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Du 4 au 13 avril 2017, 19h, supplémentaire 14 avril
Du 18 au 22 juillet 2017 - Juste pour rire
ArbresJ'aime Hydro
Épisodes 1 à 5 (intégrale)

Texte et idéation Christine Beaulieu
Dramaturgie Annabel Soutar
Mise en scène Philippe Cyr
Avec Christine Beaulieu et Mathieu Gosselin

Après avoir présenté les trois premières parties l’automne dernier, Christine Beaulieu revient à l’affiche avec, cette fois, l’intégrale de son enquête citoyenne. Ajoutant 2 nouveaux épisodes, elle plonge davantage dans le sujet et peaufine sa recherche. Ce spectacle qui fait dialoguer les différents points de vue d’un enjeu essentiel au Québec, sera présenté en primeur à l’Usine C du 4 au 13 avril 2017.
 
Propulsée par Annabel Soutar, des Productions Porte Parole, la comédienne Christine Beaulieu nous livre le résultat d’une vaste enquête citoyenne à savoir : qu’est devenue la relation entre les Québécois et Hydro-Québec?

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Section vidéo

    

Conception sonore et interprétation : Mathieu Doyon
Environnement sonore et podcast : Frédéric Auger
Illustrations : Mathilde Corbeil
Vidéo : HUB Studio / Thomas Payette et Gonzalo Soldi
Lumières : Erwann Bernard
Scénographie : Odile Gamache
Costumes : Julie Breton
Assistance à la mise en scène et régie plateau : Mariflore Véronneau
Assistance à l’environnement sonore et au podcast : David Blouin
Direction technique : Normand Vincent
Production déléguée : Joël Richard
Photo Alexi Hobbs

USINE C TARIFS
Tarifs : Rég. 48$ | Ainé 45$ | Réduit 43$

JUSTE POUR RIRE TARIFS
Tarif : 61,88$

Durée environ 4h avec entracte

Une production de Porte Parole et Champ gauche, en coproduction avec le Festival TransAmériques, et présentée en codiffusion avec La Manufacture


Usine C
1345, avenue Lalonde
Billetterie: 514-521-4493

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Dates antérieures (entre autres)

Épisodes 1-2-3 présentés au FTA 6-7-8 juin 2016 et à La Licorne du 30 août au 10 septembre 2016

 
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Critique

J’aime Hydro — suite et fin

Le public montréalais avait pu découvrir le projet J’aime Hydro l’été dernier (voir notre critique plus bas) lors du festival TransAmérique, ou plus récemment à la Licorne. Suite à l’engouement suscité par les trois premiers épisodes de ce «docu-théâtre», comme son auteure et interprète Christine Beaulieu le nomme, la suite, avec les épisodes 4 et 5, était hautement attendue, et ce, avec raison.


Crédit photo : Porte-Parole

J’aime Hydro, création du théâtre Porte-Parole dirigé par Anabel Soutar, est, rappelons-le, une véritable enquête transposée sur la scène et dans nos oreilles sur la société d’état. Si Hydro-Québec est un symbole d’appartenance fort pour la population québécoise, Christine Beaulieu s’y intéresse justement  par amour, mais aussi pour en comprendre les rouages, les façons de faire, les justifications ; par exemple, les réelles raisons du harnachement de nos rivières et de la destruction des forêts pour produire « un surplus d’électricité ».

Partant de zéro, Beaulieu continue donc son enquête dans les épisodes 4 et 5. Le mot se passe que la comédienne enquête sur Hydro, qui en fait une spécialité. Tellement qu’elle est nommée porte-parole d’Équiterre, et se lance le défi de se rendre en voiture électrique (commandite qu’on apporte physiquement sur la scène pendant le spectacle) à la Romaine, visiter le fameux barrage qui s’est construit malgré l’opposition de plusieurs groupes environnementalistes, dont la fondation Rivière, et le touchant documentaire Chercher le courant de Nicolas Boisclair et Alexis de Gheldere (2010, gratuit sur tou.tv).

Plusieurs autres intervenants, de ministres à des employés d’Hydro, en passant par Bernard « Rambo » Gauthier et une aînée autochtone, font leur apparition dans les épisodes 4 et 5, toujours interprétés par le très talentueux Mathieu Gosselin. Nous continuons donc la recherche avec Beaulieu, dont le charisme et la narration, teintée de toute la gamme d’émotions, mais surtout d’humour, agrémentent le parcours sur la route comme dans des salles d’audience publique et les entrevues privées. La fabrication complexe de l’hydroélectricité, des contrats qu’elle sous-tend et des découvertes économiques et politiques aberrantes sont démystifiés, notamment grâce aux très beaux, simples et efficaces dessins animés de Mathilde Corbeil. L’histoire, bien que complexe à cause du nombre impressionnant d’intervenants et de la quantité phénoménale d’informations, coule bien grâce à l’action sur scène, mais surtout à la musique et au bruitage de Mathieu Doyen, qui rend l’expérience sonore tout aussi vivante. Mais voir J’aime Hydro sur scène est une expérience unique, grâce au visuel et à la très épurée, mais jolie mise en scène de Philippe Cyr.

