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Du 29 janvier au 14 février 2016
Cock
Théâtre
Texte Mike Bartlett
Mise en scène Liz Valdez

Mise en scène par Liz Valdez, lauréate d’un prix MECCA en 2012, Cock y va d’un dialogue incisif et impétueux exprimant les subtilités de l’interaction humaine et de la confusion sexuelle.

Au cœur même de cette comédie noire du très en vogue auteur britannique Mike Bartlett : la crise existentielle de John, un homme qui entretient depuis de nombreuses années une relation stable avec son compagnon et qui tombe soudainement amoureux d’une femme. Tout le monde s’interroge : qui est John ? Cette femme est-elle l’amour de sa vie ou John succombe-t-il inconsciemment au désir de vivre une vie hétéronormative ?

Pris entre doute, culpabilité et tentation, il s’adonne à l’exploration de ses fantasmes les plus enfouis et sombre dans le mensonge et les jeux de pouvoir. Par un enchaînement de répliques et de situations toutes plus percutantes les unes que les autres, l’auteur déclenche des éclats de rire en rafale tout en confrontant le bienfondé de nos conceptions de l’amour et de la sexualité. Un triangle amoureux qui traduit brillamment les questionnements des jeunes générations sur le couple et la catégorisation des orientations sexuelles. Jouissive et libératrice, voilà ce qui caractérise la toute première production de la compagnie Playshed.

Les artistes émergents Birdie Gregor, Jimmy Blais et Olivier Lamarche ont fondé Playshed en 2014 pour traiter de sujets hors-norme dans une perspective humaniste. Misant sur l’ouverture de l’imaginaire plutôt que sur l’hyperréalisme et sur l’humain plutôt que sur le matériel, ils cherchent à sortir des sentiers battus en métissant cultures, ethnies, genres et disciplines et entendent appliquer leurs valeurs écologiques à leurs choix artistiques.


Section vidéo


Photo Playshed

Tarif
25 $ – Régulier
20 $ – Réduit (Professionnel des arts – aînés – étudiants – Carte Accès Montréal – Membre du DAM, ELAN)
17 $ – Groupe (10 +)

Production Playshed (Montréal)


MAI (Montréal, arts interculturels)
3680, rue Jeanne-Mance, bureau 103
Billetterie 514-982-3386
 
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Critique

Crédit photo : Adrián Morillo

Dans une relation stable depuis des années avec un autre homme, John se voit soudain devenir l’amant d’une jeune femme, presque malgré lui. Aimant à la fois cet homme qui le renvoie à une certaine stabilité et à l’image qu’il s’était toujours faite de lui-même, et cette femme, qui provoque de nouvelles expériences tout en lui donnant une possibilité nouvelle de « normalité » et de paternité, John ne sait plus où donner de la tête. Dans une naïve tentative d’honnêteté et de transparence, il informe tant l’amoureux que la maîtresse de l’existence de l’autre, provoquant ainsi une sorte de compétition dans laquelle les deux individus seront prêts à tout pour tenter de convaincre leur homme de demeurer à leur côté. Le tout se soldera par un lamentable souper où tous se rencontreront ; l’homme, la femme, John et même son beau-père !

La mise en scène de Liz Valdez est très sobre ; les objets sont mimés et les lieux sont démontrés par le jeu des acteurs. Les déplacements, généralement plutôt symboliques, permettent aux spectateurs d’avoir différents points de vue de la scène. La scène est elle-même assez épurée ; des bas de mannequins couleur bronze, des pieds aux hanches, sont placés en demi-cercle, fesses vers le public et un lustre, auquel est accroché une multitude de caleçons, est suspendu au plafond. À l’arrière, un cyclorama change de couleur au gré des scènes.

Toute la place est véritablement laissée au texte, savoureux petit bijou de l’auteur britannique Mike Bartlett. Le langage parfois un peu cru des amoureux trompés, le pathétisme du héros et les malaises qui s’enchaînent inévitablement provoquent à coup sûr des rires francs et cruels. Les acteurs, Mike Payette, Eloi Archambaudoin, Mélanie Sirois et Michel Perron campent leurs personnages avec justesse et simplicité, mordant dans les mots.

Le triangle amoureux : thème si souvent exploité au théâtre et pourtant, la pièce Cock réussit tout de même à se distinguer par son humour noir, sa finale où le malaise règne en maître, ses personnages attachants et la simplicité de la mise en scène.

30-01-2016