Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Du 2 au 5 mars 2016
Les événements majeurs d'une vie (The Art of the Fuck You)
Texte Alain Mercieca
Mise en scène Alain Mercieca et Léalie Ferland-Tanguay
Avec Maité Sinave, Andre Simoneau, Mathieu Beauséjour, Léalie Ferland-Tanguay, Arnaud Doiron, Odrey Bégin, Valentina Nogalo, Alain Mercieca, et Marie-Noël Cyr

Une satire du monde contemporain tel que vu à travers les yeux de six meilleurs amis.
Lily aime les souliers. Tom non. Ils sont en amour.
Armando est un néo-macho. Il travaille dans la construction mais il pleure en écoutant sa fille jouer la flûte à bec.
Chris est une coiffeuse qui a peur de devenir des cheveux.
Judith est une actrice qui veut seulement jouer dans des films qui se déroulent dans les années 80.
Et Joe, journaliste pour LE DEVOIR fatigué de questions. Il veut des réponses.

Ils vont essayer de dire "fuck you".


Scénographie : Odrey Bégin et Marie-Michelle Castonguay

Tarif 12$ régulier :: 10$ étudiant

Une production Le Nouveau International


Théâtre Ste-Catherine
264, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie 514-284-3939
 
______________________________________
            
Critique

La vie, pour ces six amis, c’est la routine de la job, les engueulades de couple, l’alcool, amener sa fille (en retard) à l’école, Tinder, les soirées, être frustré de la job, être frustré de son couple… La vie de beaucoup d’entre nous, somme toute. Et la mélancolie qui s’installe dans ce quotidien, diffuse ; un besoin de bouger, de changer, de faire changer les choses. Bref, le spleen du XXIe siècle.

Si ces quelques lignes illustrent le côté noir et cynique des Événements majeurs d’une vie, il faut surtout souligner l’humour et l’aspect absurde et décalé qui débordent de chaque réplique. C’est drôle ! On rit beaucoup, beaucoup, au long de ce texte très contemporain d’Alain Mercieca, porté par la fraîcheur du jeu des neuf jeunes comédiens, dont deux d’entre eux ont également participé à la scénographie et à la mise en scène.

On suit une coiffeuse excédée, un gars de la construction qui se cherche depuis sa séparation et veut être un bon père, un couple ouvert qui se rend jaloux dans le polyamour, une actrice qui ne se retrouve pas dans la logique commerciale et un journaliste qui veut agir sur le monde au lieu d’en être juste le témoin. Autour d’eux gravitent un Anglais dragueur, une hippie française, un M. Bombardier plein-de-sous et autres personnages caricaturaux.

Et on n’oublie pas ce personnage du fond gauche de la scène et dont on ne voit que le visage, qui est tantôt télévision, tantôt grand-mère dans un tableau, tantôt secrétaire à son bureau ! Quand elle n’a pas la réplique, elle réagit à ce qui se dit par moult grimaces et soupirs. Chapeau bas à la comédienne qui, sans bouger de son cadre, arrive à attirer souvent l’oeil, volant parfois la vedette à l’action du devant de la scène.

On a surtout aimé la vie dans cette pièce : les acteurs rient beaucoup - parfois on ne sait plus si c’est dans la mise en scène -, improvisent (avec talent, on a d’ailleurs vu certains des comédiens sur des scènes d’impro), sortent de leur texte, volontairement ou non, en oublient des morceaux, et se prennent dans les bras avec effusion au moment de saluer. Tout cela ressemble à une grande répétition générale, un peu bancale, mais tellement assumée !

Le comédien anglophone bute souvent sur son français, sans qu’on arrive à savoir si c’est fait exprès, dans le cadre de son personnage de poète je-m’en-foutiste à la coupe Longueuil.  De toute façon, une petite table est installée dans un coin avec un ordinateur branché sur Netflix, pour les spectateurs qui s’ennuieraient et regretteraient d’être venus - «histoire d’être sûr de passer une bonne soirée quoiqu’il arrive».

Et puis c’est physique, sale, liquide : on se crache dessus pour figurer une douche, après qu’une des comédiennes a fait une grande crise de «pétage de coche» durant laquelle elle écrase violemment des oeufs un peu partout. Sans parler des nombreuses bières ouvertes, qu’on fait tomber ou gicler, et des cheveux coupés… L’équipe ose sortir du cadre, dans le ton, la mise en scène, mais elle le fait bien.

Cette pièce un peu folle s’accorde plutôt bien avec le petit théâtre Ste-Catherine, à l’ambiance relax et créative. La pièce est libre, fluide malgré tout, et les comédiens brisent allégrement le quatrième mur pour nous rappeler que le théâtre, c’est aussi nous, c’est aussi la vie. À bas les conventions théâtrales ? Après tout, le sous-titre de cette pièce est “The Art of the Fuck You”. Tout est dit.

04-03-2016