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Espace GO - Du 20 au 24 octobre 2015, mardi au samedi à 19 h
Théâtre Mirella et Lino Saputo - 25 octobre 2015, 19h30
La morsure de l'ange
Texte Daniel Danis
Écriture scénique et mise en scène José Babin et Alain Lavallée
Avec Denys Lefebvre et Alain Lavallée

Janvier 2010, Pierre-Yves a congelé son père. À travers les carcasses de voitures qui envahissent maintenant le ciné-parc de son enfance, le fils règle ses comptes avec l’ombre de son vieux cowboy de père qu’il a vénéré et haï en même temps. Le temps se givre… Jusqu’à ce qu’un ange s’écrase sur le lampadaire de l’écran déglingué.

LA MORSURE DE L’ANGE est un spectacle où les ombres et la vidéo accompagnent le ballet entre un acteur, un mannequin et son double. Un road movie qui se joue dans la tête d’un personnage en quête de repères. José Babin et Alain Lavallée sont les têtes chercheuses du Théâtre Incliné, compagnie fondée en 1991, qui propose des œuvres poétiques aux images fortes et percutantes. Ces créateurs affectionnent les espaces morcelés, où la matière, les corps, la lumière et la musique incarnent un « détail » de la toile complète. Ils proposent un théâtre où le spectateur assemble les morceaux, une expérience théâtrale qui l’habite longtemps après.

L’œuvre de Daniel Danis est nourrie du désir d’inclure la mise en scène dans un processus de création entamé par l’écriture, et cela, en explorant toutes les possibilités scéniques offertes par la technologie. Ses pièces, présentées aussi bien au Canada qu’en Europe et au Mexique, sont traduites en plusieurs langues et ont reçu plusieurs prix littéraires. Daniel Danis est le premier dramaturge à avoir obtenu trois Prix du Gouverneur général du Canada, pour ses pièces CELLE-LÀ, LE LANGUE-À-LANGUE DES CHIENS DE ROCHE et LE CHANT DU DIRE-DIRE.


Section vidéo


Voix hors champ : Paul Dion, Denys Lefebvre, José Babin
Voix chantée : Safia Nolin
Collaboration artistique : Fabrizio Montecchi
Musique : Guido Del Fabbro
Création des ombres : Alain Lavallée
Images vidéo : Martin Laroche
Décor : Loïc Lacroix Hoy
Conception du mannequin : Guy Fortin
Costumes et accessoires : Valérie Gagnon-Hamel
Éclairages : Andréanne Deschênes

Durée 1h05

Espace GO :

Rencontre avec le public
Jeudi 22 octobre 2015, après le spectacle

Tarif
Général 37$
65 ans et + 30$
30 ans et - 28$
Forfaits disponibles pour plus d'un spectacle

Théâtre Mirella et Lino Saputo

Billets en vente au Bureau Accès de Saint-Léonard (8420, Lacordaire), sur le réseau admission à compter du 3 septembre à l'unité ou sur place, 1h avant la représentation

Tarif : 30,35$

Une création du Théâtre Incliné, en coproduction avec le Festival Mondial des Théâtres de Marionnettes de Charleville-Mézières (France) + Casteliers (Montréal)


Espace Go, salle 2
4890, boul. Saint-Laurent
Billetterie : 514-845-4890

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Théâtre Mirella et Lino Saputo
8350, boul. Lacordaire
514 328-8400
[site web]
 
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Critique

Crédit photo : Caroline Laberge

Un avertissement placé bien en évidence à l’entrée de la salle annonce au public qu’il sera exposé, entre autres, à de la fumée de cigarillo et à un cowboy en bobette. Cette annonce a de quoi intriguer et semble pointer vers un contenu inusité. Même si un cowboy se présente effectivement sur scène, le contenu est bien loin du western et s’attarde plutôt aux souvenirs d’enfance du narrateur (Denys Lefebvre) et de la relation trouble qu’il entretient avec son père. Misant davantage sur l’image et la scénographie, La morsure de l’ange du Théâtre Incliné surprend et sait capter l’attention, dans un univers givré, à la limite de l’onirique.

On sent rapidement la recherche et l’effort créatif qui se dégage de l’écriture scénique et de la mise en scène de Josée Babin et Alain Lavallée. Le duo offre une multitude d’images et de perspectives inattendues pour venir appuyer le texte de Daniel Danis : de la simple vidéo aux ombres chinoises, en passant par le visage du narrateur qui est capté par un rétroprojecteur alors qu’il s’affaire à le dégivrer. Chaque mot et chaque silence deviennent une occasion de modifier l’angle de l’éclairage, de jouer avec la trajectoire des personnages et d’ainsi influencer ce qui est perçu par le public. Le père du narrateur est à la fois évoqué par des ombres, très grandes et menaçantes par moments,  de même que par un homme vêtu de cuir et d’un chapeau de cowboy  (Alain Lavallée) qui rôde autour du narrateur et qui le toise du regard, sans oublier un mannequin immobile, incarnant le père vieilli et frêle.

Denys Lefebvre interprète le fils avec aplomb et candeur, tout en offrant un monologue fluide et sensible. La narration se ponctue lentement d’anecdotes d’enfance et de bribes de souvenirs qui ont été inspirées par le vécu d’Alain Lavallée. Le texte tournoie doucement autour du sujet, laissant le temps de bien sentir que la relation père-fils, qui est mise de l’avant, présentait ses zones d’ombres. Parfois en pâmoison devant son père qui gérait un cinéparc, le narrateur se retrouve à d’autres moments fortement rabroué par ce même homme qu’il aime pourtant, malgré tout. Si on sent toute la confrontation entre les personnages, on perçoit également une douceur et une tendresse du fils envers son père, notamment lorsqu’il s’occupe de lui alors qu’il est vieillissant et qu’on le voit plier les jambes du mannequin avec douceur, plaçant les mains de son père sur les accoudoirs avec beaucoup d’attention.

Le décor de Loïc Lacroix Hoy évoque aussi efficacement l’ancien cinéparc qui héberge maintenant des carcasses de voitures qu’il permet le déploiement des jeux d’images des co-scénographes grâce, notamment, à deux murs en angle et partiellement translucides. La créativité de Josée Babin et Alain Lavallée nous fait admirer de très belles perspectives, telle celle qui nous fait découvrir le visage de Denys Lefebvre au début de la pièce, principalement éclairé par un cerceau de lumière posé à même la bordure de son capuchon, le personnage se désolant de n’avoir rien fait pour son père, mort congelé.

Malgré tout l’effort scénique et l’interprétation juste de Denys Lefebvre, la pièce laisse une impression de détachement et ne réussit pas à susciter toute l’émotion qu’elle évoque pourtant de façon originale. On demeure toutefois fascinés par plusieurs perspectives qui nous sont offertes et de nombreuses images continuent de nous habiter après la pièce, témoignant de la créativité toute particulière du Théâtre Incliné.

22-10-2015