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27-28-29 mars 2014, 20h
So BlueSo Blue
Concept et chorégraphie Louise Lecavalier
Création et interprétation Louise Lecavalier, Frédéric Tavernini

Après le doublé Children et A Few Minutes of Lock présenté à l’Usine C en 2011, Louise Lecavalier fait un retour fracassant avec So Blue, une nouvelle création sous haute tension.

Sur la musique viscérale de Mercan Dede, entre tradition ottomane et modernité occidentale, Louise Lecavalier et son partenaire, Frédéric Tavernini, se mettent en jeu dans cette œuvre radicale, brute et troublante. Vif comme la pensée, le corps dicte ici ses lois et transgresse ses limites, devenant « art vivant ».

En s’inspirant de gestes simples et quotidiens, et par un travail de répétition ou de décomposition, les deux interprètes déploient tous les états du corps. Corps animal. Corps sauvage. Corps en transe. Corps souffle. Corps lumière. Et surtout, corps éminemment libre, qui rejoint les limbes de l’abandon et laisse apparaître « le tumulte d’une âme bleu atomique ». Avec So Blue, nous retrouvons la présence scénique unique de Louise Lecavalier, ce corps transcendant le temps sans perdre sa puissance de frappe et d’évocation qui a fait sa renommée internationale.

Danseuse emblématique de La La La Human Steps pendant près de deux décennies, Louise Lecavalier a marqué la compagnie par son énergie débordante, immortalisée dans les spectacles Human Sex, New Demons, Infante et 2. Aujourd’hui, à travers sa propre compagnie, Fou glorieux, elle multiplie les collaborations d’envergure avec Tedd Robinson (Lula and the Sailor et Cobalt rouge), Benoît Lachambre (“I” Is Memory et Is You Me) ou Crystal Pite (Lone Epic) .


Section vidéo

    

Assistante à la chorégraphie et répétitrice France Bruyère
Conception lumières Alain Lortie
Musique Mercan Dede
Musique additionnelle Normand-Pierre Bilodeau, Daft Punk, Meiko Kaji Remixage Normand-Pierre Bilodeau, Philippe Dupeyroux
Conception costumes Yso
Crédit photo André Cornellier

Régulier 40$ / Ainés 37$ / Réduit 30$
Durée 55 min

Production Fou glorieux en coproduction avec tanzhaus nrw, Théâtre de la Ville, Hellerau, Centre national des Arts, Festival TransAmériques
Résidence de création Szene Salzbourg
Présentation Usine C


Usine C
1345, avenue Lalonde
Billetterie: (514) 521-4493

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Dates antérieures (entre autres)

6-7 juin 2013, FTA

 
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 Critique
Critique

par Sara Fauteux


Crédit photo : André Cornellier

So blue, parce que le bleu est la couleur de l’âme, la couleur de ces états insupportables et magnifiques qui nous gardent vivants. La chorégraphie de Louise Lecavalier est faite à la fois de ses états divins et de l’élan des gestes simples, presque banals, de notre existence. Dans le programme du spectacle, elle nous parle de l’insoutenable légèreté de l’être… Insoutenable, la cadence de So blue l’est,  l’énergie de Lecavalier irradiante et sa chorégraphie, porteuse d’une pulsion de vie essentielle.

Louise Lecavalier est reconnue pour sa rapidité légendaire et ses prouesses techniques qui ont marqué le monde de la danse contemporaine. Ici encore, elle donne vie au mouvement, lui accorde toute la place. La force brute qui se dégage de l'interprète est révélée par le contrôle et la discipline. Ou serait-ce plutôt l’inverse?

La danseuse, qui a été la muse d’Edouard Lock durant plus de vingt pour la troupe La La La Human Steps, ouvre la pièce avec une performance solo absolument enlevante. Dès le premier instant, elle s’abandonne de manière saisissante à la vitesse folle de la trame électronique aux élans de transe orientale de Marcan Dede, un musicien DJ et producteur montréalais d’origine turque. La musique de Dede est excellente et absolument envoûtante (mais où mix-t-il donc?). Si cette transe musicale vertigineuse ne s’apaise qu’à quelques moments, elle ne dépasse pas un seul instant l’interprète qui maitrise jusqu’à la plus petite vibration de ce beat irrésistible.

