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Du 26 avril au 14 mai 2016, 20h, mercredi à 19 h, samedi 16h + Supplémentaires 14-15 mai
Trainspotting
Adaptation du roman d’Irvine Welsh par Harry Gibson
Traduction : Wajdi Mouawad et Martin Bowman
Mise en scène : Marie-Hélène Gendreau
Avec Charles-Étienne Beaulne, Claude Breton-Potvin, Jean-Pierre Cloutier, Lucien Ratio et un autre comédien

« J’ai honte d’être Écossais, on est des criss de ratés dans un pays de ratés. J’reproche pas aux Anglais de nous avoir colonisés. J’haïs pas les Anglais. C’est des mange-marde. On a été colonisés par des mange-marde. […] On est gouvernés par des trous du cul pourris du câlisse. Pis tu sais-tu qu’est-ce que ça fait de nous ça ? Ça fait de nous des minables ! Les plus minables des minables. […] J’haïs pas les Anglais. Ils font c’qu’ils peuvent avec ce qu’y’ont. C’est les Écossais que j’haïs. C’est nous que j’haïs. » (extrait) —— Au chômage comme la plupart des jeunes Écossais de sa génération, Mark Renton traîne dans la banlieue d’Édimbourg avec ses amis du secondaire, Sick Boy, Begbie, Tommy et Alisson. Pour tromper leur ennui, ils consomment de la drogue, sauf Tommy, qui vit une autre forme de dépendance. —— Trainspotting, c’est l’odyssée d’un groupe d’amis, unis par un amour fraternel, qui pose un regard lucide sur leur déchéance et leur condition de drogués. Ce texte extravagant met en lumière de façon sensible ce qui peut pousser un humain à vouloir anesthésier sa vie pour la rendre plus supportable.


Assistance à la mise en scène : Caroline Martin
Décor : Jean-François Labbé
Costumes : Karine Mecteau-Bouchard
Lumières : Hubert Gagnon
Musique : Uberko
Images vidéo : Jean-Philippe Côté
Visuel Andrienne Surprenant et Philip Larouche

Tarifs
Au guichet : régulier 33 $, aîné 26 $, 30 ans et - et membres 24 $, groupes (15 personnes +) 18,50 $, étudiant en théâtre 16 $
Par téléphone et en ligne : régulier 35,50 $, aîné 28,50 $, 30 ans et - et membres 26,50 $, groupes (15 personnes +) 18,50 $, étudiant en théâtre 18,50 $
Jeudi 2 pour 1 : Remise des billets en personne au guichet du théâtre de 18 h 30 à 19 h 15. S’applique sur le tarif régulier et aux spectacles présentés sur la scène principale. En quantité limitée.

Les rendez-vous du mercredi : 4 mai

Coproduction Projet UN et Théâtre 1ère AVENUE. En collaboration avec le Théâtre de la Bordée


Théâtre Prospero
1371, rue Ontario est
Billetterie : 514-526-6582

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Dates antérieures (entre autres)

Du 27 octobre au 21 novembre 2015 - La Bordée (Québec)

 
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Critique

autre critique disponible lors de la création de la pièce à Québec à l'automne 2015


Crédit photo : Pierre-Marc Laliberté

Quand une œuvre remporte un succès phénoménal et qu’elle marque toute une génération, l’adaptation vers un autre médium s’avère souvent délicate. Quand l’adaptation elle-même devient l’objet d’un véritable culte et qu’elle est à nouveau adaptée, les attentes sont si élevées que la production a tout intérêt à être à la hauteur si elle ne veut pas que la déception soit proportionnelle aux expectatives. Heureusement, la pièce Trainspotting, présentée au théâtre Prospero jusqu’au 14 mai 2016, relève ce défi avec brio !

D’abord sous forme de roman publié en 1993 par Irvin Welsh, puis adapté au cinéma en 1996 dans une réalisation de Danny Boyle, Trainspotting est l’histoire d’une bande de jeunes Écossais marginaux, désillusionnés par rapport à leur pays en pleine dépression économique, qui passe le temps en consommant à peu près tout ce qui leur tombe sous la main.

Wajdi Mouawad signe la traduction québécoise de ce chef-d’œuvre en s’inspirant de l’adaptation théâtrale d’Harry Gibson. L’utilisation du joual crée un écho intéressant au slang écossais, qui renvoie immédiatement au langage de la rue. Les jurons et les expressions québécoises dépaysent un peu le récit en donnant parfois  l’impression d’être à Montréal plutôt qu’à Édimbourg. Toutefois, cela demeure un détail plutôt négligeable puisqu’au fond,  l’histoire de ces jeunes accros à l’héroïne qui tentent de s’en sortir ou qui replongent pourrait bien être universelle.

La scénographie de Jean-François Labbé, mise en valeur grâce aux éclairages d’Hubert Gagnon, recrée un univers entier, grandiose, complet et crade. On y reconnaît immédiatement certains éléments-clefs du film, tel que les rails de chemin de fer, le vieux matelas de la « Mère supérieure » ou la célèbre « pire toilette d‘Écosse ». Des panneaux métalliques, échafauds, grillages et accessoires suffisent à recréer une multitude de lieux sans lourds changements de décor. Les lumières électrisantes d’une nuit de fête passée dehors alternent avec la lumière du jour filtrant à travers les stores du reclus, permettant le passage de l’extérieur à l’intérieur et de la nuit au jour.

La performance des acteurs est impressionnante ; on reconnaît bien l’essence des personnages mythiques portés sur grand écran, sans toutefois tomber dans leur bête copie platonique. Le jeu est crédible, tant dans l’extase ultime qu’engendre le fix que dans l’horreur de la perte d’un enfant ou la folie que provoque la désillusion totale.

Évidemment, la réalité du théâtre n’étant pas celle du cinéma, ou de la littérature, la pièce ne peut reprendre tous les éléments du film, ou même du livre, ce qui pourrait décevoir, a priori, les plus grands fans de Trainspotting. Mais ceux-ci y trouveront rapidement leur compte grâce à la magnifique scénographie, au talent des acteurs et à l’habile mise en scène de Marie-Hélène Gendreau qui nous plonge instantanément dans l’univers de Mark Renton.

30-04-2016