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Festival TransAmériques - 30-31 mai 2013, 20h
Sacre du printempsLevée des conflits
Danse
Un spectacle de Musée de la danse - Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne
Chorégraphie Boris Charmatz avec l’assistance de Anne-Karine Lescop
Interprétation Or Avishay + Matthieu Barbin + Eleanor Bauer + Nuno Bizarro + Matthieu Burner + Magali Caillet-Gajan + Sonia Darbois + Olga Dukhovnaya + Julien Gallée-Ferré + Peggy Grelat-Dupont + Gaspard Guilbert + Christophe Ives + Dominique Jégou + Lénio Kaklea + Jurij Konjar + Élise Ladoué + Catherine Legrand + Maud Le Pladec + Naiara Mendioroz + Thierry Micouin + Andreas Albert Müller + Mani A. Mungai + Élise Olhandéguy + Annabelle Pulcini + Simon Tanguy

Un danseur frotte le sol d’un geste circulaire. Subrepticement, son mouvement se transforme tandis qu’un autre le reprend. Ils seront 24 à se lancer tour à tour dans la spirale hypnotique d’un canon chorégraphique repris jusqu’à l’épuisement. De répétitions en accélérations, la danse prend des allures d’équipée sauvage, d’impétueuse vague où ricochent simultanément tous les mouvements d’un seul et même solo. Chaque maillon de cette immense chaine humaine en livre une facette, modelant dans l’espace une sculpture vivante. Un objet magnétique et vibratoire qu’embrase le désir d’une Levée des conflits. Y aura-t-il explosion ou résolution ?

Figure de proue de la nouvelle vague française, Boris Charmatz cherche ici à apaiser la fureur des affects et à rendre la danse muséale en conservant toute sa vivacité. Après 10 ans d’absence, il revient à Montréal avec cette œuvre précise et radicale qui s’offre comme un paysage à contempler. Effet de transe garanti.

Âgé de 40 ans, Boris Charmatz est l’une des figures emblématiques de la danse conceptuelle. Danseur aventureux, pédagogue allumé, chercheur invétéré et chorégraphe iconoclaste, il développe une vision élargie de son art, allant jusqu’à transformer le Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne, qu’il dirige depuis 2009, en Musée de la danse. Dans cet espace d’expérimentation bouillonnant se croisent toutes sortes de publics aux côtés d’intellectuels pour ouvrir toujours plus les perspectives sur la danse.

Issu de grandes écoles de danse et de musique, il débute comme danseur chez Régine Chopinot, puis Odile Duboc, dont la démarche expérimentale l’inspire de façon décisive. Il a à peine 20 ans quand il fonde l’association edna avec Dimitri Chamblas et signe ses premières créations. On a vu trois de ses nombreuses œuvres à Montréal : Aatt enen tionon (1997), livrée en silence par des danseurs déculottés sur un échafaudage, Con forts fleuve (2001), dansée en partie dans le noir, et héâtre-élévision (2003), installation pour un spectateur allongé sur un piano. Il a déjoué les règles de bien d’autres façons, dans La danseuse malade (2008) où il revisite le butô ; régi, avec Raimund Hoghe ; ou encore, dans trois projets autour de Merce Cunningham. Artiste associé au Festival d’Avignon en 2011, il y a créé enfant avec 26 enfants et neuf danseurs professionnels, et présenté Levée des conflits avec 24 interprètes. Auteur de deux ouvrages, il a monté notamment le projet Bocal, école nomade et éphémère, à l’occasion d’une résidence au Centre national de la danse.


Section vidéo
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Lumières Yves Godin
Réalisation sonore Olivier Renouf
Photo Caroline Ablain
Rédaction Fabienne Cabado

Création au Théâtre National de Bretagne, Festival Mettre en scène, Rennes, le 4 novembre 2010

Durée : 1h40

Tarif régulier :
58 $ / 48 $
30 ans et moins /
65 ans et plus :
48 $ / 43 $
Taxes et frais de services inclus

En parallèle
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 31 mai

Coproduction Théâtre National de Bretagne (Rennes) + Théâtre de la Ville - Festival d’Automne (Paris) + Manifesta 8 (Murcia) + ERSTE Foundatio
Avec le soutien de Teatro Maria Matos (Lisbonne) + Chassé Theater (Breda) + Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles)
Présentation avec le soutien du Service de coopération et d’action culturelle du Consulat général de France à Québec + Institut Français


FTAThéâtre Jean-Duceppe
Place des Arts
Billetterie : FTA - 514-844-3822 / 1-866-984-3822
Quartier général FTA : 300, boul. de Maisonneuve Est

 
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 Critique
Critique

par Sara Fauteux


Crédit photo : Caroline Ablain

Sur la scène du Théâtre Jean Duceppe, dénudée et magnifique avec son mur de brique, les interprètes s’élancent tour à tour à quelques minutes d’intervalles pour entamer une routine très physique. Ces 25 mouvements simples, qui se lient par oscillation et semblent s’enchainer presque en un seul, sont les mêmes pour tous et en même temps deviennent uniques alors que chaque danseur les exécute. 

Beaucoup moins harmonieux que le canon musical, le canon chorégraphique de Boris Charmatz prend parfois des allures de chaos. Mais au hasard du regard qui erre sur cette danse sauvage, le spectateur prend plaisir à lire le chaos en y repérant un début de routine, un milieu, une fin. C’est pourtant l’idée d’une chorégraphie sans début ni fin que Charmatz explore avec cette Levée des conflits. Emprunté à Roland Barthes, le titre de la pièce réfère à sa notion du neutre en tant que volonté de rendre invisibles les contrastes, les oppositions.

En cours de travail, la chorégraphie s’est un peu éloignée de cette idée initiale, mais en a gardé le titre. On y retrouve toujours, par contre, l’idée d’une œuvre  muséale qui est également à l’origine du projet de Boris Charmatz, fondateur du Musée de la danse de Rennes. En effet, comme au musée, le spectateur de Levée des conflits promène son œil libre et hasardeux sur l’oeuvre, fixant un interprète, contemplant un ensemble. Plus qu’une pièce de danse, on se croit devant une installation vivante, une sculpture. 

Puis, juste au moment où l’on croit avoir fait le tour de l’exposition, un mouvement nouveau se crée. Les corps définissent de nouvelles densités, le rythme s’accélère, ralentit, les danseurs se rapprochent de manière circulaire ou investissent plutôt un coin de la scène et laisse ainsi apparaitre de nouveaux espaces.

Dans Levée des conflits, le chaos émerge des corps, mais aussi du son. Assurée par Olivier Renouf, la réalisation sonore du spectacle est aussi bordélique, bigarrée et multiple que ces 24 corps s’agitant dans l’espace, entremêlant tous les instruments, du piano en passant par la trompette et la cornemuse. Composée par quatre artistes musicaux, la trame contient des extraits de plusieurs artistes, dont Miles David, Daniel Johnson, Angus McColl, Saul Williams et même RZA du Wu-Tan Clan et Fat Joe de Terror Squad. La conception d’éclairage de Yves Godin est également à l’image de cet éclectisme : d’orangé, la lumière se fera vive ou douce, verte, jeune, rouge, intense.

Comme une visite au musée, la Levée des conflits de Boris Charmatz se fait parfois un peu longue. Mais c’est plein d’énergie et apaisé qu’on sort de cette pièce méditative qui, par la répétition, nous dévoile la construction de la chorégraphie et nous donne l’envie de la reproduire à notre tour.

31-05-2013