À la fois aérienne et d’une puissance incroyable, Louise Lecavalier amorce un parcours fou à travers l’espace nu, simplement marqué de quelques lignes définies par les éclairages d’Alain Lortie. Entre le tremblement et l’ondulation, elle développe un vocabulaire qui fait autant appel au yoga qu’au hip-hop. À l’avant-scène, à jardin, on a placé un ventilateur, un deuxième t-shirt, une paire de bas : c’est son repère dirait-on, un lieu de recueillement  intérieur avant de s’élancer dans la transe. 

Le danseur Frederic Tavernini, qui se joint à Lecavalier en deuxième partie, constitue un parfait contrepoint à l’énergie inclassable de Louise Lecavalier.  On retrouve la même solidité, la même intensité chez l’un et chez l’autre, mais où Lecavalier bondit, Tavernini s’ancre plutôt. De cet interprète, issu du classique et passé à la création contemporaine notamment auprès de Dave St-Pierre, se dégage une certaine nonchalance, un détachement hautement charismatique. Dans les meilleurs moments du spectacle, les deux danseurs se retrouvent sur un terrain commun, sublimement au sommet de leur art.

À n’en pas douter, c’est à un grand moment de danse que nous convie Louise Lecavalier avec cette toute première chorégraphie. Il n’y a plus qu’à attendre qu’elle récidive.

31-03-2014



par Geneviève Germain (FTA 2013)


Crédit photo : André Cornellier

Si ce n’était de son impressionnante virtuosité, on ne saurait deviner que Louise Lecavalier a passé le cap de la cinquantaine. Dans son interprétation de So Blue, sa première chorégraphie officielle, la muse d’Édouard Lock et ancienne danseuse étoile de La La La Human Steps nous rappelle pourquoi elle s’est hissée au statut d’icône de la danse contemporaine québécoise et internationale. Démesurément rapide, précise et énergique, elle habite la scène de façon magistrale.

Au son de la musique de Mercan Dede, on ne sait plus si Louise Lecavalier vibre en suivant les nombreuses percussions de la trame ou si c’est elle qui dicte le rythme, tant elle le transcende. Usant chaque fibre de son corps, elle démontre toute sa puissance avec une fougue qui nous fige dans nos sièges : on guette ses prochains mouvements, ses prochains pas. Son anatomie pulse en suivant un dessein qui nous est inconnu. Même dans les moments où la musique s’arrête, son souffle continue de battre le tempo. En équilibre sur ses bras et sa tête, les pieds en hauteur, elle demeure en contrôle pendant de longues minutes, dévoilant son abdomen qui respire amplement, un rare instant de lenteur qui pourtant captive tout autant.

Sur la scène dénudée, son solo fascine. L’éclairage demeure simple et cède la place à tout le talent de l’artiste. Découlant de longues heures d’improvisation, son interprétation est sentie et poignante, sa concentration est constante.

La deuxième partie de la présentation met en scène son duo avec le danseur français Frédéric Tavernini où les mouvements vigoureux de la danseuse contrastent avec ceux plus souples de son partenaire. Alors qu’ils s’accompagnent sans se toucher, on demeure dans l’attente d’un réel contact entre les deux, on suit leur progression. Quand enfin leurs corps se heurtent, leur duo/duel devient absolument enlevant. Leur rapidité d’exécution étonne et leur complémentarité fascine. Lui est grand et agile, elle est petite et vive. Ensemble, leurs mouvements s’additionnent pour créer une équation exponentielle. Les bras de l’un soulignent les élans de l’autre. Leurs roulades, tirées et poussées sont franches et semblent infinies. Chacun offre son soutien à l’autre alors qu’ils semblent s’appuyer tout en se confrontant.

L’ovation interminable du public à la fin de la présentation confirme que le talent de Louise Lecavalier ne vieillit pas. La danseuse réussit toujours à éclairer la scène par son charisme et sa grande maîtrise de la danse contemporaine.  

07-06-2013