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Du 18 au 27 mai 2017
Petites bûches
pour les 8 à 12 ans
Texte Jean-Philippe Lehoux
Mise en scène Joël Beddows
Avec Roch Castonguay, Danielle Le Saux-Farmer, Chloé Tremblay et John Doucet

Marco, 10 ans, perd ses parents dans la foule alors qu’il vient d’arriver dans une ville étrangère. Pendant son périple pour les retrouver, il fait la rencontre de deux petites gaillardes très délurées, et plutôt voleuses, et de leur ennemi juré, un vieux vagabond qui semble bienveillant, mais qu’elles accusent d’attaquer les enfants. À qui faire confiance ? Marco en verra de toutes les couleurs avec ses nouveaux amis…

SE PERDRE POUR MIEUX SE RETROUVER
Loin de sa maison et de ses repères quotidiens, sans le soutien de ses parents qui ont toujours été auprès de lui, Marco sera déstabilisé et confronté à l’Autre, à l’étranger. Mais en apprenant à accorder sa confiance, avec discernement, et à marcher vers l’inconnu, il grandira en autonomie et en ouverture. Il pourra alors, enfin, retrouver ses parents. Cette grande aventure l’aura changé à jamais.

Bien que le spectacle n’ait pas été créé dans le but d’évoquer des sujets d’actualité, il aborde des questions dont les enfants entendent parler tous les jours : la guerre, la pauvreté, les migrations. Il ouvre toutes grandes les portes à la discussion, mais surtout à l’espoir et à l’amitié grâce à l’humour et au doigté dont les artistes font preuve sur scène.


Collaboration à la direction d'acteurs : Annick Léger
Décors : Julie Giroux
Environnement sonore : Louise Beaudoin
Costumes : Marianne Thériault
Éclairages : Michael Brunet
Direction de production : Lindsay Tremblay
Régie de création : Sariana Monette-Saillant
Régie de tournée : François Ouimet
Technique de tournée : Alexandra Gendron
Direction artistique : Joël Beddows, en collaboration avec Esther Beauchemin et Annick Léger

Durée 60 minutes

Une création du Théâtre de la Vieille 17


Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211

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Dates antérieures (entre autres)

1er novembre 2015, Gros Becs

 
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Critique

Entre l’œuf qui «miaule» dans les Histoires à plumes et à poils et la venue prochaine d’Ogo dans une production intimiste du même nom par le Théâtre des Petites Âmes, la Maison Théâtre accueille Petites bûches de la Vieille 17 d’Ottawa. Cette création conjugue bien une douceur enveloppante à un propos ludique et parfois plus grave.




Crédit photo : Marianne Duval

La compagnie de l’Ontario français a fait auparavant, entre autres, une escale dans la métropole québécoise l’automne dernier. Lors des Coups de Théâtre, elle a présenté Et voilà encore un beau dimanche de passé!, qui reviendra dans la prochaine saison de la Maison Théâtre. Pour Petites bûches, elle compte sur des collaborateurs talentueux : la plume de Jean-Philippe Lehoux avait charmé le public avec Le chant du koï, Napoléon voyage, et plus récemment avec Irène sur Mars ; précédemment, l’orchestrateur de la présente production, Joël Beddows, avait dirigé une version très pertinence de La société des métis de Normand Chaurette il y a une dizaine d’années.

Pendant une cinquantaine de minutes, la pièce raconte l’histoire du jeune Marco. Âgé de dix ans, ce dernier se retrouve égaré dans une ville de l’Europe de l’Est, loin de ses parents et de ses repères habituels. Autour d’un vieux carrousel, il rencontre deux filles assez dégourdies, Sarah et Rose. Celles-ci rêvent de vivre dans un monde où la joie et le plaisir occupent une place prédominante. Aussi sur sa route, Marco et ses deux nouvelles amies croisent Angelo, un inquiétant clown italien (ressemblant aux hommes forts des cirques d’antan). Mais l’homme «sans pays» montre qu’il a bon cœur. Tout au long de cette aventure initiatique, le protagoniste apprend à affronter les obstacles de la vie et à marcher vers l’inconnu avec discernement.   

Des thèmes comme l’ouverture aux autres demeurent parfois épineux au théâtre. Fort heureusement, l’habileté de Lehoux permet de traiter le sujet sans tomber dans la morale ou la tentation didactique. Sans les nommer explicitement, le texte évoque certaines réalités contemporaines, tels la pauvreté, la guerre et le déplacement de populations migrantes d’un territoire à l’autre. Par ailleurs, le dramaturge parle de l’universel avec sobriété, mais aussi avec une candeur jamais feinte. Les échanges entre les trois comparses ne se privent pas d’humour, et même quelques fois de répliques plus grivoises, notamment sur les «flatulences». Avec leurs personnalités fortes, les deux personnages féminins ne s’en laissent pas imposer. Marco, quant à lui, démontre à la fois une fragilité et un désir de rébellion. Pour compléter ce tableau, le clown vagabond révèle un esprit autant indomptable qu’attentif à ses semblables.

