des moments d’apaisement en écho aux récits mille fois fignolés par les deux comparses. Si quelques petits incidents ont teinté cette première mondiale, St-Arnaud et Ducas ont su savamment les récupérer à leur avantage.

« Le chemin de vie (…) est encore long, sur la difficile voie du zen » peut-on lire dans la préface du livre Journal d’un apprenti moine zen, de Satô Giei. Mais avec une superbe préparation et un talent de nombreuses fois prouvé sur scène, Karine St-Arnaud et Olivier Ducas ne proposent rien de moins qu’un – déjà – solide spectacle qui s’inscrira fièrement dans la théâtrographie de la compagnie montréalaise.

09-03-2019

Production Théâtre de la Pire Espèce et Marcelle Hudon


______________________________________
Critique disponible
            
Critique

autre critique disponible de L'Effet Hyde, publiée dans le cadre du Festival de Casteliers 2018
autre critique disponible de Contes zen du potager, publiée dans le cadre du Festival de Casteliers 2019

C'était programme double au Théâtre Aux Écuries vendredi soir dernier, 21 février 2020, avec deux récentes créations du Théâtre de la Pire Espèce : Contes zen du potager et L'effet Hyde, deux productions diamétralement opposées! Là où l'une tend vers la plénitude et la détente, l'autre nous immerge dans un esprit troublé.

Contes zen du potager




Crédit photo 1 : Patrick Agirakis, 2 : Emilie Grosset

La soirée s'est entamée avec les très doux Contes zen du potager, livrés tout en humour par Olivier Ducas et Karine St-Arnaud, qui cosignent la production. Créé en 2019, le spectacle prend racine dans des contes traditionnels tibétains, adaptés à la sauce Pire Espèce. Le théâtre d'objets donne naissance à une foule de personnages, souvent pince-sans-rire, et trace les contours de paysages saisonniers.

Contes zen du potager regorgent de trouvailles surprenantes dont La Pire Espèce a le secret. Les objets disparates s'assemblent soudainement pour faire surgir des visages et des paysages grâce à la manipulation très précise de Ducas et St-Arnaud.

Contes zen du potager regorgent de trouvailles surprenantes dont La Pire Espèce a le secret.

Quelques accessoires de cuisine et aliments (légumes, noix, choux, oeufs, paniers, couteaux...) se transforment en personnages de contes. Moines, samouraïs, bandits de grand chemin, apprentis : ils ont tous quelque chose à nous transmettre. Que ce soit le moine à l'oranger qui mange quand il a faim et dort quand il a sommeil ou le moine en quête de plénitude qui découvre que ce ne sont pas les bruits et les mouvements qui nous dérangent, mais la façon dont nous les accueillons.

La difficile voie du zen nous est transmise de belle façon au fil d'une succession de petits contes et de leurs enseignements. Même si, parfois on est, comme les jeunes moines, déboussolé par ceux-ci, on cède malgré tout à l'invitation à la contemplation. Du printemps à l'hiver, les changements de saison sont marqués par de subtils ajouts au décor minimaliste : le petit étang du jardin zen, par exemple, se couvre de glace l'hiver venu, du fromage râpé fait neiger sur le jardin, des enveloppes de cerises de terre froissées font crépiter les flammes d'un feu, et le bruit métallique de la languette d'une canette résonne comme la chute de gouttes de pluie.

Teintée par le passage du temps et notre quête continuelle de sérénité, la production de La Pire Espèce a la beauté simple et de peu de mots du haïku. Elle fait doucement rire, mais elle distille aussi plusieurs pépites de philosophie zen, à déguster quelle que soit la saison!

L’effet Hyde






Crédit photo 1 : Patrick Agirakis, 2 : Emilie Grosset

La soirée s'est poursuivie avec L'Effet Hyde. Disons qu'on ne pouvait pas basculer dans un univers plus différent! Avec L'effet Hyde, on plonge en effet dans une autre sorte de contemplation. Des jardins zen, on passe aux rues glauques des quartiers pauvres de Londres; du serein, on passe à l'inquiétant...
L'esthétique gothique du spectaclecharme cependant dès les premières minutes. Musique et ambiance sonore (réalisées en direct par Bernard Falaise), ombres et silhouettes forment un tableau victorien à frissonner de délice. Pour un peu, on verrait la brume envahir le décor et on entendrait les claquements solitaires des sabots sur les pavés londoniens.

Dans son roman L'étrange cas du Dr Jekyll et Mr Hyde , écrit en 1886, R.L. Stevenson soulève la question de la dualité de l'âme humaine, qui balance constamment entre le bien et le mal. Dans le récit, le Dr Jekyll parvient, en consommant diverses décoctions de sa composition, à séparer sa bonne âme de sa mauvaise âme, avant de finir par en perdre le contrôle.

La production de La Pire Espèce, très dense il faut l'admettre, prend le parti de s'immerger dans l'inconscient de ses personnages pour mieux fouiller le mystère de la transformation de Jekyll.

Gros contrat que d'adapter cette oeuvre classique puisqu'elle penche beaucoup plus du côté du portrait psychologique que de l'action, malgré les exactions terribles de Mr Hyde. Loin de contourner le défi que pose une narration très verbeuse, Francis Monty, qui signe le texte, et Marcelle Hudon, avec qui il cosigne la mise en scène, allient différents médiums théâtraux pour ficeler le récit en 10 chapitres. La narration (bien servie par Louis Hudon) se découpe autour de la lecture du journal du bon Dr Jekyll, et du témoignage inquiet de son ami, le notaire Hutterson.

La production de La Pire Espèce, très dense il faut l'admettre, prend le parti de s'immerger dans l'inconscient de ses personnages pour mieux fouiller le mystère de la transformation de Jekyll. Les mots traînent, se fragmentent, plongent dans des silences d'encre, nous entraînent dans les réflexions du docteur et de son ami notaire. Il en résulte un objet théâtral insolite qui navigue entre différents niveaux de conscience, celle des personnages, mais aussi la nôtre. On a par moments l'impression de doucement couler dans une épaisse torpeur, accompagné par les éclairages sombres qui baignent la scène.

Il y a quelque chose du délire fiévreux ou hypnotique dans L'effet Hyde. Grâce à la combinaison de la musique, de la narration, des masques et des décors, le spectacle s'enfonce comme dans les brumes d'un rêve, d'impressions fugaces et de tours joués par notre esprit. L'effort conscient du spectateur pour rester accroché au récit est récompensé par un heureux assemblage de surprises visuelles et sonores. La ville de Londres se recompose par fragments, la porte obsédante de la maison de Hyde rappelle les livres d'histoire en trois dimensions, le corps déformé de Hyde surgit du néant lorsque les comédiens enfilent son masque, le Dr Jekyll au visage de craie n'est quant à lui qu'une marionnette frêle et désarticulée...

Difficile cependant de dire ce qu'on retiendra du songe tant la production, d'une durée d'une heure quarante-cinq, est chargée et complexe. On retiendra sûrement la maîtrise de différents langages scéniques, et l'impression persistante d'être à son tour habité par une part d'ombre qui ne demande qu'à s'affranchir...
23-02-2020
Musée de la civilisation, Auditorium Roland-Arpin
85 Rue Dalhousie
Billetterie : 418-643-2158


Aux Écuries
7285, rue Chabot
Billetterie : 514 328-7437

Facebook Twitter Youtube Instagram

Dates antérieures (entre autres)

Du 6 au 24 mars 2018 - Aux Écuries