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Du 1er au 12 novembre 2011, 20h, samedi 16h
Jaz
Texte de Koffi Kwahulé
Mise en scène Kristian Frédric
Avec Amélie Chérubin-Soulières

Séquestrée, interrogée, analysée, sans doute suppliciée, révoltée, contrainte mais jamais asservie, une femme raconte la cité futuriste en déliquescence qu'elle habite, sa soif d'absolu, le boulevard des Encens qu'elle dévale l'esprit embué de honte, le Bistrot de l'ange et l'histoire de Jaz ; Jaz qui est belle à réveiller un mort.

À l'instar de ses précédentes productions (Carnets de voyages), la compagnie LES DEUX MONDES conjugue multimédia et poésie, cette fois en collaboration avec le metteur en scène français Kristian Frédric (La nuit juste avant les forêts, Big Shoot) et la compagnie Lézards Qui Bougent.


Chorégraphies : Laurence Levasseur
Décor et costumes : Kristian Frédric
Conception de la robotique et de la vidéo Simon Laroche
Conception de la vidéo et réalisaiton des tournages Christian Pomerleau
Conception de l'éclairage : Nicolas Descôteaux
Conception sonore : Michel Robidoux
Direction technique et de production : Éric Lapointe

Carte Premières
Cartes Prem1ères
Date Premières : 1er au 5 novembre
Régulier : 25$

Carte premières : 12,50$
30 ans et moins 20$ - 65 ans et plus 20$
Groupe de 15 personnes et plus 18$
Carte CAMPUS 18$


Les Salons du CEAD 2011

Les salons du CEAD sont une série de rencontres conviviales avec des auteurs professionnels en résidence d'écriture ou de passage à Montréal qui viennent vous faire découvrir leurs pratiques théâtrales, leurs expériences et les spécificités de leurs milieux culturels.

Mardi 1er novembre à 17h – Au Théâtre Aux Écuries (7285, rue Chabot)
Salon avec Koffi Kwahulé
Avant la représentation de sa pièce JAZ, produite par Les Deux Mondes et la compagnie française Lézards qui bougent, et présentée jusqu’au 12 novembre au théâtre Aux Écuries, Koffi Kwahulé vous parle de ses oeuvres et de son parcours. La discussion sera animée par Étienne Lepage.

Né en 1956 à Abengourou (Côte d'Ivoire), Koffi Kwahulé est dramaturge, comédien et metteur en scène. Il commence sa formation à l'Institut national des arts d'Abidjan. Titulaire d'une bourse d'État, il poursuit ses études en France, à l'École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre de Paris (rue Blanche). Il obtient un doctorat d'Études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle Paris 3. Depuis 1977, il a écrit près d'une vingtaine de pièces. Dès ses premiers textes apparaît une écriture forte, qui dynamite l'usage habituel de la langue : écriture charnelle, conçue dans la violence immédiate que peut avoir l'oralité dans sa dynamique de parole abrupte ; écriture musicale, obsédante, brûlante et saccadée comme un rythme enfiévré de jazz. Il reste aujourd’hui l’un des auteurs dramatiques africains les plus joués au plan international. Traduites en plusieurs langues, ses pièces sont créées en Europe, en Afrique, aux États-Unis et au Canada.

Des rencontres peuvent s'ajouter tout au long de l'année.
Pour plus d’information www.cead.qc.ca


 

Créé avec le soutien du Conseil régional d’Aquitaine Direction culture + du ministère de la Culture et de la Communication – Dicréam + de l’aide à la résidence du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques + du ministères des Affaires étrangères - Cultures Frances + de la Commission internationale de théâtre francophone (CITF) + de la Commission permanente de coopération franco-québécoise + du Consulat général de France à Québec + du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec + du ministère des Relations internationales du Québec (MRI) + de la Direction régionale des affaires culturelles d’Aquitaine

Une production de Compagnie Lézards Qui Bougent - les Hauts de Bayonne + de la Compagnie de théâtre Les Deux Mondes

En coproduction avec la Scène nationale de Bayonne - Sud-Aquitain + le Théâtre À Châtillon + le Théâtre Georges-Leygues + l’USINE C + L’Espace Nuithonie + L’Oriental – Vevey + le Théâtre Toursky + L’Office Artistique de la Région Aquitaine – OARA (France)


