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Du 12 au 14 novembre 2014, 20h, 15 novembre 16h
6,36,3 Évanouissements
Création québécoise, première
Chorégraphes et interprètes : Fortner Anderson, Marc Boivin, Michel F Côté, Sophie Corriveau, Benoît Lachambre, Catherine Tardif

Mise en commun de talents et d’imaginaires différents pour élaborer une grammaire nouvelle, 6,3 Évanouissements convie à la danse six fidèles complices pour une carte blanche peu banale. À tour de rôle, ils sont sollicités comme interprètes et comme chorégraphes. Toujours sur scène, que ce soit en mineur ou en majeur, ils jouent, au gré des besoins, une partition à géométrie variable. Dans sa légèreté évanescente comme dans le poids du corps qui tombe, l’évanouissement est le seul impératif avec lequel ils doivent composer. Tout en finesse et en intelligence, des états de grâce tentaculaires se télescopent, fusionnent rebondissent ou se confrontent loin de toute velléité virtuose. Sous la supervision de Catherine Tardif et Michel F Côté, approche brute et infinie délicatesse se côtoient. Entre pensées singulière et collective, un cadavre exquis irréel prend forme, se donne à voir issu des fantaisies mêlées de six créateurs aguerris.


Section vidéo


Direction artistique : Catherine Tardif, Michel F Côté
Direction musicale : Michel F Côté
Éclairages : Marc Parent
Photo : Marc Coudrais

Parole de chorégraphe : 13 novembre

Billet : 28 $ (22 $ pour les aînés, 20 $ pour les étudiants, les professionnels de la danse et tout spectateur de 30 ans et moins)

Une codiffusion de l’Agora de la danse et de Danse-Cité. La création de ce spectacle a été rendue possible grâce au soutien financier du Conseil des arts et des lettres du Québec et de Danse-Cité. Ce projet a bénéficié d’une résidence de création à l'Agora de la danse.

Une production de Danse-Cité en collaboration avec Et Marianne et Simon


Agora de la danse
840, rue Cherrier
Billetterie : 514 525-1500, réseau Admission 514 790-1245
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 Critique
Critique

par Sara Thibault

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Crédit photo : Nicolas Ruel

Avec le spectacle 6,3 Évanouissements, Catherine Tardif et Michel F. Côté proposent une réflexion sur le thème de l’évanouissement en réunissant six chorégraphes-interprètes sur la scène. Parmi eux, Fortner Anderson, bien connu sur la scène du spoken word montréalais, expérimentait la danse pour la première fois. S’ajoutaient aussi Benoît Lachambre, Sophie Corriveau et Marc Boivin, des figures incontournables de la danse contemporaine québécoise.

6,3 Évanouissements oscille entre la danse, le théâtre et la performance. Sur scène cohabitaient les interprètes, la régie et les éclairages ; l’appareillage technique faisait littéralement partie de la scénographie du spectacle. Un petit écran d’ordinateur ajoutait une dimension ludique à l’œuvre en dédoublant des passages ou en permettant au public d’avoir accès à des parties de la scène situées au-delà de son champ de vision.

Alors que 6,3 Évanouissements devait d’abord prendre la forme de six courtes pièces présentées en rafale, les artistes ont plutôt choisi de créer un cadavre exquis permettant de reconnaître des bribes du style de chacun des chorégraphes tout en fusionnant leurs univers. Tous ont eu carte blanche pour mettre en relief la polyvalence du concept d’évanouissement, les mouvements de chute qu’il implique et les questionnements qui en découlent. La question à l’origine de la création du spectacle était la suivante : où part notre esprit entre le moment de la perte de conscience et celle du réveil ? L’éclectisme des propositions de chacun des artistes provoquait une perte de repères et un onirisme qui servaient parfaitement le spectacle. L’utilisation de nourriture a notamment donné lieu à deux moments parmi les plus forts de la soirée, le premier où trois des interprètes pressaient des petits fruits rouges dans leurs mains et en laissaient couler le jus pour imiter des coulisses de sang, et le second où des pommes étaient mastiquées par les danseurs, puis recrachées sur toute la scène.

La conception sonore était assurée par Michel F. Côté, déjà bien connu dans le domaine du théâtre et du cinéma. Les bruits et la musique participaient grandement à l’atmosphère de la soirée. Les interventions au micro de Catherine Tardif, ponctuant le spectacle, étaient notamment très réussies, de même qu’une chanson interprétée par Anderson alors qu’il était étendu par terre.

Par contre, la tentative de multiplier les lieux où se déroule la représentation n’était pas des plus réussies. 6,3 Évanouissements débutait dans le hall d’entrée où trois danseurs en transe restaient assis sur des chaises pendant quelques minutes durant lesquelles les spectateurs étaient invités à entrer directement sur scène et à se placer debout autour de la danseuse Sophie Corriveau qui exécutait un magnifique solo. Puis, le public s’assoyait enfin dans la salle pour assister au spectacle de manière un peu plus traditionnelle. Sans doute y aurait-il eu moyen de mieux incorporer cette entrée en trois étapes.

Plusieurs chorégraphes en danse contemporaine semblent se tourner vers un art qui serait plus conceptuel et moins axé sur les prouesses techniques. 6,3 Évanouissements peut être associé à ce type d’esthétique où la créativité et l’imaginaire sont mis de l’avant pour soulever autrement des questionnements volontairement laissés en suspens.

16-11-2014