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Du 14 mars au 1er avril 2017
La cloche de verre
Texte Sylvia Plath
Mise en scène et adaptation Solène Paré
Avec Marie-Josée Samson, Marie-Pier Labrecque

Été 1953. Esther Greenwood, 19 ans, a tout pour réussir et on lui prédit un avenir heureux. Lauréate d’un grand concours littéraire, elle se retrouve à New York avec une cohorte de jeunes écrivaines de son âge. Ponctué par les réceptions futiles et les déceptions, le passage d’Esther dans la grande ville marquera le début de sa mutation intérieure. Dans un monde où le désir des femmes est con- damné, Esther est divisée entre le puissant besoin d’écrire, de s’émanciper et celui tout aussi fort de se supprimer.

Sylvia Plath, l’une des plus grandes écrivaines américaines du 20e siècle, nous présente, à travers ce Hamlet moderne, une période des plus sombres de son existence.


Section vidéo


Éclairages Pauline Schwab
Décor et conception des costumes Xavier Mary
Son Antonin Gougeon
Dramaturgie Suzie Bastien
Photo Dominik Langlois

Durée 1h

Tarif Scène principale
Régulier : 35 $
Senior (65 ans et +) : 28 $
30 ans et - :  26 $
Dans la solitude des champs de coton 38 $

Tarif Salle intime
Régulier : 28 $
Senior (65 ans et +) : 25 $
30 ans et - :  23 $

Tous les prix incluent les taxes.
Aucun frais de service pour l’achat de billets au guichet
Commande en ligne et téléphonique : 3$ de frais de service par billet.

Horaire scène principale :
Mardi, jeudi, vendredi à 20h
Mercredi à 19h
Samedi à 16h

Horaire salle intime :
Mardi, jeudi, vendredi à 20h15
Mercredi à 19h15
Samedi à 16h15

Production Théâtre de l'Embrasure


Salle intime du Théâtre Prospero
1371, rue Ontario est
Billetterie : 514-526-6582

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Critique

En janvier 1963, l’auteure américaine Sylvia Plath publiait La cloche de détresse, un roman dans lequel Esther Greenwood, double autofictionnel de l’auteure, raconte ses débuts d’écrivaine, son profond désir d’émancipation et l’omniprésente pulsion de mort qui la ronge. Publié à peine un mois avant le suicide de Plath, La cloche de détresse constitue un témoignage dangereusement lucide de la difficulté de s’épanouir comme femme intellectuelle dans les années 1950. Jusqu’au 1er avril, le Prospero présente une adaptation du roman de Sylvia Plath sous le titre La cloche de verre, dans une mise en scène de Solène Paré, nouvellement diplômée de l’École nationale de théâtre du Canada.


Crédit photo : Antonin Gougeon

Plutôt que de confier la parole à une seule comédienne – comme l’avait fait Brigitte Haentjens en 2004 lorsqu’elle avait dirigé Céline Bonnier dans cette même pièce – Solène Paré choisit de fractionner la figure d’Esther Greenwood en deux entités. Ce procédé permet d’accentuer la froideur du regard que le personnage porte sur elle-même et les multiples évocations de l’impression d’étrangeté qu’elle ressent lorsqu’elle croise son reflet dans le miroir. Les comédiennes Marie-Pier Labrecque et Marie-Josée Samson se partagent donc l’interprétation de la narratrice, en plus de celle des personnages secondaires de l’histoire. Cette interpénétration de différentes voix au sein des deux corps des actrices rappelle par ailleurs le spectre de la maladie mentale qui traverse le roman de Sylvia Plath. Toutefois, le redécoupage du texte par Paré atténue cette dimension de l’œuvre pour la faire ressortir davantage dans la scénographie et le jeu des comédiennes, notamment grâce à l’éclairage au néon qui apparaît vers la fin de la pièce qui rappelle celui d’un hôpital, ainsi qu’au contenant de cachets que les comédiennes manipulent tout au long du spectacle.

L’importance de La cloche de détresse tient en partie de la lucidité des questionnements du personnage sur sa condition de femme et d’écrivaine. Les deux monologues qui débutent et terminent la pièce sont d’ailleurs de bonnes illustrations de la force du roman à cet égard. Le dépouillement de la scénographie et de l’éclairage – deux ampoules nues suspendues au plafond –, semblait également laisser toute la place à ces réflexions. Or, l’adaptation de Solène Paré se concentre plutôt autour des quelques nœuds narratifs du roman comme la fascination que le personnage d’Esther éprouve pour la facilité avec laquelle son amie Doreen multiplie les conquêtes amoureuses, ou encore le manque de soutien de la mère d’Esther pour ses aspirations d’écrivaine. Ce choix finit par aplanir le texte de Plath plutôt que d’en faire ressortir la richesse. De même, l’interprétation de Marie-Pier Labrecque et de Marie-Josée Samson manque de contraste. Les deux actrices rendent très bien compte de la froideur du personnage, mais peu de la révolte qui bouille en elle. Paradoxalement, en faisant preuve d’une maîtrise exemplaire dans la déclamation de leur texte, elles en viennent à court-circuiter la charge émotive du texte de Plath, pourtant omniprésente dans le roman.

Avec sa mise en scène de La cloche de verre,Solène Paré a le mérite d’avoir risqué une proposition audacieuse qui aurait pu permettre au public de poser un regard neuf sur l’œuvre de Plath. Or, en évitant d’aborder de front la profondeur des questionnements de l’auteure, la metteure en scène passe à côté de ce qui fait de ce roman un des symboles des écritures au féminin.

16-03-2017