Du 22 avril au 1er mai 2010, 20h
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Golden BoyBilly Twinkle, Requiem for a Golden Boy

14 ans et +
Création et interprétation : Ronnie Burkett

Seul sur scène, Ronnie Burkett, véritable virtuose de la marionnette, livre une performance époustouflante. Il interprète une galerie de personnages inoubliables, évoquant toute la gamme des émotions humaines. Avec ses spectacles uniques, ses marionnettes sublimes et ses prouesses techniques et théâtrales, cette grande fi gure de la scène canadienne est un maître du genre. Il nous donne une fois de plus la pleine mesure de son talent avec sa plus récente création, BILLY TWINKLE, Requiem for a Golden Boy. Le monde appartient à Billy Twinkle, marionnettiste d’âge mûr qui divertit les touristes sur un bateau de croisière… jusqu’au jour où il se fait congédier. Accoudé au bastingage, il médite sur son triste sort lorsqu’il est abruptement ramené à la réalité par le fantôme de Sid Diamond, son mentor disparu, qui tentera de raviver sa passion. Magistral.

Conception des éclairages Erwann Bernard
Photo K-O/Chaos

Échelle des prix réguliers : de 23,92$ à 33,67$

www.johnlambert.ca
Ronnie Burkett Theatre of Marionettes
Canada’s National Arts Centre (Ottawa, Canada), The Vancouver East Cultural Centre (Vancouver, Canada), The Arts Centre (Melbourne, Australia), Sydney Opera House (Sydney, Australia), Barbicanbite09 (London, UK)

Cinquième salle de la Place des Arts [lien]
175, rue Sainte-Catherine Ouest
Billetterie : 514 842-2112

par David Lefebvre

Ronnie Burkett est de retour! Amateurs de marionnettes et de sensations fortes, accourez voir le plus récent spectacle de ce magicien des fils, Billy Twinkle, requiem for a golden boy.

En 2007, Burkett nous avait présenté 10 Days On Earth, qui avait ravi le public et les critiques. Sommairement, Billy Twinkle, requiem for a golden boy raconte l’histoire d’un des plus grands marionnettistes qui fait carrière sur les paquebots de plaisance, grâce à son spectacle Stars in Miniature. Un soir, il en a marre, fait une gaffe et se fait congédier. Alors qu’il est prêt à se jeter par-dessus bord, l’homme souffre tout à coup de dédoublement de personnalité : la voix de son mentor décédé, Sid Diamond, sort de sa bouche, se transpose dans un lapin, une marionnette à gaine, qui le pousse à rejouer sa propre vie, dans une mise en abime parfaite, question de (se) botter le derrière et de raviver la flamme de cette passion perdue de vue.

Le créateur, aux multiples voix style cartoon, s’amuse fermement, dans cette biographie fictive, avec son image et ses propres expériences. Il faut voir comment les traits des marionnettes de Twinkle, jeune et adulte, reprennent ceux de Burkett. Savant mélange d’introspection de mi-carrière et de « showtime », Billy Twinkle… est un feu roulant sans repos, abordant l’homosexualité, questionnant la qualité, la noblesse (en opposant le burlesque et le classique) et l’évolution de cet art si particulier, tout en en mettant plein la vue.  Burkett interprète Twinkle avec une énergie sans fin, partageant la scène avec ses créations, ne leur laissant totalement la place que lors des moments de rétrospection. Manipulant toujours à vue, il semble parfois danser littéralement avec elles. Certains numéros sont truculents, comme cette mauvaise marionnettiste qui beugle un rap au nom de Jésus Christ ou ce pensionnaire qui se plait à exposer son entrejambe pour y dévoiler un ballon rose qui se gonfle et se dégonfle sans arrêt.

Le Manitobain propose un spectacle hyperactif, tout à fait saisissant. Citant Shakespeare (principalement Prospero et Hamlet), chantant quelques compositions du jazzman John Alcorn, Ronnie Burkett est un torrent de paroles, parfois crues mais souvent jubilatoires. Par contre, principalement à cause de la vitesse d’exécution, les spectateurs moins bien ferrés en anglais pourraient en perdre quelques bouts. Quoi qu’il en soit, l’intensité galvanise autant le comédien-manipulateur que l’assistance qui applaudit chaque numéro.

Dans un décor en forme de cœur stylisé, digne d’un cabaret-club de poche, Burkett, seul en scène tout au long du spectacle, ouvre le programme de la soirée avec Rusty, la sensuelle effeuilleuse qui retire ses vêtements sans l’aide directe du manipulateur (!). L’ours timide sur patins à roulettes prend la place, et devient le témoin de la perte de Burkett. Puis, intervient une vingtaine de marionnettes différentes pour reproduire les moments-clés de la vie de Billy Twinkle. Elles sont véritablement de petits chefs-d'œuvre de technicité et d’esthétisme, contrôlés par 16 fils au lieu de 9. Aux éclairages, Kevin Humphrey accomplit un travail fantastique à la conception des multiples ambiances souvent contradictoires du spectacle.

Si Ronnie Burkett se bat incessamment pour rétablir la réputation de l’art de la marionnette pour adulte, il réussit encore, avec ce spectacle, à intéresser et à captiver un public toujours plus large. Décapant, Billy Twinkle, requiem for a golden boy est peut-être plus adolescent que mature dans sa forme, mais les thèmes sous-jacents qui sont explorés et le talent dont fait preuve Burkett au sommet de son art, font de ce spectacle un incontournable.

24-04-2010

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