Après un tour du Québec et des rencontres avec des centaines de personnes sur une période de plusieurs années, la conclusion de Beaulieu reste nuancée, malgré ses doutes sur la pertinence de certaines actions de la compagnie, dont le slogan était jadis « Maîtres chez nous ».

Si J’aime Hydro s’inscrit dans la continuité des pièces de la compagnie Porte-Parole (Sexy Béton, Grain), proposant une forme théâtrale inspirée du documentaire, la création de podcasts à travers la création relève de l'innovation. Une « nouvelle » façon de briser les frontières entre spectacle et public, des plateformes et des manières d’occuper la scène.

Les épisodes 1 à 3 sont disponibles en baladodiffusion sur le site de Porte-Parole. Les épisodes 1 à 5 sont par ailleurs diffusés en direct lors des soirs de représentation à l’Usine C jusqu’au 13 avril. http://porteparole.org/fr/

11-04-2017

 


critique publiée lors du Festival TransAmériques 2016, par Gabrielle Brassard

L'ignorance dévoilée

Peut-être avez-vous déjà entendu parler du documentaire Chercher le courant, de Nicolas Boisclair et Alexis de Gheldere (2010, gratuit sur tou.tv), à propos du harnachement de la rivière Romaine. Saviez-vous qu'Hydro-Québec est divisée en plusieurs filières (production, distribution, etc.), et que parmi elles, certaines ne sont pas soumises à la Régie de l'énergie? Bienvenue à J'aime Hydro, un docu-théâtre qui part du point zéro pour enquêter sur l'étrange dynamique de la société publique et tout ce qui l'entoure.

Christine Beaulieu s'est fait confier l'immense tâche «d'enquêter» sur Hydro-Québec, et, plus largement, sur la raison pour la laquelle le Québec continue de construire des barrages hydro-électriques alors que la province produit déjà plus d'énergie que nécessaire. C'est à la demande de la directrice de la compagnie Porte-Parole, Annabel Soutar, qui produit J'aime Hydro, que Beaulieu s'est lancée dans l'aventure, sans aucune expérience d'enquêteuse, et une ignorance flagrante en la matière, qu'elle assume complètement, et probablement comme la majorité des citoyens et des citoyennes du Québec.

Nous partons donc avec elle à la rencontre des différents acteurs de cette grande enquête, tous incarnés sur la scène par Mathieu Gosselin, qui interagit pendant les trois heures de la pièce (qui sont en fait l'enregistrement sonore de trois épisodes de podcasts) avec la comédienne, qui joue son propre rôle.

Raconté avec transparence, candeur et humour, le processus créatif de J'aime Hydro, en plus d'être très éducatif et informatif, se révèle être vraiment un objet original. Agrémentée des dessins interactifs de la très talentueuse Mathilde Corbeil, afin de vulgariser données, processus complexes et chiffres, J'aime Hydro est un réel questionnement sur la notion de «Maîtres chez nous», et sur l'éveil d'une conscience environnementale et politique que la plupart des Québécois et Québécoises n'ont pas, emportés par le flot de la vie. La pièce est également parsemée d'extraits de toutes sortes, des passages cinématographiques et artistiques de la comédienne, des extraits de films documentaires, d'allocution de politiciens, comme Parizeau et Lévesque et de questions posées par la comédienne lors de diverses audiences publiques. J'aime Hydro porte son nom sans ironie et sans deuxième degré. On comprend, à travers la quête de Beaulieu, que celle-ci cherche vraiment à comprendre comment se sont brisés le lien de confiance avec le peuple et le sentiment de fierté qu'a un jour inspiré Hydro, signe, à l'époque, d'une véritable prise en charge nationale de notre électricité, une idée qui était innovante et moins polluante que toute autre forme d'énergie.

Le travail de Beaulieu, à tous les égards, autant dans la recherche que dans la narration très personnelle de son histoire à travers son enquête, est remarquable. La mise en scène minimaliste de Philippe Cyr permet au spectateur de rester complètement concentré sur le son et le visuel, pièces maîtresses de J'aime Hydro, et créant un environnement tout à fait propice à écouter l'histoire. Aidée par la dramaturgie d'Annabel Soutar et l'essentielle conception sonore de Mathieu Doyen, complexifiée par l'enregistrement des podcasts (baladodiffusion), la comédienne réussit véritablement à nous entraîner avec elle dans cette aventure de néophytes, découvrant avec effarement le système capitaliste et néolibéral dans lequel nous vivons, et qui justifie des aberrations, comme celles de vendre nos ressources à des intérêts privés, et de détruire notre environnement sans vergogne.

J'aime Hydro est composée de cinq épisodes d'une heure, qui seront disponibles sous forme de baladodiffusions au cours de l'automne sur un site web leur étant dédié. La pièce est également présentée ce soir et demain au Centre du Théâtre d'Aujourd'hui. À l’instar de Grains et Sexy Béton de la compagnie Porte-Parole, parions qu’on pourra en voir une autre mouture d’ici 2017.

07-06-2016