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Du 22 août au 8 septembre 2012, du mercredi au samedi, 20h
OleannaOleanna
Texte David Mamet
Traduction: Vincent Côté
Avec / mis en scène par: Olivia Palacci et Vincent Côté

Une étudiante qui est en train d'échouer son cours dans une université, vient voir son professeur dans son bureau.
Il lui fera une proposition qui déclenchera une spirale surprenante qui ne laissera personne indemne. 
Une joute verbale, émotive et intellectuelle époustouflante! 
Une pièce qui nous ébranle dans nos convictions et nous fait voir la réalité autrement.

David Mamet, à son meilleur.

À propos du Théâtre du Vaisseau d'Or
Le Théâtre du Vaisseau d'Or, qui nous avait présenté la fausse course à la chefferie Théâtre Extrême partout au Québec et ailleurs au Canada, prend la rentrée théâtrale et scolaire d'assaut avec une pièce percutante.  OLEANNA de David Mamet lance le public dans un constant débat intérieur.  Depuis sa création, la pièce suscite des débats à chaque représentation.  
Peu importe le parti que vous prendrez, vous aurez tort.


Section vidéo
deux vidéos disponibles

     

Décors, costumes, accessoires: Fruzsina Lanyi
Éclairage: Stéphanie Raymond
Régie: Julie Lebeau
Oeil extérieur: Jean-Guy Legault

Étudiants\UDA\65 ans et + : 20$
Adultes: 25$
(Taxes incluses.  À payer comptant à la porte)

Site Facebook de l'événement: https://www.facebook.com/events/500106490016588/

Une production du Théâtre du Vaisseau d'Or


École nationale de théâtre, salle Pauline McGibbon
5030, rue St-Denis
Billetterie : 514-550-2025 ou vaisseau.dor@gmail.com
 
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 Critique
Critique

par David Lefebvre

Vous n’avez pas le POUVOIR.
- Carole

Montée pour la toute première fois il y a maintenant 20 ans comme production initiale du Back Bay Theatre Company de David Mamet, Oleanna a depuis connu un certain succès : au cinéma, avec William H. Macy et Debra Eisenstadt, et sur scène, notamment à Londres, dans une mise en scène signée par le célèbre Harold Pinter, et récemment sur Broadway, avec Bill Pullman et Julia Stiles. La troupe du Vaisseau d’Or, fondée par Jean-Guy Legault et maintenant dirigée par Vincent Côté, réunissant d’anciens étudiants du Collège Jean-de-Bréboeuf, s’approprie avec habileté ce texte de Mamet et nous fait (re)découvrir, grâce à une nouvelle traduction et une astucieuse adaptation de Vincent Côté, toute la force et la qualité d’écriture du prisé auteur américain.

Oleanna n’est pas une pièce facile. Elle pousse autant les acteurs que les spectateurs à prendre parti, en forçant ceux-ci à foutre au centre de l’arène ses préjugés et ses valeurs pour s’apercevoir, en fin de partie, que personne n’aura raison, quels que soient les arguments. Ce texte, brillant, fait s’affronter un professeur légèrement imbu de lui-même, prônant « l’inutilité du système et de l’éducation universitaire » tout en profitant de celui-ci, qu’il critique pourtant avec dédain dans ses cours, et une élève qui se bat pour y entrer, pour faire partie de ce système, et qui arrive à peine à comprendre la matière. Devant lui, elle a de la difficulté à s’exprimer, et dès qu’elle essaie, il est dérangé incessamment par des appels téléphoniques concernant l’achat d’une maison. Il tente pourtant de l’aider, parce qu’il « l’aime bien », mais après cette première rencontre, elle fait une plainte contre lui, l’accusant de sexisme, de racisme et d’attouchements sexuels : si chaque geste inscrit dans le rapport est réellement arrivé, donc irréfutable, la description biaisée (ou non?) de cesdits gestes jette un tout autre regard sur leur nature et leurs intentions premières. L’homme perd ainsi sa crédibilité, une chance d’accéder à un poste de tutorat et la nouvelle maison qu’il désire acquérir pour sa famille.

Oleanna est une pièce sur le pouvoir ; celui possédé par l’autorité, mais surtout celui des perceptions, des perspectives. Elle démontre comment une personne se sentant offensée, désabusée, peut manipuler l’information intentionnellement ou pas (là est tout l’intérêt de la pièce) et faire tomber de son piédestal celui qu’elle croit être le symbole ou la source de son incompréhension. S’insurger et agir contre l’outrance portée à ce qu’elle considère d’une importance capitale, soit son intégrité en tant que femme et en tant qu’étudiante, dépassant même sa propre personne, et faire en sorte d’avoir le dessus, sans équivoque, quitte à ébranler la vie de l’autre, comme elle sent sa propre vie en jeu à chaque test ou examen auquel elle doit répondre, à chaque décision arbitraire du corps professoral.

La mise en scène à quatre mains, de Vincent Côté et de sa partenaire de jeu et ancienne étudiante Olivia Palacci, est naturelle et précise. Le choix de l’endroit (l’École nationale de théâtre) et la configuration de la salle – les spectateurs prenant place, en cercle, autour du bureau du professeur – s’avèrent tout à fait judicieux ; assis tout près des protagonistes, le spectateur devient le témoin invisible et privilégié de ce drame tout aussi glacial qu’incendiaire. Le texte est sans contredit l’attrait principal de la pièce, grâce à la performance des deux excellents comédiens. Si la Carole d’Olivia Palacci est d’abord timide et confuse, manquant totalement de confiance en elle, elle gagne en assurance et devient rapidement malicieuse, voire dangereuse, alors que le professeur de Vincent Côté attire rapidement la sympathie, malgré son côté pédant et possiblement prétentieux – un trait de personnalité qui mériterait, par contre, d’être davantage exploité.

Mais là où la mise en scène se démarque, possiblement, des autres moutures connues, c’est dans le choix d’écarter de l’enjeu de la pièce l’ambigüité de l’attirance physique ou sexuelle du professeur envers l’élève – jouée traditionnellement par une très belle jeune femme – pour plutôt exploiter et fouiller avec un réel plaisir tous les questionnements et les réflexions sur l’éducation, l’autorité et la manipulation consciente ou inconsciente des événements vers l’obtention d’un but très précis : donner une sévère leçon. Mais quelques questions demeurent : l’homme la méritait-il à ce point? Pourquoi fait-elle tout ceci exactement? Est-elle simplement naïve ou profite-t-elle de cette situation pour enfin se faire voir et entendre, mais surtout, pour gagner?

Fascinante et passionnante lecture de ce texte très près de l’actualité, avec les récents soulèvements étudiants et les questionnements sur la réalité de l’enseignement universitaire, cette version d’Oleanna du Vaisseau d’Or offre un match oratoire qui ébranle et qui déclenche, après la fin du spectacle, de nombreux débats sur nos positions envers les deux personnages ; à voir absolument.

23-08-2012