LeitmotivC’est une marque. C’est une surface. C’est un souffle, un intérieur.     C’est une chute, une fracture, une posture, une marée, un cèdre et un     souvenir. C’est un ressac, une photographie. C’est un regard, un piano,     un micro. C’est la mémoire d’un kilomètre. C’est un détour obligé, une     lutte essoufflée, une rencontre esseulée. C’est un match nul. C’est     partition pulsation et contretemps. C’est une main, une esquisse, une     hanche, une brisure, une fuite et un retour. C’est une ville dans un     focus et une ombre dans un panoramique. C’est hier et maintenant. C’est     ce qu’ils représentent.
    
LEITMOTIV s’inscrit dans une tangente   multidisciplinaire, en   puisant dans différents médiums artistiques   tels que la photographie,   la vidéo et l’environnement sonore immersif.   L’emboîtement des formes   permet le dialogue entre le personnage et son   espace, entre le présent   et la mémoire, entre le mot et la parole.
De Course Théâtre
De   Course Théâtre est formé de la scénographe Andréane Bernard, la     metteure en scène et comédienne Émilie Cormier et l’auteure et     scénographe Anaïe Dufresne. Le travail de collaboration de ces trois     jeunes artistes a déjà donné fruits à plusieurs projets d’exploration     théâ- trale, littéraire et visuelle. Les horizons différents mais     complémentaires de ce noyau instigateur constituent la force de leur     groupe de travail. Leurs projets s’appuient sur une équipe de     collaborateurs en constante cohésion qui permet l’interaction entre le     spectacle vivant et la création scénographique.
  
Réalisation de l’environnement vidéo         Anaïe Dufresne 
Conception de l’environnement scénique       Andréane Bernard
Caméra         Simon Belleau 
Montage         Gabrielle Dumont-Dufresne 
Conception sonore et DJ         Jérôme Guilleaume
Une présentation et une production De Course Théâtre
par Pascale St-Onge
LEITMOTIV : Élément manquant.

La jeune compagnie DECOURSE THÉÂTRE présente Leitmotiv, deuxième version d'un spectacle préalablement présenté à l'UQAM sous le nom de G Round (2010). Cette production est soutenue par une équipe aux multiples savoirs et s'inscrit dans une démarche connue, mais toujours actuelle : celle d'explorer la pratique théâtrale contemporaine en la nourrissant d'autres disciplines.
Quatre personnages, seuls, tentent tour à tour de nous livrer une part intime d'eux-mêmes. Ils se sont rencontrés, ont chacun marqué la vie d'un autre, mais se retrouvent désormais seuls face au souvenir, à la mémoire de cette rencontre et des marques qu'elle a laissées. Cette solitude est le point de ralliement du texte d'Anaïe Dufresne et de la mise en scène d'Émilie Cormier. Leurs personnages gravitent dans le même espace, parlent sans cesse de l'Autre, des autres, mais ils ne se rencontrent plus jamais. Sur cette scène, se joue ainsi le souvenir d'avoir traversé la vie de quelqu'un dont on ressent encore la présence dans la grande ville. On se laisse emporter par ce discours touchant, qui trouve aussi écho dans notre propre quotidien.
Cédant une place importante au son et aux projections, ce spectacle tente de son mieux d'y incorporer la présence humaine des acteurs et vise un équilibre interdisciplinaire intéressant, mais sans malheureusement l'atteindre totalement.
Émilie Cormier détient un talent certain : elle sait valoriser la présence des corps dans l'espace. Elle doit faire confiance à ce talent et diriger son équipe d'acteurs de façon à ne pas dénaturer le geste simple qui rend sa mise en scène si puissante, comme le fait malheureusement Stéphane Poitras à plusieurs moments. À l'opposé, les comédiens Corinne Chevarier et Louis-Karl Tremblay abondent en ce sens et nous permettent de glisser dans cette intimité recherchée. Émilie Cormier a trouvé le moyen de ne pas noyer ses acteurs au centre de toutes ces technologies avec une orchestration précise et réussie.
Côté environnement sonore,  l'expérience est toute autre. Il y a encore beaucoup à explorer au théâtre sur  la relation de la parole avec un tel environnement. C'est un terrain riche dans  lequel s'aventure la compagnie avec l'aide de Jérôme Guilleaume qui a conçu une  trame sonore sensible à l'action scénique et dynamique. Un problème majeur nuit  pourtant à la cohésion de Leitmotiv : il était tout de même impossible  de capter la majorité du texte d'Anaïe Dufresne transmis par la voix des  acteurs pourtant soutenue par des micros. Cette intimité qu'on voulait nous  partager devenait inatteignable à cause de cette conception sonore qui  parasitait toute parole vivante. Tout le long du spectacle, le texte demeure donc  flou et il devient impossible de saisir complètement les enjeux narratifs et  surtout la proposition globale de la production.
      
      À cause de simples erreurs  techniques qui nuisent à la transmission de l’objet, la cohérence de l'ensemble  devient inaccessible et brime un sens important pour le public qui cherche des  points de repère dans cet environnement scénique déjà chargé. Par contre, avec  quelques rectifications, le tout est parfaitement récupérable pour la suite des  représentations. C'est grandement souhaitable, car certains éléments de cette  production méritent le détour.