Aux Écuries / Théâtre des Deux Mondes
7285, rue Chabot
Billetterie : 514 328-7437

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Dates antérieures

Du 4 au 15 décembre 2010, Théâtre des Deux Mondes

 
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 Critique
Critique

par Olivier Dumas

Jaz
Crédit photo : Nicolas Descoteaux

En 2005, l’association entre le metteur en scène français Kristian Frédéric et l’auteur d’origine ivoirienne Koffi Kwahulé avait frappé un grand coup avec Big Shoot. Créé à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier et repris par la suite, entre autres, à l’Usine C, ce spectacle était tout simplement remarquable par son osmose entre un texte puissant et une mise en scène prodigieuse. Leur nouvelle collaboration, un solo de soixante minutes intitulé Jaz, qui sans être d’une intensité aussi vertigineuse, constitue un très fort moment théâtral.

Présentée au Théâtre des Deux Mondes près du métro Fabre, cette création mondiale est en coproduction avec la compagnie française Les lézards qui bougent. Cette rencontre interculturelle entre le Québec, l’Afrique et l’Europe transcende largement les stéréotypes ou les discours préconçus pour ce genre de spectacle par son apport technologique représentant un monde futuriste hypersophistiqué. Avec une plate-forme hydraulique et ses nombreux écrans, le plateau ressemble beaucoup à l’univers de The Matrix des frères Wachowski.    

Le récit met en scène une jeune femme qui vient nous révéler la tragédie d’une dénommée Jaz. Pendant une heure, elle vient témoigner, ou plutôt crier son impuissance dans un monde de barbares. Soumise à la vigilance des machines, aux interrogatoires, aux stimulations sonores et sensorielles, elle tente encore de se révolter dans une nuit sombre qui ne laisse aucun espoir de rédemption.

La principale réussite de cette expérience théâtrale demeure le texte. Rythmée, syncopée, l’écriture de Koffi Kwahulé s’imprègne du meilleur du théâtre contemporain, c’est-à-dire cette capacité de raconter l’intolérable avec une économie de mots qui accentue le malaise. L’auteur explore les gouffres et décarcasse les idéologies consensuelles pour exposer une société totalitaire qui a abattu toute espérance de fraternité humaine. Dans Jaz notamment, la présentation du viol frappe l’imaginaire par sa précision chirurgicale qui évite heureusement toute trace de moralisme ou de pathétisme.

Seule en scène, Amélie Chérubin-Soulières livre une performance remarquable et athlétique. Charnelle et animale, la comédienne s’imprègne avec abandon des effroyables tragédies d’une femme bafouée dans sa dignité humaine, dernière résistante de tendresse et d’empathie d’un monde atomisé. Son monologue n’est pas sans évoquer le protagoniste de La nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès par son témoignage fondamental contre la solitude.

JazJaz
Crédit photo : Nicolas Descoteaux

Imprégnée de références cinématographiques et picturales, la mise en scène Kristian Frédéric rend bien le déséquilibre entre la vulnérabilité de l’individu et son environnement désincarné. La scénographie, conçue par Frédric, aidé à la robotique et à la vidéo par Simon Laroche, se révèle imposante, trop par moment. La machine enterre parfois la parole de l’actrice qui doit compenser en cris lors de passages plus introspectifs. La plume de Kwahulé révèle un art de la nuance exigeant un dosage parfait entre rage et chuchotement. La dernière demi-heure gagne beaucoup en intensité dans ces moments les plus dépouillés.

Il serait injuste de passer sous silence la qualité impressionnante de la conception sonore de Michel Robidoux et le travail du vidéaste Yves Dubé qui exposent avec une grande maîtrise technologique cet univers en pleine hécatombe.

Fusion de multiples talents, Jaz dévoile donc avec fracas que l’art constitue une illumination entre deux zones de ténèbres de la libération de l’angoisse, pour reprendre la pensée de l’écrivain autrichien Hermann Broch. Pour le public québécois, il est à souhaiter que surgissent d’autres rencontres entre Kristian Frédéric et Koffi Kwahulé dans un futur rapproché.

11-12-2010