Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Du 8 au 12 mai 2013
mama
spectacle intime pour les 3 à 5 ans
Conception, mise en scène et création sonore : Sophie Grelié

Dans une hutte-cocon, une femme chante. Elle écoute son petit, lui parle de la vie à venir. Dans le grain de sa voix s’expriment ses joies et ses peines, ses bonheurs et ses colères, ses silences et ses espoirs. Par ces babillages et ces musiques d’exception, ce spectacle révèle toute la dimension poétique de cette relation de l’adulte à l’enfant.


Section vidéo
une vidéo disponible

Une vidéo disponible sur le site d'Eclats, en cliquant ici


Musique : Giacinto Scelsi
Chant : Muriel Ferraro
Scénographie : Bruno Lahontâa
Lumière : Eric Blosse
Costumes : Hervé Poeydomenge
Collaboration artistique : Stéphane Guignard
Accompagnement graphique et photo : Eric Chabrely

Durée du spectacle 30 minutes

Une création de Éclats


Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211

Facebook Twitter

Dates antérieures (entre autres)

1er et 2 mai 2011 - LANTISS de l’Université Laval, au pavillon Louis-Jacques-Casault (Les Gros Becs, Québec)

 
______________________________________
 Critique
Critique

par Olivier Dumas


Crédit photo : Éric Chabrely

Les tout-petits bénéficient désormais d’œuvres scéniques conçues expressément pour eux, tricotées dans les meilleurs cas avec une tendresse infinie. Et pour que ces expériences se révèlent concluantes, celles-ci transcendent les catégories d’âge pour toucher même les adultes les plus aguerris. Ces dernières années, l’amusant et envoûtant Glouglou de Louis-Dominique Lavigne et Lise Gionet a navigué dans ces eaux avec bonheur. Spectacle musical à la signature chaleureuse qui fera le bonheur des chanceux et chanceuses qui pourront voir l’une ou l’autre des représentations, ma sait toucher nos sens et notre cœur d’enfant.

La production en provenance de Bordeaux en France est le fruit du travail de la compagnie éclats, spécialisée en recherches sonores et technologiques. ma a été concoctée pour les enfants de 3 à 5 ans à partir d’improvisations autour de voix de bébés. À la Maison Théâtre, le mini-opéra de trente minutes s’apprivoise rapidement, grâce à une facture visuelle enveloppante aux couleurs apaisantes, des interprètes attentives et généreuses, sans oublier une mise en scène précise.

Le titre demeure une référence explicite à une première syllabe prononcée par un poupon. Il vient du mot maman, mot qui revient souvent comme référence dans l’initiation à l’univers de la parole, de la voix humaine si précieuse pour les individus, et si inspirante pour des créateurs aussi chevronnés que Jean Cocteau, Francis Poulenc et Catherine Major. La pièce ma s’amorce avec une douce annonce de la comédienne et soprano Muriel Ferraro qui précise aux jeunes spectateurs que les lumières jaunes (celles de la salle) s’éteindront pour permettre aux lumières bleues (celles présentes sur le plateau) d’éclairer la scène et de colorier les contours de l’attachante histoire qui leur sera racontée.

Sur la scène, une femme chante pour l’enfant à venir, à voir le jour incessamment dans une tente aux allures de cocon. Vêtue d’une longue robe ample, elle lui exprime avec une éloquente simplicité poétique ses espoirs, ses rêves et ses craintes. Les moments marquants de cette relation, et future rencontre entre une mère et son bambin s’accompagnent d’un environnement musical planant et expérimental qui accroche les oreilles. Les mélodies sonores évoquent certains éléments des excellentes compositions de Björk(notamment sur les albums Vespertine et Biophilia).

Pour bien saisir la pertinence et la vivacité d’une telle proposition artistique audacieuse et singulière, il demeure primordial de capter les réactions, surprises et étonnements du public ciblé. L’auditoire présent jeudi matin était un peu plus âgé. Mais à les voir et surtout les entendre réagir à plusieurs reprises, on ressent tout l’enthousiasme, la curiosité devant un tel bijou de créativité. Tous ces frémissements de vie étaient perceptibles, entre autres, lorsque la conceptrice et metteure en scène Sophie Grellier manipule les animaux et objets de l’histoire (de jolies marionnettes à tiges) avec un mélange d’habileté, de vivacité et de douceur. Le talent de conteuse de sa partenaire de jeu Muriel Ferraro porte cet univers feutré dans chacun des membres de son corps et dans sa voix. Telle une mère grande et forte comme l’univers, elle symbolise «cette merveille de vivre», pour reprendre le titre d’une chanson écrite par Hélène Pedneault, qui sait réconforter petits et grands sans verser dans une approche infantilisante, didactique ou mélodramatique.

À la sortie du théâtre, c’est un sentiment de douceur, de réconfort et d’émerveillement qui nous habite longtemps après «que les lumières jaunes se soient allumées de nouveau», comme l’expliquait gentiment la narratrice de ma à son public pour signifier la fin du spectacle.

10-05-2013