Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Du 26 septembre au 20 octobre 2012, 20h
DishwasheursLes Dishwasheurs
Texte Morris Panych
Adaptation et mise en scène par Stéphane Demers.
Avec François Papineau, Stéphane Crête, Jacques L'Heureux et Benoît Drouin-Germain

Dishwasheur. Laveur de vaisselle. Un emploi ? Une vocation ? Une déchéance ?

Un jeune homme d'affaires ayant tout perdu se retrouve forcé à faire la plonge dans un grand restaurant. Ironie suprême, il était un client régulier de l'établissement, il se retrouve maintenant obligé d'en découvrir les coulisses, le travail abrutissant, l'humiliation de tous les jours, l'absence absolue de considération de la part des patrons, et la tension constante d'avoir à travailler avec des hommes qui eux, sont de vrais dishwasheurs et qui, non seulement assument très bien leur position dans la « chaîne alimentaire », mais qui en tirent même une certaine fierté.

Travailler, c'est être essentiel.

Si on ne travaille plus, qu'est-ce qu'il reste de notre essence ?


Section vidéo
deux vidéos disponibles

     

Assistance à la mise en scène et régie Colette Drouin
Scénographie et accessoires Geoffrey Levine
Conseillère scénographie Samantha Scafidi
Lumières Martin Sirois
Conception sonore Jean-Frédéric Messier
Costumes et accessoires Sharon Scott
Maquillage Florence Cornet
Direction technique Hugo Hamel
Direction de production Judith Saint-Pierre
Chanson thème Hoshelaga

Une production Théâtre Momentum - page Wordpress de la pièce


Ateliers Jean-Brillant
661 Rose de Lima
Tarif de prévente (avant le 20 septembre) : 18 $
Dès le 21 septembre : 23 $
À la porte : 30 $ | 25 $ pour les 25 ans et moins.
(ARGENT COMPTANT SEULEMENT - aucune réservation)
 
______________________________________
 Critique
Critique

par Pascale St-Onge

Dishwasheurs : Nous sommes essentiels


Crédit photo : Caroline Hayeur

Théâtre Momentum revient aux sources et sort des théâtres pour revenir aux spectacles in situ, pratique qui a marqué les débuts de la compagnie, et nous offre Les Dishwasheurs, traduction d'un texte du Canadien Morris Panych, adaptée ici par le metteur en scène du spectacle Stéphane Demers.

Les ateliers Jean-Brillant prennent l'allure d'un sous-sol de grand restaurant où le son de la vaisselle est continu et obsédant. C'est d'ailleurs la première chose que l'on remarque au moment de prendre place dans la salle. Ici, l'homme, le dishwasheur, est davantage une machine qu'un employé, vu l'absence totale de considération des patrons « en haut » et la rigueur manuelle qu'exige l'emploi. Ceux qui y travaillent considèrent cette vocation comme une fierté ; leur emploi est essentiel au bon déroulement d'une journée dans ce grand restaurant. Un habitué de l'endroit perd tout et doit remonter la pente. Ironiquement, il trouve un emploi comme dishwasheur pour le restaurant qui témoignait autrefois de sa prospérité.

Dans ce lieu théâtral non conventionnel (quoiqu'il le devient de plus en plus) et fort bien investi par la scénographie pointilleuse et réaliste, ce lieu où il se lave de la vaisselle à journée longue devient, pour les employés, un monde à part, avec ses propres règles. Lors de l'arrivée d'Emmett, le « new  guy », on se demande si c'est lui le plus affecté par ce changement ou si ce n'est pas plutôt lui qui ébranle ce petit univers fermé où soudainement la notion du temps qui passe revient à l'esprit des différents employés.

Au-delà d'autres qualités incontournables du spectacle, le jeu des comédiens marque davantage par son étonnante qualité. Pensons à cette routine machinale acquise par le méconnaissable François Papineau, lui-même inébranlable dans son jeu de l'employé fier et qui ne se pose pas trop de questions sur l'avenir, et à la performance saisissante de Jacques L'Heureux, qui vaut à elle seule le détour. Stéphane Crête, pour sa part, se démarque tout de même, malgré un jeu moins incarné que ses partenaires de jeu et l'utilisation de quelques mimiques qui lui sont déjà associées.

Au royaume du « J'aurais donc dû », à travers ces fascinantes discussions de philosophie de bas étage entre les personnages, avec une poésie qui leur est propre malgré un certain manque d'éducation, la vision du travail qui découle de l'ensemble de la pièce est préoccupante : des gens exploités acceptent leur sort et voient toute forme d'ambition comme un obstacle à une vie tranquille et agréable. À la fois, le nouveau venu, hanté par sa défaite, a un rapport complètement inverse à son travail, véritable obstacle contre le bonheur. Plus le temps passe, plus la vie extérieure semble lointaine, irréelle et désolante et le spectacle nous apparaît comme une citation à peine cachée de l'allégorie de la caverne de Platon avec certaines allusions aux luttes de classe évidentes.

Quelques longueurs meublent la fin du spectacle et la fin, quelque peu prévisible, nous semble moins précise et juste que le reste de la représentation, mais tout de même, Les Dishwasheurs mérite une attention particulière de la part de son public. Le temps est irrémédiable, poursuit son chemin et change notre perception de la vie, de nos rêves et ici, plus précisément, du travail auquel on sacrifie la majorité de notre existence. Qu'y a-t-il en dehors du travail? Pour certains, des rêves, pour d'autres, une réalité dont on préfère garder ses distances.

29-09-2012