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Festival TransAmériques - 2-3-4 juin 2015, 20h
Isolde
Théâtre
En anglais avec des surtitres français
Un spectacle de New York City Players
Texte et mise en scène Richard Maxwell
Interprétation Jim Fletcher (Patrick), Brian Mendes (Uncle Jerry), Chris Sullivan (Massimo), Tory Vazquez (Isolde)

Après le triomphe de House en 2001 et le choc de Neutral Hero en 2011, Richard Maxwell et ses New York City Players reviennent au FTA avec leur théâtre au jeu mystérieusement décalé. S’amusant cette fois à déjouer les codes du traditionnel triangle amoureux, les voilà qui sondent avec sensibilité et drôlerie les méandres de la psyché féminine tout en égratignant au passage certaines de nos valeurs nord-américaines.

Qu’arrive-t-il lorsque la mémoire d’une grande comédienne s’efface ? Coincée entre l’incapacité à retenir son texte et la disparition de ses souvenirs, Isolde, cette femme bien de notre époque, décide d’échapper à son sort en faisant construire la maison de ses rêves, forteresse contre sa fragilité. En trompant son mari, un entrepreneur généreux mais terre à terre, avec l’architecte, poète et visionnaire, elle est propulsée dans une histoire bien plus vaste qu’elle, que seul peut éclairer — et encore… — le mythe de Tristan et Iseult. 

POUR UN THÉÂTRE OÙ PERSONNE NE FAIT SEMBLANT
Le metteur en scène et auteur dramatique Richard Maxwell subvertit de l’intérieur les conventions du réalisme théâtral américain pour créer un théâtre du réel, où domine la dimension performative de l’art dramatique — la réalité concrète de l’acteur en scène —, mais sans toutefois négliger ses dimensions fictive, narrative et mimétique. Né en 1967 à Fargo, dans le Dakota du Nord il étudie en interprétation dramatique à l’Illinois State University avant de joindre le très réputé Steppenwolf Theatre à Chicago, où il participe ensuite à la fondation du département de théâtre du Comté de Cook. Dès qu’il prend la direction artistique des New York City Players en 1998, il fait de cette compagnie l’un des rares espaces de création aux États-Unis où l’on repense les fondements mêmes du travail de l’acteur. Les New York City Players, qui rassemblent tout autant des comédiens de métier que des acteurs sans formation, ont créé depuis 1997 une vingtaine de spectacles de Richard Maxwell, notamment Burger King (1997), House (1998, présenté au FTA en 2001), Cowboys and Indians (1999), Drummer Wanted (2002), The End of Reality (2006) et Neutral Hero (2011, présenté la même année au FTA). Récemment, pour le théâtre Hebbel am Ufer à Berlin, il a mis en scène deux séquences d’une adaptation théâtrale in situ d’une durée de vingt-quatre heures du roman Infinite Jest de David Foster Wallace.


Section vidéo


Scénographie Sascha van Riel
Conception originale des costumes Romy Springsguth
Ajouts aux costumes Kaye Voyce
Lumières Zack Tinkelman
Rédaction Paul Lefebvre
Crédit photo Michael Schmelling

Création au River-to-River Festival, New York, le 30 juin 2013

Durée : 1h25

Tarif régulier : 45$
30 ans et moins : 38$
65 ans et plus : 42$
Taxes et frais de services inclus

En parallèle
New York à Montréal / Rencontre avec Daniel Fish + RIchard Maxwell (site du FTA)
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 3 juin

Avec le soutien de National Endowment for the Arts (Washington), Alliance of Resident Theaters New York - Creative Space Grant, Andrew W. Mellon Foundation New York Theater Program, Foundation for Contemporary Arts (New York)


FTAMaison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : FTA - 514-844-3822 / 1-866-984-3822
Quartier général FTA : 300, boul. de Maisonneuve Est

 
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 Critique
Critique

par Pascale St-Onge


Crédit photo : Michael Schmelling

Après quelques spectacles aux allures grandioses et à la conception technique imposante, voilà que la Maison Théâtre accueille Isolde, un spectacle sans artifice signé Richard Maxwell (Neutral Hero, FTA 2011).

Avec comme élément central le triangle amoureux, le récit de Tristan et Iseult subit ici de larges modifications pour traiter également du métier d’acteur. Sur scène, très peu d’éléments : des chaises d’extérieur, des chaises design en bois, un fauteuil blanc et quelques panneaux, comme signes d’une maison en construction et fragile, qui peut s’effondrer à tout moment.

Dans ce triangle, il y a Isolde, actrice qui perd la mémoire et désireuse de se faire bâtir la maison de ses rêves, Patrick, son mari entrepreneur et terre à terre et Massimo, architecte et vendeur de rêves. Pour mettre des mots sur cette tension entre les trois ou encore sur les problèmes d’Isolde, pratiquement un seul sujet meuble les conversations : la maison. Les plans qui n’arrivent pas, l’impossibilité de bâtir un tel projet, le rêve de l’architecte versus les réalités de la construction, les matériaux, comment on y vivra, etc. Voilà les seuls sujets qui semblent pris au sérieux dans Isolde.

Ce qui retient notre attention dans ce spectacle est très certainement le ton décalé, le jeu des acteurs qui est mené de manière très précise. Dès qu’il est question de sentiments humains, d’aveux ou de pulsions, le jeu sonne soudainement très faux et c’est visiblement volontaire. Ce qui pourrait être le nœud de ce récit (puisqu’il est question d’un triangle amoureux) devient presque ridicule ; devant nous, les corps ne sont que des mécanismes au service d’un texte, mais complètement dénués d’âme.  C’est certainement la critique, ou du moins le questionnement sur le théâtre en soi que pose le metteur en scène.

Le personnage d’Isolde, qui se veut central dans la proposition, tel que mentionné dans le programme du spectacle, est finalement une énigme irrésolue tout au long de la pièce. Son rapport à la mémoire est finalement très peu creusé, de même que l’importance qu’elle accorde à cette nouvelle maison ou même à ses relations. Tout est abordé en surface, mais plutôt à la façon d’un texte troué où le public doit chercher beaucoup d’indices pour décrypter ce que le metteur en scène tente de nous communiquer.

Et comme pour tenter de répondre ou de dialoguer avec la situation qui nous est présentée, peu avant la fin le décor et les éclairages changent, les acteurs enfilent d’autres costumes et nous représentent le Tristan et Iseult du Moyen-Âge. Les armes changent d’allure, le vin se change en potion, mais les relations demeurent les mêmes, pendant qu’Isolde, la comédienne, se tient devant nous et tente, sans succès, de réciter son texte. Elle s’échappe des lignes apprises et nous livre sa propre conclusion sur son état, très peu révélatrice en fin de compte. Isolde est finalement une réflexion très chargée sur le théâtre, mais de laquelle on ressort avec très peu de réponses claires ou d’idées précises.

03-06-2015