Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
20 décembre 2012, 20h, 21 décembre 2012, 21h
ClotaireClotaire Rapaille, l'opéra rock
Notre collègue Olivier Dumas s'est entretenu avec Olivier Morin pour parler de la pièce «Clotaire Rapaille, l'opéra rock». ÉCOUTEZ

Texte, mise en scène et interprétation Olivier Morin
Texte et interprétation Guillaume Tremblay
Avec Myriam Fournier, Virginie Morin, Martin Plouffe, Mathieu Quesnel

En 2045, le Québec est souverain. Mais le Québec est perdu, pardu. Un seul espoir de salut : Clotaire Rapaille. À travers une croisade épique, il enorgueillira les grandes provinces du Québec, une à une, grâce à des codes mirobolants dont lui seul a le secret. Mais Québec est oubliée et se révolte. Ses codes mégalomaniaques entraînent un succès phénoménal, mais aussi des catastrophes terribles. Il doit donc affronter ses anciens démons et descendre à Québec pour sauver le pays… et sans doute l’humanité. Pour rendre justice à la vedette dans son grandiose retour, les créateurs de Clotaire Rapaille ont choisi l’opéra rock. Un spectacle satirique qui nous donne l’occasion de rire de nos complexes, mais surtout de partager l’univers déluré de ses créateurs audacieux.

Le Théâtre du Futur est né en 2011 lorsque Guillaume Tremblay, Olivier Morin et le multi-instrumentiste Navet Confit croisent leurs faisceaux d’amour pour engendrer Clotaire Rapaille, l’opéra-rock. L’année suivante, le trio pond le scandaleux spectacle L’assassinat du président, qui se déroule en 2022. L’assassinat du président a reçu le Prix Coup de Coeur des Médias au Festival Zoofest 2012. Le prochain projet? Conquérir la planète, minimum.


Section vidéo
une vidéo disponible

     


Interprétation musicale Navet Confit, Francis Do Monte, Étienne Rocheleau, Mathieu Vézio
Conception musicale et musique Navet Confit

Une production Théâtre du Futur


Théâtre d'Aujourd'hui
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900

Youtube Facebook Twitter

Dates antérieures

3 mai 2011 - Festival du Jamais lu
Du 18 au 20 juillet 2011 - Underworld (Zoofest)
7 décembre 2011, Théâtre Petit Champlain
14 décembre 2011 Sala Rossa, et tournée

 
______________________________________
 Critique
Critique

par David Lefebvre

Clotairemania


Crédit photo : Marion Desjardins

Ce n'était probablement qu'une question de temps avant qu'un personnage aussi singulier et « théâtral » que le supposé psychanalyste français et « maître du marketing », Clotaire Rapaille, ne se manifeste sur une scène d’ici ou d’ailleurs. Et c'est dans le personnage du sauveur d'un Québec indépendant, en 2045, qu'il le fait, sous la plume acérée, brillante et mordante d'Olivier Morin et Guillaume Tremblay.

Condamné à mort au Texas, Rapaille s'évade et rapplique à le Sherbrooke (oui, parce que les régions du Québec sont devenues des provinces). De Drummondville à Saguenay, de Victoriaville à Granby, il trouve les « codes culturels » de chaque lieu et sème des idées plus folles les unes que les autres, promettant de sortir les habitants de leur marasme. Bientôt, les conséquences de ces projets se font sentir et la population le prend en grippe, mais ce n'est rien à comparer à la grogne des habitants de Québec, qui d'une part, lui en veulent d'être revenu, de l'autre, de les ignorer.

« Le passé n'existe plus, le futur n'existe pas, inventons-les » aurait dit Monsieur Rapaille ; la troupe du Théâtre du Futur s'amuse donc allègrement à le faire, dans ce spectacle déluré à mi-chemin entre la pièce satirique et la comédie musicale. Le décor, avec ses micros et ses instruments, ressemble d'ailleurs davantage à une scène de show rock qu'à une scénographie théâtrale habituelle. C'est que la mise en scène d'Olivier Morin laisse toute la place à l'interprétation, ou plutôt, aux interprètes. Les Myriam Fournier, Virginie Morin, Martin Plouffe, Mathieu Quesnel, Olivier Morin (impayable en Régis Labeaume et en Gilles Vigneault, guide spirituel de Rapaille) et Guillaume Tremblay (un Rapaille plus grand que nature, à la déguaine mi-Gainsbourg mi-Presley lors de certaines passages musicaux) s'éclatent complètement - et le laissent parfois transparaître, riant doucement alors qu’ils observent leurs compères jouer, retirés de l’avant-scène -, et ce, à notre plus grand bonheur. La pièce ne se moque pas seulement de Rapaille, mais se sert surtout de lui pour jeter un coup d'oeil vitriolique au Québec d'aujourd'hui, avec une vision de demain terriblement inventive. On ramasse tout autant la radio commerciale ou poubelle (Radio X devient Radio Q) que les habitants des différentes régions du Québec ; on les taquine sur leur naïveté, leur crédulité et sur leur fameuse façon de pensée d'être « né pour un petit pain ». Si la pièce prône, au final, l'amitié universelle et l'élévation, ne sont-ils pas deux éléments clés, déjà importants, de l'identité québécoise?

Le texte est éprouvé, solide, jouissif et hilarant. Faisant feu souvent de tous côtés, il touche pourtant toujours la cible, incluant au passage quelques faits d'actualité très récents. Mais on doit reconnaître que la musique de Navet Confit (qui n’en est pas à sa première incursion au théâtre) demeure l'un des éléments majeurs de la réussite de ce captivant spectacle. Les chansons, terriblement accrocheuses, aux mélodies souvent pop, parfois aux accents publicitaires, ou flirtant même avec le heavy metal pour un hymne de Québec des plus incendiaires, frappent l'imaginaire. Les compositions, empruntant les styles et les ritournelles ici et là, sont de celles que le public pourrait apprendre par cœur pour ainsi revoir le spectacle et les entonner avec les comédiens. On apprenait récemment que la troupe avait signé avec Audiogram pour la tournée ; on espère un projet d'enregistrement dans les plus brefs délais.

À l’affiche seulement deux soirs au Théâtre d’Aujourd’hui, Clotaire Rapaille, l’opéra rock est à voir, absolument.

20-12-2012