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Trois Jours de Casteliers 2013 - 10 mars 2013, 13h30*
Fil blancLe Fil blanc
Pour adultes - 15 ans et +
Texte : José Babin, d’après le conte La Femme-montagne de Francine Alepin, José Babin et Nadine Walsh
Mise en scène : José Babin
Interprétation : José Babin, Nadine Walsh et Guido Del Fabbro au violon

Écoute mon amour
Écoute ma fille
Écoute la rivière

Une histoire de transmission et d’humanité
Une mère et sa fille au milieu du champ de bataille
Un spectacle où la vie bat malgré toutes les horreurs,
Où la tendresse guérit la terre qu’on déchire.
Il est question de la résistance ultime des femmes
et d’un espoir de beauté retrouvée.
Pour ce monde qui a désespérément besoin de poésie.

José Babin et Alain Lavallée sont les têtes chercheuses du Théâtre Incliné qui propose des oeuvres poétiques aux images fortes et percutantes. Ils affectionnent les espaces morcelés, où la matière, les corps, la lumière et la musique incarnent un « détail » de la toile complète. Un théâtre où le spectateur assemble les morceaux, une expérience théâtrale qui vous habite longtemps après. Fondé en 1991, le Théâtre Incliné vise principalement un public adulte et sa forme théâtrale se caractérise par l’utilisation de marionnettes, de comédiens et de théâtre d’ombres. Leurs spectacles sont diffusés au pays ainsi qu’à l’étranger, en Europe et en Asie.


Scénographie : Guy Fortin
Marionnettes : Leigh Gillam
Musique : Guido Del Fabbro
Éclairage : Alain Lavallée
Voix : Élizabeth Chouvalidzé, José Babin et Nadine Walsh
Complice à la création : Nadine Walsh
Complice à la dramaturgie : Francine Alepin
Assistance à la mise en scène : Karine Sauvé et Karina Bleau
Direction de production : Alain Lavallée
Photo : Caroline Laberge

Durée : 60 minutes

* Spectacle précédé et suivi de la courte forme Monger Memories

Production Théâtre Incliné (Laval)


Auditorium Paul-Gérin-Lajoie d'Outremont
475, avenue Bloomfield
A:24$ R:21$
 
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 Critique
Critique

par David Lefebvre

Créé en octobre dernier au studio Jean-Valcourt du Conservatoire d'art dramatique de Montréal, Le fil blanc de José Babin, inspiré d'un conte intitulé La femme-montagne écrit en collaboration avec Francine Alepin et Nadine Walsh, fut présenté lors de la dernière journée du festival les Trois jours de Casteliers. Cette fable quasi mythologique aborde la guerre et la violence faite aux femmes, mais toujours de façon imagée et poétique.

La femme-montagne, c'est la terre nourricière, c'est la femme paysanne, c'est celle que l'on connaît et ne connaît pas. Elle voit son ventre être mutilé par l'Ogre, un seigneur de la guerre, qui la viole à multiples reprises, ainsi que mille hommes et mille chevaux. De ce massacre naît pourtant Chose, petit être difforme, qui s'accroche à la vie. La femme parviendra à accepter cette présence qui s'impose auprès d'elle, et les deux êtres finiront par s'apprivoiser. Jusqu'à ce que l'Ogre revienne et sème le désastre encore une fois. Alors que la Femme et Chose croient qu'il faut dire à toutes les femmes de la terre de couper le fil de leur descendance, la petite créature se voit imposer un tout autre chemin, donnant elle aussi naissance à un être mi-cheval, mi-humain, résultat de ses larmes et de l'eau de la Rivière, et annonciateur d’espoir.

Cette création du Théâtre Incliné utilise la marionnette et la manipulation d'objet, jusqu'à ce que cette technique se mue en mime corporel et en jeu théâtral plus conventionnel. Babin et Walsh, en parfaite symbiose, passent aisément de marionnettistes à personnages, l’une portant l’autre comme une mère le ferait avec son enfant mutilé. Les deux créatrices utilisent ici beaucoup les matières premières : l'eau et le sable sont omniprésents lors de la représentation. La mère et la fille ramassant, dans les dunes ensablées, autour de leur geôle, les vestiges de la guerre : casques, bâillonnâtes, contenants de fer blanc.

Sombre est le plateau sur lequel les deux femmes évoluent. Les éclairages viennent faire ressortir que le corps des comédiennes et leur environnement immédiat, le reste n'est, apparemment, qu'obscurité. La narration en voix hors champ (d'Élizabeth Chouvalidzé), jumelée à la magnifique partition de violon interprétée en direct par Guido Del Fabbro, rend encore plus tragique la dimension déjà dramatique de ce conte tout aussi ancestral que contemporain.

La poésie visuelle et littéraire, aussi belle soit-elle, crée par contre une distanciation avec les sujets difficiles que Le fil blanc désire aborder, les rendant moins accessibles, moins « criants » de vérité. Il faut d'ailleurs être physiquement et moralement disposé à recevoir ce spectacle triste, funeste et dur pour pouvoir l'apprécier à sa juste valeur.

10-03-2013