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Du 30 octobre au 9 novembre 2013
Le paradisLe paradis à la fin de vos jours
Texte Michel Tremblay
Mise en scène Frédéric Blanchette
Avec Rita Lafontaine

Du haut de son ciel, Nana n’a rien perdu de sa bonhommie et de sa verve légendaire! Assise au milieu des siens, dans un paradis qui ne ressemble pas du tout à ce qu’on lui avait fait miroiter, elle retourne dans ses souvenirs, les plus beaux comme les plus éprouvants, et nous raconte des bribes de sa vie. Avec une lucidité désarmante et un humour parfois mordant, elle réfléchit à haute voix et elle attend toujours, bien installée sur son nuage depuis 45 ans, que le Bon Dieu se montre le bout du nez…  

Une œuvre qui s’écoute comme un conte et qui nous plonge au cœur de l’univers de Tremblay. Succès populaire à sa création au Théâtre du Rideau Vert en août 2008, ce spectacle solo a été écrit par Michel Tremblay afin de souligner les 40 ans de la création des Belles-Soeurs. Une pièce marquante pour la dramaturgie canadienne de langue française et dont le seul personnage est directement inspirée de Rhéauna Rathier, la mère du romancier et dramaturge. 


Décors et accessoires Olivier Landreville
Costumes François Barbeau
Éclairages André Rioux
Musique originale Yves Morin
Visuel de l’affiche : Les Évadés
Photo : Alain Desjean

Rencontre avec les artistes et artisans après la représentation du
jeudi 7 novembre 2013

Production Théâtre du Rideau Vert


Rideau Vert
4664, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-844-1793

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Dates antérieures

Rideau Vert
Du 12 août au 6 septembre 2008
Supplémentaires 9-10-11 septembre, 20h, 13 sept. 16h - 20h30
Du 11 au 29 août 2009
24 janvier 2010, Salle Pauline-Julien

 
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 Critique
Critique

par Marie-Julie Desrochers (2008)

À l'occasion des 40 ans des Belles-Soeurs, Michel Tremblay offre à un son public un hommage magnifique, tendre salut adressé à son oeuvre et à sa mère, représentée comme toujours par Nana et incarnée une fois de plus par une Rita Lafontaine entière, touchante et spectaculaire. Malgré le propos central de la pièce, qui expose la vision désenchantée portée par Nana sur le paradis après qu'elle y ait passé 45 années et la circonstance de sa création – le double hommage, la pièce est à mille lieues d'une oeuvre nostalgique et passéiste.

Le monologue, qui dure un peu moins d'une heure vingt, porte incontestablement la signature de Michel Tremblay. Il s'agit d'un morceau (considérable) à ajouter au puzzle sans cesse grandissant de son oeuvre, morceau qui s'imbrique des les histoires déjà existantes, reprenant des mythes déjà décrits ailleurs, revenant sur des moments ayant déjà fait l'objet de récits. Le paradis, comme Les belles-soeurs, mais aussi tout ce qui se dresse entre ces deux morceaux, est un texte complètement ancré dans une situation historique, mais en même temps définitivement moderne, révélateur de réalités québécoises actuelles.

Le monologue posthume écrit d'un seul souffle par Tremblay, semble-t-il, prend parfois presque des allures de stand-up comique : les gags se suivent et Nana, bonne vivante, rieuse, se délecte des rires du public. Ce rire qui fuse de la salle à tout moment, si important pour Nana et sa mère, est toujours tendre - les réflexions de Nana, à la fois si naïves et si lucides, émeuvent. C'est d'ailleurs sur ce paradoxe opposant naïveté et lucidité que repose toute la délicatesse du propos : la critique acerbe des pouvoirs que s'octroyait la religion et ses représentants (l'humiliation des familles trop pauvres pour payer la dîme, le ridicule des béni-oui-oui se trouvant dans chaque bonne famille chrétienne) ne parviennent toujours pas à retirer à Nana ce puissant désir de croire (et de craindre) en un Dieu encore plus haut, plus Ailleurs, qui continuerait de veiller sur elle, malgré qu'il ne se soit toujours pas présenté après 45 ans au paradis.

Le paradis à la fin de vos jours est plus-que-joué par Rita Lafontaine, il est raconté, dans la pure tradition du conte québécois. La langue orale, les gestes précis et évocateurs, l'habileté démontrée par Rita Lafontaine à remplir la scène (magnifiquement jonchée, selon la mise en scène de Frédéric Blanchette, de chaises vides identifiées au nom des autres membres de la famille élargie décédés) par ses mots et l'évocation des images colorées de Tremblay en font une véritable série de contes urbains d'antan aux échos étrangement actuels.

19-08-2008