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Festival TransAmériques - 29, 30, 31 mai 2012, 19h
IrakeseThe Debacle
Théâtre
En anglais
Un spectacle de Zuppa Theatre Co.
Conception et texte Ann-Marie Kerr et Susan Leblanc Crawford
Mise en scène et interprétation Andrew Cull

Sous la glace
Prostrée, échevelée, Margaret est entourée de centaines de pots Mason dans lesquels elle a enfermé ses secrets d’enfant. Lentement, précautionneusement, elle les ouvre, libérant peu à peu le chaos qui l’habite. Brisée par la douleur, elle s’accroche à des fragments de souvenirs qui évoquent une famille bientôt entièrement disparue. Il lui faut remonter le temps, structurer une mémoire affolée qui cherche à retrouver les moments d’innocence perdue.

À la fois metteure en scène et actrice, Ann-Marie Kerr incarne cette femme en éclats. L’esprit chavire, la douleur fait dériver, mais la parole interdit toute noyade. Drôle et déchirante, elle nous convie à un cérémonial plein de bruit et de fureur, de détresse et d’enchantement.

Puissant soliloque imaginé avec de menus objets symbolisant une vie sous verre qui soudainement se brise, The Debacle dresse l’inventaire d’instants fugaces, de petites fulgurances. De la vie qui bat, malgré la mort annoncée.

Ann-Marie Kerr

Effort collectif
Co-conceptrice du spectacle avec la dramaturge et comédienne Susan Leblanc-Crawford, Ann-Marie Kerr est metteure en scène et comédienne. Originale, innovatrice, elle est active dans plusieurs villes canadiennes. Si elle a monté des œuvres autant classiques que contemporaines, son grand plaisir réside principalement dans la création de spectacles qui bousculent les idées reçues. Avec sa compagnie This is a bird, basée à Toronto, elle a notamment conçu Imagining Gladys, un solo présenté dans des théâtres mais aussi des salons particuliers. Diplômée de l’École internationale de théâtre Jacques Lecoq à Paris, elle enseigne sa méthode entre autres à l’École nationale de théâtre du Canada.

ZuppaTheatre, auparavant ZuppaCircusTheatre, compagnie d’importance à Halifax, existe depuis 1998. Formée par Susan Leblanc-Crawford, Alex McLean et Ben Stone, la compagnie propose des spectacles initialement conçus de manière collective et accorde une grande importance à l’énergie corporelle de ses interprètes. La trame dramatique est constituée d’extraits de textes, de souvenirs et de souhaits des artistes participants. Two Easy Steps to the End of the World, première collaboration de la compagnie avec Ann-Marie Kerr, a reçu trois prix Robert Merritt en Nouvelle-Écosse. Créé en 2011, The Debacle a auparavant été présenté à Halifax et à Toronto.


Section vidéo
une vidéo disponible


Lumières Jess Lewis et Ingrid Risk
Rédaction Diane Jean

Création au Plutonium Playhouse, Halifax, le 12 avril 2011

Durée : 55 minutes

Tarif régulier : 20 $
30 ans et - / 65 ans et + : 20 $

Forfaits en vente 15% à 40% de réduction

En parallèle
Rencontre avec les artistes en salle après la représentation du 30 mai

Production Zuppa Theatre Co.


FTAProspero
1371, rue Ontario est
Billetterie : FTA - 514-844-3822 / 1-866-984-3822
Quartier général FTA : 300, boul. de Maisonneuve Est

 
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 Critique
Critique

par Olivier Dumas

Conçu par deux créatrices ayant élu domicile à Halifax, en Nouvelle-Écosse, The Debacle demeure au final un petit spectacle touchant, humain et sympathique avec sa fibre nostalgique.

La pièce de la compagnie Zuppa reprend un canevas connu, mais toujours riche de potentialités artistiques : celui de l’individu écarté du monde, abandonné des siens ou survivant d’une civilisation en pleine destruction.

Sur la scène du Prospero, nous voyons le décor d’une minuscule cabane en bois surélevée où une jeune femme, interprétée par la comédienne Ann-Marie Kerr, se remémore plusieurs souvenirs d’une vie douloureuse et brisée par certains aspects. Sur le plateau, un téléphone situé au niveau du sol sonne à plusieurs reprises, mais demeure inaccessible pour la protagoniste vêtue uniquement de ses sous-vêtements pour la presque totalité de la représentation. Le monologue s’amorce par un extrait de la chanson If you leave me now, une ballade romantique de 1976 interprétée par Peter Cetera du Groupe Chicago. Vulnérable et fragile avec ses cheveux courts, le personnage de Margaret vit seule, entourée d’innombrables pots en vitre où cogitent ses secrets d’autrefois. Graduellement et dans une progression dramatique soutenue, elle les ouvre pour laisser émerger toutes ces déchirures qui la hantent et la retiennent prisonnière dans son linceul. Celui-ci devient à la fois un refuge et une prison. Mais dans cet amalgame d’événements plus tragiques sur sa famille presque entièrement disparue, se pointent quelques faits plus cocasses qui témoignent de références emblématiques des années 1980, comme Thriller de Michael Jackson, le groupe canadien de glam-rock Platinum Blonde ou encore le mariage du Prince Charles et Lady Di. Un peu plus tard, pendant quelques secondes, la survivante s’éclate même sur la chanson Total eclipse of the heart.

Également metteure en scène, Anne-Marie Kerr a eu quelques idées intéressantes pour briser la linéarité souvent associée au solo, comme de jeter en direction du public les cubes de glace d’un sceau de métal. Par ailleurs, l’exigüité de la scénographie rend palpable l’atmosphère d’enfermement et de détresse qui imbibe cette courageuse héroïne refusant le silence et l’abdication. Entre la résistance et la révolte, gronde sa voix combative entre la fatalité et l’espoir.

Cinquante minutes après le lever du rideau, The Debacle se termine dans une certaine douceur. Sensible, le soliloque d’Anne-Marie Kerr et de Susan Leblanc Crawford constitue une charmante découverte des petites formes du théâtre du Canada des Maritimes. Même si la proposition théâtrale ne laissera probablement pas de traces indélébiles pour les festivaliers, elle apporte une touche curieuse à la programmation.

30-05-2012