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28 février, 4, 5, 6, 7 mars 2015
GravelCabaret Gravel
Concept et direction Frédérick Gravel en collaboration avec ses artistes
Avec entre autres :  Dear Criminals, Quatuor Molinari, Philippe Boutin, Stephane Boucher, Marilyn Castonguay, Dany Desjardins, Clara Furey, Catherine Gaudet, Fred Lambert, Etienne Lepage, Brianna Lombardo, Brigitte Poupart, Anne Thériault, Andrew Turner

Le Cabaret Gravel envahit l’Usine C avec les complices de la nouvelle vague d’artistes québécois, musiciens, chanteurs, danseurs et comédiens. Les disciplines se confrontent dans un événement rock performatif, décomplexé, entre concert et chorégraphie.

Depuis ses créations Usually Beauty Fails, Gravel Works et Tout se pète la gueule, chérie, qui ont conquis les publics nord-américain et européen, on connaît le goût de Frédérick Gravel pour les formes éclatées et hybrides. Cabaret Gravel se réinvente à l’Usine C avec des invités-surprises qui apportent sur scène leur personnalité et leur univers. Le tout forme une succession de tableaux où dérision et bonne humeur débordent avec bonheur.

Artiste multidisciplinaire totalement irrévérencieux, Frédérick Gravel défriche un autre chemin et décortique le processus artistique pour le spectateur complice. Chorégraphe, danseur, musicien, éclairagiste, il bouscule les structures de l’art chorégraphique et y intègre divers éléments liés au rock et à la performance. Assumant une véritable transversalité culturelle et disciplinaire, ses productions sont créées en collaboration étroite avec les membres du Grouped’ArtGravelArtGroup (GAG), un collectif à géométrie variable de danseurs et musiciens. Il fut également le chorégraphe du spectacle Mutantès de Pierre Lapointe, mis en scène par Claude Poissant.


Musique Grouped'artgravelartgroup et invités
Photo Francis Ducharme

Régulier 32$ / Ainés 28$ / Réduit 24$

Coproduction et présentation Usine C


Usine C
1345, avenue Lalonde
Billetterie: (514) 521-4493

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 Critique
Critique

par Pascale St-Onge

CABARET GRAVEL : Qui se ressemble, s’assemble.

Après une première édition qui avait bien fait parler d’elle il y a trois ans au Lion d’Or, Frédéric Gravel fait à nouveau appel à des amis et collègues des arts de la scène pour recréer l’expérience du Cabaret Gravel. La forme « cabaret », très festive et décousue en soi, est privilégiée pour offrir une plateforme d’essai à ses participants, un regard très global sur ce qui se fait en danse à Montréal.

Gravel, ayant une affection particulière pour le rock et la performance, vient teinter l’ensemble du cabaret avec des moments plus théâtraux, de vidéos inquiétantes pendant l’entrée du public et la présence d’un houseband (énergique et polyvalent Stéphane Boucher à sa tête) et d’artistes invités (Dear Criminals, groupe électro-folk montréalais, pour le soir qui nous concerne, ainsi que le Quatuor Molinari). Bar ouvert dans la salle tout au long du spectacle, le public est invité à déambuler ; toutes les mesures sont prises pour faire de cet événement un gros party. Seulement, l’ambiance n’atteint pas ce niveau, peut-être en raison de la faiblesse de l’animation assurée par Gravel lui-même, peu à l’aise dans ce rôle.

S’enfilent donc, sans fil conducteur apparent, des numéros plus ou moins complets ou en chantier créés par Catherine Gaudet, Brigitte Poupart et Étienne Lepage, pour ne nommer qu’une partie des participants. La grande majorité des numéros attirent l’œil, grâce à un sentiment d’étrangeté souvent instauré par les créateurs, ou encore grâce au grand charisme et magnétisme des interprètes (pensons notamment à Clara Furey, l’une des fortes présences de la soirée). Malgré l’aspect hétéroclite du cabaret, certaines thématiques semblent partagées par ce groupe d’artistes qui collaborent à certaines reprises : la culture populaire et la question du genre sont les plus évidentes.

Dans les moments réussis, on peut relever le seul numéro où Gravel lui-même danse, avec Clara Furey, sur la musique live de Dear Criminals (rappelant sans aucun doute le magnifique double vidéoclip du groupe, Crave et Petite Mort, justement chorégraphié par Catherine Gaudet, interprété par Francis Ducharme et Clara Furey). Le numéro tente de renverser les rôles dans un jeu de séduction entre fauve et nymphe, créant tensions et jeux de pouvoir qui nous hypnotisent ; le temps s’est suspendu dans la grande salle de l’Usine C. Mention spéciale à Dany Desjardins, qui s’est réapproprié la nouvelle tendance en danse dans la culture populaire, le twerk, pour en faire un numéro explosif et disjoncté, où une fois de plus, la question du genre est transparente. Néanmoins, certains numéros sont plus faibles ou, encore, sont mal intégrés au spectacle, tel que le premier texte d’Étienne Lepage mettant en scène Guillaume Boutin dans la peau d’un Darth Vader des plus vulgaires qui détonnait beaucoup trop du reste du spectacle pour qu’on puisse l’apprécier.

Pour le public, le Cabaret Gravel est une chance unique de découvrir l’une des branches du milieu de la danse à Montréal. Pour les néophytes, la courte durée et la diversité des numéros qui constituent le cabaret en font la forme idéale pour s’initier à la danse et aux arts performatifs contemporains. Une belle initiative dont le retour est tout de même fort apprécié.

09-03-2015