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Foirée montréalaise
Du 3 au 21 décembre 2019, du mardi au jeudi 19h, vendredi 20h, samedi 16h*

Depuis cinq ans, sous la direction de Martin Desgagné, le Théâtre Urbi et Orbi rassemble « du beau monde », auteux, écriveux, poèmeux, drameux, chanteux, conteux, plaisureux, racorneux, bilbocheux, jouisseux et barbeux, autour de FOIRÉE MONTRÉALAISE, un spectacle-party hommage à Montréal.

Cette année, l’univers de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, CDN-NDG pour les intimes, entre par la grande porte du Théâtre. Lors de soirées de partage et de racontage, l’arrondissement le plus populeux, celui dont le voisinage est multiculturel (on y dénombre plus de 160 origines ethniques), sera révélé en musique, décrit par l’histoire et évoqué par les souvenirs géo-localisés d’un collectif d’artistes spécifiquement lié à ce coin de la ville. C’est là qu’ils sont nés, ont travaillé, étudié, tissé des amitiés. Ils y ont été de passage, y ont immigré, s’y sont ancrés ou n’y remettent plus les pieds.

Pascal Contamine, à qui on a confié la tâche d’assembler et mettre en forme les divers textes des auteurs, a construit un tableau narratif comme un hommage au petit qui, additionné à d’autres petits, devient grand : Faisons une ode au petit, on en sortira grandi. Avec des petits mots, faisons des phrases. Avec des phrases, des histoires. Avec des histoires, faisons une fresque. Comme avec des morceaux de vitres, on ferait un vitrail.

L’arrondissement CDN-NDG est à la fois porteur de notre histoire et représentatif de notre avenir. Il est l’endroit tout indiqué pour poser la question : Où est l’équilibre entre le souvenir et le devenir ?


Textes Pascal Contamine, Isabel Dos Santos, Ariel Ifergan, Louis-Dominique Lavigne, Joël Nawej, Julie Renault-Roy, Andréanne Théberge, Davyd Tousignant
Contribution à l'écriture Karine Cousineau et Emmanuel Schwartz
Mise en scène Martin Desgagné
Hôte Pascal Contamine
Avec Isabel Dos Santos, Ariel Ifergan, Louis-Dominique Lavigne, Joël Nawej, Julie Renault-Roy, Andréanne Théberge et Davyd Tousignant


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène et régie Hélène Rioux
Musique en direct Robin Boulianne et Claude Fradette
Habillage de scène Fruszina Lanyi

* Les portes de la salle seront ouvertes dès 18 h 30 où musiciens et comédiens accueilleront le public pour commencer la fête

Régulier 35,50$
65 ans et + 29,50$
30 ans et – 25,50$
Le prix de votre billet comprend les taxes, les frais de billetterie et il inclut un montant de 50 sous qui viendra appuyer notre travail de développement dramaturgique.

Une production Théâtre Urbi et Orbi en codiffusion avec La Manufacture


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Critique disponible
            
Critique

Comme Revue et corrigée au Théâtre du Rideau Vert, la Foirée montréalaise du Théâtre Urbi et Orbi constitue un rendez-vous annuel de commémoration et de festivités. Pour sa cinquième édition à La Licorne, l’événement qui a succédé aux iconoclastes Contes urbains explore ces jours-ci l’arrondissement composé de Côte-des-Neiges et de Notre-Dame-de-Grâce. Auparavant, Saint-Laurent, le Sud-Ouest, Montréal-Nord et le Plateau-Mont-Royal ont servi de matière artistique à cette rencontre pluridisciplinaire. Peut-on véritablement parler d’une véritable expérience théâtrale devant une succession de témoignages qui oscillent entre le sérieux et la futilité? Probablement pas, mais se dégage de cette expérience une bonne humeur qui compense ses nombreuses faiblesses.






Photos 2 et 3 tronquées - crédit photos : Urbi et Orbi

Sous la gouverne de Martin Desgagné depuis ses débuts en 2016, et avec Pascal Contamine comme maître de cérémonie dès la cuvée suivante, la présente Foirée compte sur une équipe dynamique et visiblement heureuse de se retrouver au théâtre de la rue Papineau. En effet, pendant près de trois heures entrecoupées d’un entracte, se répond avec un sens vif de la répartie une distribution hétéroclite venant d’horizons différents. Celle-ci est constituée d’Isabel Dos Santos, Ariel Ifergan, Louis-Dominique Lavigne (une découverte pour ses talents de conteur), Joël Nawej, Julie Renault-Roy, Andréanne Théberge et Davyd Tousignant. Les musiciens Claude Fradette et Robin Boulianne accompagnent la troupe. Malheureusement, leur présence n’est pas suffisamment intégrée à cette soirée dans l’esprit des veillées traditionnelles et Soirées canadiennes d’antan.

