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30-31 octobre 2014, 1er novembre 2014, 20h
ItmoiiTMOi (in the mind of igor)
Avertissement : fumée et musique forte
Texte Ruth Little. 
Directeur artistique, chorégraphe Akram Khan
Matériau chorégraphique travaillé et interprété par Kristina Alleyne, Sadé Alleyne, Ching-Ying Chien, Sung Hoon Kim, Denis 'Kooné' Kuhnert, Yen-Ching Lin, TJ Lowe, Christine Joy Ritter, Catherine Schaub Abkarian, Nicola Monaco, Blenard Azizaj

Quand on lui a commandé une œuvre pour le centenaire du Sacre du printemps, Akram Khan a su d’emblée qu’il offrirait un écho ultra contemporain à cette œuvre mythique plutôt que d’en livrer une nouvelle vision revisitée. Il s’est donc inspiré de la personnalité d’Igor Stravinsky pour créer cette épopée dantesque menée tambour battant par 11 danseurs prodigieux. Au thème du sacrifice s’ajoutent ceux de l’amour, du mariage et de la foi. De la composition de Stravinski, ne restent que 30 secondes glissées entre les partitions de Jocelyn Pook, Ben Frost et Nitin Sawhney, compositeur de Vertical Road, œuvre d’Akram Khan programmée par Danse Danse en 2011, après In-I, mémorable duo avec l’actrice Juliette Binoche, en 2009 et ma en 2006.

En résulte une série de tableaux éclectiques dans lesquels les cultures et les époques se mélangent tandis que les mouvements véhéments du kathak de l’Inde épousent une danse contemporaine animale qui flirte avec le folklore russe, le hip hop, le flamenco, le butô et convoque même la gestuelle des derviches tourneurs.

Une œuvre entre poésie délicate et énergie vitale, qui captive le regard, stimule l’imaginaire et cloue littéralement le spectateur à son siège.

Londonien d’origine bangladaise, Akram Khan mène une quête identitaire et spirituelle dans des solos de kathak époustouflants et des œuvres de groupe où il collabore avec des artistes de la danse, de la musique, des arts visuels, du théâtre et de la littérature. À 40 ans, il a reçu plus de 20 prix et presque autant de nominations. Il est artiste associé au Sadler’s Wells de Londres et à la MC2: Grenoble, où iTMOi a été présentée en première mondiale en mai 2013.


Section vidéo


Costumes Kimie Nakano 
Lumières Fabiana Piccioli
Scénographe Matt Deely
Recherchiste Joel Jenkins
Assistants chorégraphiques Andrej Petrovič, Jose Agudo
Conception et construction scénographique Sander Loonen, Firma Smits
Son Nicolas Faure. 
Équipe technique en tournée : 
Coordonnateur technique et aux éclairages Richard Fagan
Son Nicolas Faure
Costumes et accessoires Leila Ransley
Technicien Marek Pomocki
Directrice de tournée Lies Doms.

Rencontre après spectacle : 31 octobre

Tarif : 63,00 $ | 55,50 $ | 48,50 $ | 34,00 $
Billets à prix d’abonnement : disponibles jusqu’au 1er novembre 2014.
Tarif jeunesse (30 ans et moins) disponible à partir de la Section B : 20 % de réduction sur le prix courant (preuve d’âge exigée, en personne seulement).
Les prix des billets réguliers sont sujets à changement sans préavis

iTMOi contient 30 secondes de la pièce musicale Le sacre du printemps de Igor Stravinsky, jouées trois fois et avec la permission de Boosey & Hawkes.

Production Akram Khan Company

Présentation de Danse Danse


Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
Place des Arts
Billetterie : 514-842-2112
 
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 Critique
Critique

par Marie-Luce Gervais


Crédit photo : Jean-Louis Fernandez

Le Sacre du printemps d’Igor Stravinski est une oeuvre russe qui fut maintes fois reprise et adaptée au fil du temps. Plusieurs grands noms tels Martha Graham, Maurice Béjart, Angelin Preljocaj et Pina Baush ont livré leur propre version de ce grand ballet. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Akram Khan fut d’abord perplexe lorsqu’il s’est fait commander une œuvre pour souligner le centenaire de ce grand classique. Puis, effectuant ses recherches, il put découvrir la richesse du parcours et la personnalité d’Igor Stravinski et décida de s’en inspirer pour créer sa propre adaptation qu’il appellera iTMOi ou in the mind of Igor. Cette nouvelle création n’est désormais plus qu’un écho moderne de l’œuvre originale ; c’est surtout une plongée dans l’esprit éclectique et tourmenté du compositeur.

Du Sacre du printemps, Khan ne conserve qu’un 30 secondes qui vient ponctuer à quelques reprises la nouvelle trame sonore. Il dit de Stravinski qu’il « a été un modèle, un éclaireur, un guide. Il a transformé le classicisme de la musique en suscitant les émotions par des motifs rythmiques et structurels résonnant avec l’histoire d’une femme qui danse jusqu’à en mourir. Cette approche a été une grande source d’inspiration. » Ainsi, Khan réutilise l’essence même du travail du compositeur en jouant avec les différents rythmes, en plus de conserver la notion de sacrifice de l’œuvre originale.


Crédit photo : Jean-Louis Fernandez

Le spectacle s’ouvre sur une inquiétante incantation d’un prêtre, qui apparaît et disparaît dans un incroyable jeu de lumière, sous une lune noire. À travers ses grommellements, un mot résonne comme un écho précurseur au nœud dramatique : sacrifice. S’enchaîne ensuite une succession de tableaux aux atmosphères hétérogènes et aux rythmes antagoniques. Les personnages défilent, dans toutes leurs contradictions, des liens se tissent entre eux, des positions se prennent face au sacrifice d’une jeune femme, le tout dans un univers vaporeux digne d’un rêve où se mêle une multitude de référents culturels.

Ce spectacle s’adresse davantage aux sens qu’à l’intellect, et ceux-ci sont tout en émoi. Les 11 danseurs livrent une performance époustouflante qui tient littéralement le public en haleine du début à la fin. Les éclairages, de Fabiana Piccioli, créent une ambiance surréelle. Leur précision permet aux danseurs de se servir des différentes zones d’ombres et de lumières comme des coulisses qui les absorberaient et les recracheraient de manière surnaturelle. La musique, composée par Jocelyn Pook, Ben Frost et Nitin Sawhney, alterne silences, rythmes effrénés, juxtaposition de styles et sons blancs, ratissant un large répertoire composé à la fois de musique traditionnelle et électronique, en passant aussi par le chant religieux et le classique.

iTMOi, c’est une succession de tableaux fragmentés, c’est un univers onirique où le rêveur est à la fois témoin d’une grande beauté et d’une cruauté tout aussi proportionnelle ; c’est une musique hypnotique sur laquelle évoluent de nombreux personnages profondément humains, tiraillés par toutes leurs contradictions.

02-11-2014