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Du 12 au 21 novembre 2015, 20h, du jeudi au samedi et du mardi au samedi
Héroïne(s)
Théâtre multidisciplinaire
Texte et mise en scène Nicolas Berzi
Avec Pascal Contamine, Livia Sassoli, Marie-Laurence Lévesque

Trois femmes héroïnomanes sont dans leurs cercueils respectifs, mortes d’une overdose. Cette mort annoncée ou déjà advenue ouvre sur un univers éclaté qui défilera en plusieurs temps. Sorties de leurs cercueils, les trois héroïnes se rencontrent au temps présent dans un espace asceptisé. Est-ce un centre de désintoxication ou un lieu pour héroïnomanes anonymes? Elles feront ainsi connaissance à travers un humour débridé et une vision du monde cynique qu’elles partagent. La scène, prenant l’allure des différents territoires dans lesquels elles sont plongées, soumises par leur dépendance qui les entraîne les unes vers les autres, dévoile surtout leurs solitudes respectives, dans l’isolement de
leurs pratiques marginales, de leurs souffrances incurables.

« En janvier 2014, Troupe Artiste Inconnu invite 3 comédiens à un laboratoire de recherche-création autour du thème de la consommation d’héroïne, qui consistait à fouiller dans les archives statistiques, à consulter des témoignages vidéo de consommateurs et des œuvres d’art qui s’inspirent de l’héroïne, à investiguer sur les rapports entre création artistique et consommation toxicomaniaque. Se développe alors un trio de corps-voix féminin sur le thème de la consommation, de la dépendance, de la drogue dans son ambivalence étymologique: à la fois poison et médicament. Comment aborder la question du corps héroïnomane? Comment peut-il se déployer dans l’incarnation théâtrale. Qu’est-ce qu’il nous fournit comme modèles performatifs? Une des façons de nous rapprocher de ce phénomène a été d’intégrer des témoignages personnels des comédiens face à leur propre rapport à la dépendance. Cette première étape a permit de développer une approche distinctive du jeu des comédiens, en plus de rédiger une première mouture de la pièce HÉROÏNE(S).  » 

Auteur, metteur en scène et conseiller dramaturgique, Nicolas Berzi travaille depuis 15 ans à développer une pratique artistique autodidacte et indépendante, afin de créer des œuvres scéniques originales. Doctorant en études et pratiques des arts, il travaille à l’élaboration de partitions de mise en scène intermédiales. Sa démarche s’inscrit dans une dynamique interdisciplinaire, en particulier dans une cohabitation entre la théâtralité et la musique en direct qu’il développe depuis ses tous débuts. Il travaille depuis 2011 à l’intégration des nouveaux médias à la réflexion scénographique. En 2013 il fonde la compagnie de création Artiste Inconnu aux côtés de Livia Sassoli (comédienne), Jean-François Boisvenue (vidéaste-scénographe) et Dominic Marion (compositeur-performeur musical), dont il assure la direction générale et artistique. Artiste Inconnu s’intéresse aux individus marginaux, aux défaillances humaines et à des thèmes controversés, dans le but de stimuler la création par le biais de l’intermédialité.


Section vidéo


Scénographie et conception vidéo Jean-François Boisvenue
Costumes, accessoires et graphisme Claire Renaud
Lumières Martin Sirois
Musique en direct : Dominic Marion
Conception électro-acoustique Simon Chioini

Sur place
Tarif régulier 29$
Tarif réduit 25$*
Abonnement de saison 300$
Forfait tout cru 96$
5 spectacles pour 100$
4 x 4 : voyez un spectacle entre amis 88$
3 spectacles et + 22$/billet
* 30 ans et moins + artistes membres d'une association professionnelle, sous présentation d'une carte valide.

En ligne
Tarif régulier 32,50$
Tarif réduit 28,50$*
Abonnement de saison 303,50$
Forfait 5 spectacles non-disponible en ligne
3 spectacles et + 25,50$/billet
* 30 ans et moins + artistes membres d'une association professionnelle, sous présentation d'une carte valide.

Production Artiste inconnu / Nicolas Berzi


La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

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Critique

Crédit photo : Justine Latour

Il est difficile de ne pas être happé par toutes sortes d’images mentales lorsqu’on pense à l’héroïne et à la forte dépendance qu’elle suscite. Des junkies ont été maintes fois joués à la télévision et au cinéma, personnifiant des gens aux corps émaciés, au teint livide, aux yeux vides de toute autre préoccupation que celles que leur dépendance leur impose. L’auteur Nicolas Berzi et sa compagnie de création Artiste Inconnu explorent cet univers marginal des héroïnomanes et la façon dont il peut être transposé sur scène au théâtre avec la pièce Héroïne(s). Leur dernière production présentée en début d’année au théâtre La Chapelle, Peep Show, explorait également un thème plutôt en marge, soit celui de l’univers des peep-shows et de ses déclinaisons contemporaines. Misant de nouveau sur une approche interdisciplinaire alliant projections en direct, jeu, musique sur scène et multiples projections, Héroïne(s) réussit à intriguer sans toutefois réellement surprendre ou émouvoir.

La prémisse est intéressante : trois héroïnomanes mortes d’une overdose  émergent de leurs cercueils pour reprendre vie sur scène. Déjà, de pouvoir entendre leurs récits et découvrir ce qui les a menées à cette vie, et surtout cette mort, suscite la curiosité. Malheureusement, ce n’est pas du tout cet angle qui est exploité. En vérité, la pièce Héroïne(s) en dévoile bien peu sur ses personnages. Misant sur un discours à trois voix pour amorcer la pièce, puis de longues scènes de projections ou d’action quasi statiques, on attend longtemps avant de pouvoir apprécier le contenu, et non pas seulement la forme.  Pourtant, il y a beaucoup d’originalité et une belle exploration dans la démarche de l’auteur, notamment en s’inspirant des états de la consommation : la première injection, la dépendance, le manque, la rechute, la désintoxication et l’overdose.

Toutes les composantes de la pièce semblent contribuer à l’exploration du sujet par l’auteur. La scénographie et conception de Jean-François Boisvenue occupe une place de choix dans le déroulement de l’action. Les visages des personnages sont par moments captés à grande proximité et dans un éclairage obscur puis projetés sur le mur derrière eux, façonnant des images plus sombres, peu flatteuses, aux yeux qui rappellent la mort. La scène est entièrement couverte de contre-plaqué et la moitié arrière est en angle, ce qui force les personnages  à  gravir la scène et fournit aux vidéos une autre surface de projection. La musique est jouée en direct, à coup de guitare électrique qui écorche un peu les tympans et d’effets sonores parfois agressants, rappelant le sujet aride qui est exploré.

L’interprétation de Pascal Contamine, Livia Sassoli et Marie-Laurence Lévesque demeure juste, mais malheureusement sans plus. L’absence de réelle relation entre les personnages laisse une impression de froideur et d’une action plutôt mécanique,  ce qui empêche tout rapprochement avec le public, même si celui-ci est interpellé lors d’une séance de « devinettes » animée par le personnage de Pascal Contamine.

Héroïne(s) a le mérite d’explorer de nouveaux angles pour  illustrer la singularité de la dépendance à cette drogue même si ce processus semble avoir aseptisé l’histoire. Il n’en demeure pas moins que plusieurs scènes font preuve d’une originalité et d’un talent de création qui est à suivre.

14-11-2015