Les petites et grandes histoires s’enchevêtrent et créent parfois des étincelles. Mais le résultat entraîne aussi à d’autres occasions de la complaisance sur le vécu des protagonistes et de blagues faciles, entre autres sur les banlieues.

Alors que le public est invité à prendre place, les artistes nous accueillent avec un « petit verre », des bouchées et des poignées de mains chaleureuses. Ifergan fredonne une chanson de circonstance avec entrain. L’une de ses comparses enchaîne avec une toune charmante du groupe Tricot Machine (Combien de Noël). Dès que les lumières s’éteignent, Contamine pose de nombreuses questions à l’auditoire, parfois indiscrètes. Combien de gens habitent l’un ou l’autre des quartiers? Y ont étudié, mangé et même fait l’amour? Quelques-uns prennent plaisir à relater des bribes de souvenirs. À la représentation du samedi, un homme a même eu l’honneur d’aller s’asseoir à côté d’une reproduction du Frère André, l’un des éléments du décor minimaliste de la production. Or, cette introduction s’étire inutilement avant que le spectacle s’amorce enfin.

Si Notre-Dame-de-Grâce (ou plutôt NDG comme les convives aiment le surnommer) occupe une place non négligeable dans cette Foirée (notamment par des plaisanteries moins relevées sur les fameux melons et l’emblématique Orange Julep) son quartier avoisinant domine davantage les échanges. En effet, CDN constitue un microcosme pluriel de la métropole où se conjuguent à la fois les institutions académiques (Université de Montréal, Polytechnique) et religieuses (Oratoire Saint-Joseph, le « saint monument sein, rond mamelon sur le mont », aux dires de Tousignant) aux sérieux problèmes quotidiens de discrimination, de racisme et d’employabilité (dont une dénonciation du manque de reconnaissance des acquis professionnels).

En comparaison avec l’exécution scénique de 2017, l’actuelle Foirée focalise davantage sur des éléments pédagogiques de notre histoire collective (pas nécessairement en lien avec ce coin de la ville). S’insèrent un jeu-questionnaire sur le Rapport Parent de 1964, un document fondateur du système d’éducation québécois et des allusions récurrentes aux discours émancipateurs de la Révolution tranquille. Même les idéaux révolutionnaires du manifeste du Refus global s'intègrent à l’ensemble. Au retour de l’entracte, les paroles accrocheuses de Luc Cousineau (son hymne des années 1970 Vivre en amour) sont chantées en harmonie par le collectif. Les interprètes nous sensibilisent au message (« si les grandes villes devenaient pour un instant un jardin de printemps », une philosophie qui touche particulièrement Isabel Dos Santos, comédienne originaire du Portugal à la pensée humaniste) qui recèle un espoir en une société plus égalitaire, au-delà de ses accents utopiques.

Les petites et grandes histoires s’enchevêtrent et créent parfois des étincelles. Mais le résultat entraîne aussi à d’autres occasions de la complaisance sur le vécu des protagonistes et de blagues faciles, entre autres sur les banlieues. La deuxième partie s’étire inutilement et dégage une impression de redite. Pourtant, tout au long du périple, de bons moments suscitent la réflexion et provoquent des émotions fortes. Soulignons les aveux de Lavigne (une encyclopédie cet artiste!) sur son père enseignant avant-gardiste, victime d’un système d’enseignement sclérosé par la religion, et la parole assumée de Roy-Renault sur l’attentat antiféministe de Polytechnique (survenu exactement 30 ans après l’entrée de la première femme dans cette faculté d’ingénierie fondée en 1873).

Des fragments plus humoristiques détendent l’atmosphère. Lavigne lance quelques notes de Quand le jazz est là de Claude Nougano, avec une voix amicale évoquant celle de Raymond Lévesque, en écho aux scopitones (ancêtre des vidéoclips) de sa jeunesse. Et quand Nawej, dont la famille est originaire du Congo, parle avec ferveur du passage controversé d’Offenbach à l’Oratoire Saint-Joseph, nous constatons que le métissage tant souhaité et nécessaire à la société québécoise apporte ici une intéressante dualité entre les cultures.

Avec plus de passages aussi cocasses ou prenants, la Foirée montréalaise de 2019 aurait comblé entièrement cœurs et esprits. 
10-12-2019
La Grande Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

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