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5-6 mars 2015, 20h, 7 mars 14h et 20h
Silence en coulisses!
Texte de Michael Frayn
Mise en scène Françoise Tremblay.
Avec Sébastien Baraud, Élie Buisson, Robert Chartier, Tiffany Clovin, Emili Melgar-Escalante, Marie-Julie Longeau Jimerson, Nicolas Minel, Elyne Rossetti, Yann LeTiec

Les comédiens sont des créatures étonnantes. On les admire, on les adore mais derrière le décor, c’est une toute autre faune qu’on découvre. Et quand ces créatures hautes en couleur se déchaînent sur la scène, on peut être sûr que le spectacle sera une catastrophe… complètement géniale.

Silence en coulisse qu’on a qualifié de « cauchemar théâtral » est une comédie complètement folle qui finira peut-être par connaître un succès interplanétaire. Un défi de taille pour des comédiens qui n’ont pas froid aux yeux.


 

Billets : prévente 15$, à la porte et réservation 18$

Production La Cour à Côté


Centre Culturel Calixa-Lavallée (salle Paul Buissonneau)
3819, rue Calixa-Lavallée, Parc Lafontaine
Billetterie :514-899-5257
 
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 Critique
Critique

Crédit photo : Frédérico Ciminari

par Olivier Dumas

Avec L’affiche, Philippe Ducros écrit et dirige un spectacle inspiré par des séjours prolongés dans les territoires occupés palestiniens. Œuvre personnelle et dense à la fois, la pièce demeure malgré tout trop cérébrale. Bien que le spectacle évite les clichés et lieux communs, il lui manque une ferveur pour véritablement happer le public devant cette tragédie humaine incommensurable.

Texte touffu avec son nombre élevé de courtes scènes et de personnages, L’affiche s’adresse surtout à un public le moindrement averti du contexte sociopolitique du conflit israélo-palestinien. L’histoire s’amorce avec Abou Salem, un imprimeur d’affiches de martyrs qui se retrouve un jour à imprimer celle de son fils unique Salem, mort par balle lors d’un affrontement. Oum Salem, la mère du martyr, ne vit rien d’autre qu’une profonde haine envers les assassins de son fils. Par ailleurs, Itzhak, le soldat responsable du meurtre de Salem, s’interroge sur la violence de son geste. Tout au long de la pièce, on passe sans cesse d’un camp à l’autre des drames qui se jouent des deux côtés de ce mur de huit mètres de haut construit par Israël.

Le plateau, presque vide avec en évidence à l’arrière-scène le mur de béton du théâtre, prend une dimension symbolique de ce qui sépare physiquement et psychologiquement les protagonistes. Les comédiens se retrouvent toujours sur scène, soit dans le feu de l’action, soit en attente sur les chaises placées des deux côtés de l’espace de jeu. Avec seulement quelques objets, le metteur en scène réussit à recréer assez habilement les différents lieux de l’action dans une atmosphère imprégnée de tensions et d’urgence. Parmi les moments forts à souligner, il y a l’expression du désespoir de la mère de la victime (une solide et émouvante Isabelle Vincent), la révolte du soldat Itzhak (un surprenant François Bernier) et les simulations d’attaques terroristes. Sans être exceptionnelle, la crédible distribution permet tout de même, en plus des deux comédiens mentionnés plus haut, à Denis Gravereaux et Michel Mongeau de se démarquer, le premier dans le rôle du père éprouvé, le second dans le double emploi du barbier islamiste et du rabbin orthodoxe.


Crédit photo : Frédérico Ciminari

Dans les entrevues publiées les jours précédant la première, Philippe Ducros exprimait son désir de traiter l’occupation palestinienne par l’émotion afin de comprendre les effets dévastateurs des événements sur les êtres humains. Et l’émotion est peut-être le sentiment qu’une bonne partie du public aurait aimé davantage ressentir durant ce long parcours de deux heures. La construction du texte, avec ses innombrables actions et ses multiples personnages, laisse voir un éparpillement qui dilue la compréhension de l’histoire. La plume de Ducros, pourtant plein de poésie à certains moments, parvient peu à nous faire ressentir la souffrance, le désespoir et les dilemmes profonds vécus par les personnages. Nous nous retrouvons souvent en surface, en périphérie comme si l’auteur n’avait pas puisé suffisamment dans ses tripes, ou fouetté son sujet pour en livrer un témoignage personnel d’une troublante vérité. On se rappellera qu’avec Incendies, Wajdi Mouawad traitant d’un conflit similaire, avait atteint un sommet théâtral dans sa manière de raconter, de faire ressentir de l’intérieur et de transcender une tragédie meurtrière et sanglante.   

Bien qu’évitant le larmoiement et le convenu, le spectacle de Philippe Ducros ne répond pour autant aux attentes du spectateur. Avec un canevas aussi intéressant, L’affiche aurait dû se frayer un chemin aussi près du cœur que de l’esprit.

05-12-2009