L’imagination domine grandement l’atmosphère de Petites bûches. Le décor de Julie Giroux reproduit très bien cette sensation d’un lieu en suspension, comme dans un rêve éveillé. Au centre du plateau se trouve un large cercle incliné sur lequel reposent les chevaux de bois. Cette image illustre la magie de l’enfance qui refuse de se laisser détruire par les atrocités potentielles du monde des adultes. Côté jardin, nous voyons la carcasse d’une vieille voiture où se déroulent certaines des scènes les plus amusantes. Dans l’une d’elles, Sarah et Rose fredonnent en duo un extrait d’une chanson des Beatles. De plus, l’ensemble est accompagné d’une bande sonore conçue avec attention par Louise Beaudoin. Souvent délicate et parfois baignant dans des notes mélancoliques ou atmosphériques, la musique permet de souligner la tendresse et les états d’âme qui émanent de ces quatre individus. Car l’exécution scénique de Petites bûches baigne dans un climat feutré, très chaleureux, sans forcer la note.

Le quatuor d’interprètes compose avec une belle justesse leurs personnages nuancés, mais aussi pétillants de vie et de joie. Sous les traits de Marco, John Doucet intègre bien l’esprit curieux du garçon à la crainte de ne plus revoir ses parents. Ses deux partenaires féminines, Danielle Le Saux-Farmer et Chloé Tremblay, font preuve d’une grande vivacité et d’une charmante complicité entre elles, mais aussi avec leurs comparses masculins. En être aussi baroque qu’intriguant, Roch Castonguay dévoile également une assurance palpable très attachante.   

Comme dans Et voilà encore un dimanche, le Théâtre de la Vieille 17 privilégie encore une œuvre empreinte de réflexion et d’émotion, portée par une minutieuse mise en scène. La pièce Petites bûches se consume ainsi dans la joie et nous enseigne poétiquement l’importance de la solidarité et de l’entraide.   

21-05-2017

critique publiée en 2015


Crédit photo : Marianne Duval

Petites bûches, la plus récente production de la compagnie ottavienne Vieille 17 qui nous a déjà offert Quand la mer, II (deux) et La maison de Petit Rocher,  s’est posée sur les planches des Gros Becs pour une seule représentation publique, le 1er novembre dernier.

Écrit par Jean-Philippe Lehoux en 2008, Petites bûches s’inscrit aisément dans la continuité de l’auteur, qui place le voyage au centre de ces récentes créations, dont Comment je suis devenu touriste et Napoléon voyage. Cette fois-ci, Lehoux envoie le petit Marco se perdre dans une ville des pays de l’Est. Alors qu’il s’égare en voulant rattraper ses bagages sur le carrousel de l’aéroport, il perd de vue ses parents. Il se remémore alors qu’il doit les attendre à l’hôtel ; Marco ouvre sa carte et part à l’aventure. Sur son chemin, il fait la rencontre de Rose et Sarah, deux orphelines du pays qui vivent comme elles peuvent, près d’un vieux carrousel qu’elles réparent. Mais depuis trois jours rôde un drôle d’homme dans le coin, parlant italien, traînant une grande malle et une scie rouillée. Il aurait coupé les enfants en morceaux, dans son pays, pour se chauffer – de là les petites bûches… – et il viendrait continuer sa besogne ici…

Pièce sur l’inconnu, les préjugés et la rencontre entre les peuples, Petites bûches explore aussi un élément relativement absent de la scène jeune public, l’actualité internationale. Par l’entremise de Sarah et Rose, les petits spectateurs sont confrontés à une réalité très loin de la leur, où l’on doit trouver à manger chaque jour et vivre dans une voiture abandonnée. Poussées à se débrouiller seules, il leur est difficile d’accepter l’aide de Marco et d’Angelo, l’homme sans pays. Pourtant, le garçon et l’homme dans la fleur de l’âge feront tomber les craintes des orphelines et réveiller en elles une capacité longuement perdue, le plaisir de l’imagination.

Le jeu des acteurs, qui tend davantage vers un côté plus juvénile que réel, est solide, voire touchant de naïveté, surtout chez Sarah (Chloé Tremblay) et Marco (Alexandre Gauthier, qui a assurément la tête de l’emploi). Roch Castonguay interprète un Angelo plus vrai que nature, un vagabond au cœur d’enfant. Danielle Le Saux-Farmer joue une Rose dure, aux épines bien acérées, mais qui ferait tout pour sa petite sœur. Les accents utilisés par les personnages de Rose, Sarah et Angelo ajoutent au réalisme du propos, mais ils sont parfois si prononcés que nous en perdons quelques bribes ; la compréhension de certaines actions devient alors plus ardue.

La mise en scène de Joël Beddows se concentre sur les quatre personnages, en laissant soin aux spectateurs d’imaginer la ville étrangère. Seuls accessoires, une voiture déglinguée remplie de valises - une image forte qui oppose désir et impossibilité de partir -, des chevaux rapiécés et un grand coffre, tous placés sur une pastille au milieu de la scène. Certes, on ne dépayse pas trop les plus petits spectateurs, rendant à certains moments la pièce presque onirique, mais les va-et-vient sans cesse autour du décor pour mimer les déplacements fait rapidement tourner en rond non seulement les personnages, mais le spectacle, qui mériterait quelques coupes et resserrements pour dynamiser son rythme.

Petites bûches saura sûrement soulever chez les petits beaucoup de questions sur la triste réalité de ces pays et de ses habitants, tout en défendant le droit à l’imagination, le désir d’ailleurs, l'espoir et la force de l’entraide.

02-11-2015