Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Du 27 au 30 décembre 2011, 11h ou 15h, supplémentaire 28 décembre 15h
AliceAlice au pays des merveilles
Texte Lewis Carroll
Adaptation et mise en scène Hugo Bélanger
Avec Valérie Deault, Sarianne Cormier, Gabriel de Santis-Caron, Philippe Robert et Marie-Ève Trudel

Alice refuse de faire ses leçons. Préférant jouer et rêvasser, elle se cache dans la bibliothèque de son père. Arrive alors un curieux lapin, grand grignoteur de bouquins. En voulant empêcher le rongeur de dévorer tous les livres de la bibliothèque, Alice poursuit ce dernier dans son terrier, découvrant un monde fantastique : le Pays des Merveilles et rencontre au passage des personnages étranges et fascinants tels que l’oeuf Humpty Dumpty, un ver à soie philosophe, les jumeaux Twideuldeume et Twildeuldie, le Chat du Cheshire, le Chapelier fou et Sam le chasseur de Snark. Un univers intriguant où les lapins sont en retard et où les disputes font les bons amis...

Du théâtre d’ombre et de marionnettes avec des comédiens talentueux dans un décor à la fois ingénieux et magnifique.


Assistance à la mise en scène et direction de production : Claudia Couture
Régie : Geneviève Gagnon, Audrey Lamontagne ou Anne-Marie Rodrigue-Lecours
Scénographie, conception des costumes, des masques et des marionnettes Patrice Charbonneau-Brunelle
Direction technique et conception des éclairages Jean-Philippe Charbonneau
Conception musicale et sonore : Patrice d’Aragon
Assistante à la confection des décors, des marionnettes et des accessoires : Marie-Pier Fortier
Couture Marie-Noelle Labrie-Klis, Madeleine Leduc
Chanson du Snark:
Paroles: Hugo Bélanger
Musique : Philippe Robert
Arrangements: Patrice d’Aragon

Cinquième salle : Prix régulier : 15,80 $

Une création du Théâtre Tout à trac


Cinquième Salle de la Place des Arts
175, rue Ste-Catherine Ouest
Billetterie : 514 842-2112 ou sans frais au 1 866 842-2112

 
______________________________________
 Critique
Critique

par David Lefebvre

Alice au pays des merveilles est l'un des plus extraordinaires bouquins écrits pour les enfants. Hymne à l'imaginaire, l'auteur Lewis Carroll (de son vrai nom Charles Lutwidge Dodgson) avait raconté les premières bribes de son histoire à trois jeunes filles, dont une au prénom d'Alice (Liddell), lors d'une promenade en barque. Trois ans plus tard sortait Alice in Wonderland. Le livre foisonne alors d'allusions satiriques à l'entourage de Carroll et aux leçons que les élèves anglais devaient apprendre par coeur, à cette époque. Alice... fut adapté, entre autres, pour la bande dessinée, la télé, le cinéma et l'opéra. Il inspire aussi plusieurs compositeurs, comme les Beatles (Lucy in the Sky et I Am the Walrus), Indochine, Jefferson Airplaine...

L'adaptation du metteur en scène Hugo Bélanger est un splendide condensé du récit original. La clé de la pièce se trouve dans les livres : tout d'abord considérés comme ennuyeux, et synonymes de travail – la pièce ouvre sur des cris d'adultes qui demandent à Alice de venir faire ses devoirs – ils sont ensuite source de découvertes, de plaisir et d'évasion : un livre géant se transforme, littéralement, en porte parlante. Alice (Valérie Deault), petits cheveux noirs, robe rouge et chaussures Converse de la même couleur (en contraste direct avec les illustrations mythiques du personnage, soit la jeune fille blonde à la robe bleue), fait la rencontre de la plupart des personnages importants : le Lapin Blanc (Sarianne Cormier, à l'accent anglais charmant, mais qui rend parfois certains mots incompréhensibles), Humpty Dumpty (Gabriel De Santis-Caron, rigolo lorsque, du haut de son mur, il rattrape sa chute au dernier instant) ou encore le Ver à soie (Josianne Dicaire). Alice, qui a en sa possession les gants du Lapin Blanc, le pourchasse pour éviter qu'il ne se fasse trancher la tête par la Reine Rouge (Josianne Dicaire), une figure monarchique plutôt comique, avec ses sautes d'humeur et sa petite taille.

C'est avec ruse qu’Alice fraie son chemin dans ce monde qui lui est inconnu, un peu illogique. Elle rencontre les inséparables Twideuldie et Twideuldeume (Sarianne Cormier et Philippe Robert), dont elle arrive à se débarrasser avec beaucoup d'adresse. Alice, pourtant, craque, et lors d'une crise de larmes, qui déclenche une inondation, se retrouve dans la barque du Chasseur de Snark (incarné par De Santis-Caron). Celui-ci entonne une chanson entraînante et joyeuse (composée par Bélanger et Robert) qui dérange le Chapelier fou (Robert), qui désire prendre le thé tranquillement. La jeune fille plonge pour aller à sa rencontre. L'eau, représentée par un grand voile bleue, glisse pour disparaître. L’effet est magique : une partie de ce voile se volatilise par la bouche du Chapelier, comme si l’eau provenait de sa tasse. Le Chat du Cheshire vient aussi rendre visite à Alice, à quelques reprises (Josianne Dicaire) - la marionnette, en quatre morceaux, est fantastique. Démantibulé, le corps en pièces permet de le faire apparaître où l'on souhaite, et ce, rapidement. Ses yeux illuminent dans le noir et son très large sourire, denté, est plus que mystérieux, presque terrifiant, mais toujours fascinant.

Ce Alice-ci pourrait porter le sous-titre Derrière la bibliothèque. C'est dans l'environnement de la bibliothèque familiale que se joue finalement toute la pièce. L'énorme armoire à livres, fascinante et ingénieuse scénographie de Patrice Charbonneau-Brunelle et de Marie-Pier Fortier, procure une multitude d'effets spéciaux possibles ; en déplaçant quelques bouquins, en créant des portes dérobées, de faux fonds, l'équipe peut aller et venir, manipuler les marionnettes et les différents personnages qui interagissent avec Alice. Les marionnettes (le Chat, le Ver) sont d'une excellente et belle conception et les costumes (donc celui d'Humpty Dumpty) sont reconnaissables au premier coup d'oeil.

Les spectateurs embarquent avec joie dans l'univers de la pièce, grâce au rythme soutenu, aux nombreux rebondissements, aux personnages si attachants et aux jeux de mots qui font rire petits et grands. La jeune fille, tout comme le jeune public, fait ainsi la découverte des calembours et des difficultés d'argumenter. On ne désire qu'une chose, à la sortie du spectacle : trouver, nous aussi, ce fameux passage vers l'autre côté de la bibliothèque...

27-09-2009