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Du 28 mars au 6 avril 2012, à 19h30
Tout à votre coeurTout à votre coeur et De quel rêve étrange je m'éveille
Programme double
Inspiré des écrits d'Alfred de Musset
Mise en scène et montage Katia Gagné
Avec Danny Gagné et le violoniste Simon Claude (Tout à votre coeur) et Simon Claude, Danny Gagné, Mark Eden-Towle, Christine Poirier, Jacques Poulin-Denis, Audrey Rancourt-Lessard et Lucie Vigneault (De quel rêve étrange je m'éveille)

Tout à votre coeur, une pièce inspirée des lettres d'amour écrites par Alfred de Musset à George Sand, créée pour un acteur, Danny Gagné et un violoniste Simon Claude.

À travers ce parcours existentiel où Musset valse entre le rêve et la réalité, entre la lucidité et l'hallucination, le spectateur est invité à incarner l'autre, la muse.

Ce montage d'extraits minutieusement choisis de l'oeuvre de Musset, alors âgé de 23 ans, nous plonge au coeur de ses amours, de ses violences, de ses solitudes et enfin de ses folies.

De quel rêve étrange je m'éveille, propose un face à face avec des personnages de l'oeuvre théâtrale de Musset! Ils apparaîtront tour à tour pour un temps suspendus. Tous ces êtres proposent un univers à la fois brut et raffiné, jubilatoire et inquiétant, cinglant et ludique. Ils retracent un territoire de pulsions enfouies, un voyage dans l'inconscient, quelques fragments de solitude.


Photo : Marilène Bastien

Production Créations 0zar


Cinquième Salle de la Place des Arts
175, rue Ste-Catherine Ouest
Billetterie : 514 842-2112 ou sans frais au 1 866 842-2112

 
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 Critique
Critique

par Gabrielle Brassard


Crédit photo : Dave MacLeod

Belle idée de départ que celle de s’inspirer de l’œuvre d’Alfred de Musset pour créer une œuvre théâtrale. Les mots sont riches, les textes, d’une grande beauté. Mais les Créations Ozar, avec le programme double Tout à votre cœur et De quel rêve étrange je m’éveille, ne réussissent guère à nous emporter avec eux dans l’œuvre du grand poète.

Étonnant, pourtant, de la part de cette équipe de créateurs chevronnés qui avait mis la table pour allécher le spectateur. Présentée dans la jolie Cinquième salle de la Place des Arts par des comédiens et des danseurs d’expérience (Carbone 14, Marie Chouinard, Lalala Human Steps, Pillowman) et tirés d’une œuvre prolifique et marquante, le programme de la soirée provoquait malgré elles les attentes. Quelle déception!

Parlons d’abord de Tout à votre cœur. Musset, interprété par Danny Gagné, raconte, à travers ses écrits et ses correspondances, sa relation tortueuse avec Georges Sand. Sur scène, il nous est d’abord présenté grâce à une vidéo (Mathieu Leblanc), le montrant angoissé, jouant dans ses papiers. Il arrive ensuite sur scène, dans un décor simple constitué de pans de mur de différentes tailles, recouverts de carton brun. Sur le plateau se trouvent une statue de femme et un violoniste doué (Simon Claude) qui accompagne les transitions de Musset. Des transitions durant lesquelles le comédien court autour de la scène en faisant de grands cercles, pour revenir déclamer ses extraits devant le public de façon beaucoup trop dramatique. Ses mouvements trop figés, surjoués, font finalement plus sourire qu’autre chose ; on a l’impression que le comédien cherche à remplir l’espace entre deux monologues. Les extraits sont bien choisis, bien récités, mais parfois longs.

S’ensuit une pause d’une demi-heure avant la présentation de la deuxième partie, intitulée De quel étrange rêve je m’éveille. Extrêmement long (pourtant 1h45 !), ce second spectacle nous fait finalement apprécier le premier. Il commence, lui aussi, par une vidéo, montrant Musset et Sand se récitant des extraits de lettres ; on croit qu’il s’ensuivra sur scène la rencontre entre les deux amants. Loin de là! On part plutôt dans une direction très difficile à suivre, où on nous montre trois des amantes de Musset (Christine Poirier, Audrey Rancourt-Lessard et Lucie Vigneault), sans même voir Sand. On ne sait trop d’où elles surgissent, ou à quel moment de la vie de Musset elles sont présentes. On raconte ensuite une tout autre histoire, celle de Celio et Octave, l’un bouffon et l’autre éploré d’amour pour une certaine Marianne. On comprend finalement, vers la fin de ce spectacle interminable, qu’il s’agit de personnages de Musset. Il semble que connaître l’œuvre du poète soit impératif pour saisir ce ramassis d’extraits dont on saisit plus ou moins le fil conducteur. Musset est très peu présent dans cette deuxième partie, où il revient à la toute fin, pour mourir de façon clichée, porté à bout de bras par ses personnages.

Katia Gagné, l’une des cofondatrices des Créations Ozar, maître d’œuvre de cette pièce, cherche à allier tous les arts sur la scène. Tout à votre cœur et De quel rêve… n’y fait pas exception, mais ne sont pas toujours réussis en ce sens. Des comédiens qui dansent et des danseurs qui jouent, sans maîtrise complète, rendent le jeu inégal. Ainsi, si Jacques-Denis Poulin, qui interprète à la fois Octave est Celio, semble être un meilleur danseur qu’interprète, son niveau de langage est bancal et détonne en comparaison avec celui de Musset. Les parties chorégraphiées sont simples, et on se demande ce qu’elles apportent véritablement aux propos du spectacle. Les costumes, surtout ceux des hommes, se veulent anciens dans leurs coupes, mais aussi modernes, incorporant le cuir. On le remarque notamment dans l’habillement de Mark Eden-Towle, un danseur qui semble incarner un genre de double de Musset. S’il danse bien, on se demande encore la justification de sa présence, sinon pour incorporer le plus d’arts possible dans cette pièce qui part dans tous les sens.

Ces deux spectacles des Créations Ozar sont le début d’une trilogie sur l’œuvre de Musset. Espérons vivement que la suite sera meilleure.

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