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3-4-5 décembre 2014
PhèdrePhèdre
Textes Racine, Ovide, Sénèque, Dante, Jérémie Niel
Conception et mise en scène Jérémie Niel
Avec Marie Brassard, Benoit Lachambre, Emmanuel Schwartz, Mani Soleymanlou

Jérémie Niel, l’un des jeunes metteurs en scène montréalais à la signature distinctive, explore le mythe de Phèdre et en revisite les thèmes qui sont encore d’une impitoyable contemporanéité.

C’est l’histoire de la passion dévorante que voue Phèdre, épouse du roi thésée, à son beau-fils Hippolyte. Le trio transpire le désir, la culpabilité et la colère, dans un huis clos crépusculaire. Grâce à un dispositif sonore amplifiant les sons, le plateau tremble sous les soupirs et les cris qui rythment les mots puisés dans les textes de Sénèque, ovide, Racine et Dante. Marie Brassard, Benoît Lachambre, Emmanuel Schwartz et Mani Soleymanlou incarnent cette tragédie ancestrale où raison et passion mènent une lutte sanglante.

Cette adaptation parle aussi d’aujourd’hui, de notre monde soi-disant laïc, de nos vaines quêtes du sacré et de la morale, qui pèsent toujours autant.

Au sein de sa compagnie Pétrus, Jérémie Niel déploie des univers sensoriels où la dilatation du temps, la matière sonore et le silence nourrissent la beauté comme la cruauté des textes.


Section vidéo


Dramaturgie Jessie Mill
Musique et conception sonore Tomas Furey
Conception des capsules sonores Mathieu Beaudin
Bruitage des capsules sonores Nicolas Gagnon
Mixage des capsules sonores Cory Rizos
Lumière Erwann Bernard
Scénographie Jasmine Catudal
Assistanat à la scénographie Patrice Charbonneau-Brunelle
Vidéo Jérémie Battaglia
Costumes Renata Morales
Soutien aux costumes Madelene Veber
Couturière Ana Luisa Rodriguez
Fabrication du mannequin Vladimir Cara
Soutien à la production Mariflore Véronneau
Direction technique Caroline Turcot
Sonorisation et régie son JL Lavoie
Photo Julie Artacho

Régulier 32$ / Ainés 28$ / Réduit 24$

Production Pétrus Coproduction Festival TransAmériques et Théâtre Français Du Centre National Des Arts Présentation Usine C


Usine C
1345, avenue Lalonde
Billetterie: (514) 521-4493

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 Critique
Critique

par Caroline Poliquin


Crédit photo : Alexandre Bellefeuille

Phèdre, cette tragédie en cinq actes de Jean Racine, se penche sur les différents conflits nés de l’amour impossible entre Phèdre, seconde épouse de Thésée, et son beau-fils Hippolyte. Ce classique de la tragédie française a été réinterprété par le metteur en scène Jérémie Niel, à qui l’on doit Cendres et La concordance des temps, en mêlant au texte de Racine des extraits d’Ovide, de Sénèque et de Dante.

La scénographie est sobre, composée d’une fontaine, d’un sol recouvert de galets en avant-scène, d’un tabouret, de quelques livres et d’un écran projetant des images de vagues. La mise en scène, plutôt dynamique, utilise bien l’espace de la salle de l’Usine C. Les costumes conçus par Renata Morales sont très détaillés, mélangeant les styles de différentes époques et utilisant plusieurs matières, du cuir rouge aux paillettes.

Marie Brassard parvient à nous transmettre la détresse de Phèdre avec justesse. Son jeu est réaliste et sincère et fait oublier l’alexandrin de Jean Racine parfois ardu pour l’oreille moderne. Malheureusement, ses collègues ne suscitent pas autant l’émotion. Benoît Lachambre, dans la peau du roi Thésée, est de glace durant la majorité de la pièce et la tristesse qu’il éprouve soudainement suite à la mort de son fils parait déplacée. Emmanuel Schwartz nous propose un Hippolyte caricatural ; son jeu exagéré tourne parfois au ridicule et manque de crédibilité. Mani Soleymanlou interprète quant à lui un membre du public forcé d’aller sur scène. Il illustre l’impuissance du public devant les événements qui accablent les personnages. Observateur la plupart du temps, il semble ne pas avoir de direction claire : son malaise se transmet même aux spectateurs.

La conception sonore de Tomas Furey et les bruitages de Nicolas Gagnon sont impressionnants. D’abord, un enregistrement audio s’adresse aux spectateurs, les prévenant de ce qui les attend avant chaque intervention des personnages. Puis, les moments les plus tragiques de la pièce sont représentés par la bande sonore : la mort d’Hippolyte est particulièrement réaliste et glauque, donnant froid dans le dos. Les enregistrements donnent beaucoup de profondeur à la pièce, tantôt en nous guidant, tantôt en nous prenant par les tripes.

L’intégration d’un personnage représentant le public est intéressante, mais l’idée n’est pas exploitée à son plein potentiel. La pièce, passablement hermétique, rend difficile la sympathie envers les drames des différents personnages. Bien que les émotions qu’insuffle Racine par Phèdre soient intemporelles, elles semblent ici figées dans le temps et atteignent difficilement les spectateurs. 

07-12-2014