Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Entre le 20 novembre 2015 et le 29 avril 2016 - plusieurs endroits, voir calendrier plus bas
Immigrant de l'intérieur
Théâtre de mouvement
Mise en scène Jackie Gosselin
Avec Yves Simard

Un théâtre du mouvement qui s’inspire de témoignages de jeunes et moins jeunes qui ont connu ou vécu l’immigration.

Créé en collaboration avec le Teatro O Bando du Portugal à l'occasion du projet international Boomerang–Traces of Property and Hope et à la suite de plus de 80 ateliers dans trois écoles primaires de l’arrondissement de Villeray–Saint- Michel–Parc-Extension, le spectacle solo interprété par Yves Simard de DynamO Théâtre, est mis en scène par Jackie Gosselin. Accompagné d’un musicien, un acteur raconte en mouvements, en paroles et en images les regrets et les espoirs d’une humanité en exil.

Échanges de voix, échanges de vues sur le thème de l’accueil de l’autre, un thème sensible pour la TOHU qui, en s’installant dans le quartier Saint-Michel, s’est ancrée dans une communauté multiculturelle avec laquelle elle entretient des liens étroits.


 

Durée 55 minutes

Tarifs
Gratuit

Sera aussi joué

20-21 novembre 2015
Maison de la culture Plateau-Mont-Royal
465, avenue du Mont-Royal Est
514-872-2266

4 et 7 février 2016
Maison de la culture de Côte-des-Neiges
5290, chemin de la Côte-des-Neiges
514-868-5160

24 mars 2016
Maison de la culture Villeray-St-Michel / Auditorium Le Prévost
7355, avenue Christophe-Colomb
514-872-6131

24-25 avril 2016
La Tohu
2345 Jarry Est
514-376-8648
[site web]

29 avril 2016
Maison de la culture Villeray-St-Michel / Auditorium Le Prévost
7355, avenue Christophe-Colomb
514-872-6131

Une production DynamO Théâtre en collaboration avec le Teatro O Bando du Portugal à l'occasion du projet international Boomerang–Traces of Property and Hope


 
______________________________________
            
Critique

Crédit photo : Pierre-Luc Schetagne

Dans Immigrant de l’intérieur, les compagnies DynamO Théâtre et Teatro O Bando du Portugal lient une réflexion sur l’intégration à une fertile imagination scénique.

«Croyez-vous qu’il sera possible d’inventer un monde où il n’y aura plus d’étranger», chantait avec ferveur la regrettée Pauline Julien. C’est dans un désir similaire d’humaniser la question épineuse, et souvent complexe, de l’accueil d’un immigrant dans un nouveau pays que s’est façonné la trame narrative de la production destinée aux enfants de huit ans et plus.

Pendant 55 minutes, nous suivons le périple du sympathique Antonio, qui a quitté son Portugal natal pour Montréal. Habitant au sixième étage d’un immeuble, le protagoniste doit se rendre régulièrement aux services d’immigration pour officialiser son nouveau statut de citoyen. Vêtu d’un long manteau et coiffé d’un chapeau noir, il se déplace d’un endroit à l’autre de la ville avec son vélo. Pourtant, en son for intérieur, se vit la dualité entre le désir d’une vie meilleure ici pour lui, sa conjointe et ses enfants, et la nostalgie des souvenirs d’un passé que l’on doit apprendre à laisser derrière soi. Antonio aura heureusement la chance de rencontrer Francis qui joue de divers instruments, dont le clavier et le violon. À ce tandem, s’ajoutent des témoignages filmés d’hommes et de femmes qui ont choisir de venir s’installer ici.

Sur le plateau, nous voyons, côté jardin, un arbre et, côté cour, le bureau de Francis. En plein milieu trône une imposante structure grise (à l’allure d’une montagne) qui représente brillamment les différents lieux de l’intrigue. Grâce à des poignées de porte qui apparaissent comme par magie, nous nous retrouvons entre autres devant la façade de l’immeuble où habite Antonio, ou encore dans la salle d’attente des bureaux d’immigration. Pour faire ressortir le cadre aliénant de ce dernier endroit, le comédien s’amuse à tracer des indications informatives avec une craie blanche sur le mur et sur le sol.  

Si le traitement dramaturgique des thèmes abordés demeure somme toute assez prévisible, la mise en scène de Jackie Gosselin apporte quant à elle de nombreuses et agréables surprises. Par exemple, Antonio ouvre dans le haut du décor une minuscule porte pour souhaiter une agréable nuit à sa progéniture. Dans une autre séquence à la fois comique et attendrissante, il dessine sur sa veste à manche courte le contour d’un petit carré. Il y dépose délicatement une poignée, afin de nous dévoiler un cœur rouge-vif. Du début à la fin, la pièce de théâtre s’apparente ainsi à une boîte à surprise. Son traitement permet d’illustrer pour le courageux père de famille la possibilité d’élargir ses horizons dans sa nouvelle existence. Peu de temps avant le dénouement, la projection d’un ciel bleu, ou encore la superposition de visages d’immigrantes et d’immigrants avec le sourire aux lèvres, nous montrent des fragments tangibles de cette poésie au message d’espoir.

L’interprétation juste et émouvante d’Yves Simard dans le rôle principal contribue grandement à l’intérêt de cet Immigrant de l’intérieur. Sans jamais tomber dans la caricature ou la tentation larmoyante, son portrait d’un Antonio déterminé à faire son bout de chemin dans cette société méconnue démontre une authenticité palpable. L’acteur compte heureusement sur la présence de Francis Guérard, son complice multi-instrumentiste. La prestation de ce dernier, lors des nombreux intermèdes musicaux, soutient adéquatement l’éventail des sentiments imprégnant le texte. Elle témoigne aussi d’une harmonieuse complicité, autant dans les scènes plus dynamiques que dans les plus mélancoliques, alors que la douceur du violon caresse les oreilles.

Avec une sensibilité curieuse et délicate, Immigrant de l’intérieur constitue en somme un beau témoignage théâtral sur la fraternité humaine. 

05-02-2016