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Du 27 au 30 novembre 2013, 19h
CheeseCheese
De Nicolas Cantin
Interprète Michèle Febvre

Ce solo s’inscrit dans un projet de recherche intergénérationnel initié et dirigé par Katya Montaignac. Des personnalités marquantes de l’histoire de la danse québécoise sont invitées à travailler avec de jeunes chorégraphes afin de se confronter aux nouvelles écritures chorégraphiques.

Nicolas Cantin, chorégraphe à l’écriture scénique résolument contemporaine, crée un solo pour Michèle Febvre, interprète majeure de la nouvelle danse québécoise des années 70 et 80. Dans cette collaboration la scène devient le lieu du dialogue intergénérationnel dans une ambiance de confidence.

Des espaces pratiquement nus, une gestuelle minimaliste, un humour tragicomique, un travail d’orfèvre sur la présence des interprètes : voilà comment se présente l’univers de Nicolas Cantin. Loin de lui l’envie de vouloir séduire à tout prix ; il préfère nous tendre le miroir peu flatteur de nos paysages intérieurs, au risque de provoquer notre déconfiture. Toute sa réflexion s’abreuve à la source même de notre humanité : l’intime. Qu’arrive-t-il lorsque le masque social tombe ?

Nicolas Cantin mène cette exploration périlleuse avec une économie de moyens volontaire. Sensible aux silences et à la violence qui en surgit, il tisse la toile invisible où viendront s’échouer les bêtes sauvages que nous sommes tous. On lui doit notamment les « pièces dansantes » Grand singe, Belle manière et Mygale.

Formée en mime et en danse contemporaine, Michèle Febvre fait partie de l’aventure et de l’essor du Groupe Nouvelle Aire et de Fortier Danse-Création, entre 1971 et 1985. Elle est professeure retraitée, associée au département de danse de l’UQAM, et a participé à l’écriture de plusieurs ouvrages sur la danse.


Initié et dirigé par Katya Montaignac
Oeil extérieur Ashlea Watkin
Éclairage Frédérick Gravel
Crédit photo Nicolas Cantin

Régulier 25$ / Ainés 23$ / Réduit 20$
Durée 40 min

Coproduction Katya Montaignac, Agora de la danse et Usine C
Nicolas Cantin est un artiste en résidence à l’Usine C avec le soutien du Conseil des arts du canada
Coprésentation Usine C et Agora de la danse


Usine C
1345, avenue Lalonde
Billetterie: (514) 521-4493

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 Critique
Critique

par Sara Fauteux

Pour ceux et celles qui connaissent un peu la démarche de Nicolas Cantin, Cheese apparaitra comme la continuité de ses recherches sur le corps et sur la présence, un travail proche de la performance où le temps et les silences occupent une grande place. Pour les autres, il se peut qu’ils restent un peu perplexes devant cet objet insaisissable.

Pourtant, les initiés comme les autres ne pourront rester indifférents devant la performance minimaliste et sensible orchestrée par Cantin. Son travail est toujours aussi hypnotique, peut-être encore davantage, bercé par la voix envoutante de l’interprète et théoricienne Michèle Febvre.

Réunis par Katya Montaignac, les deux artistes, dont les univers semblent bien loin l’un de l’autre, ont d’abord discuté. La langue prend ici une importance beaucoup plus grande que dans les précédentes œuvres de Cantin. En fait, cette pièce semble à première vue assez différente des « trois romances » que le chorégraphe avait présentées l’an dernier à l’Usine C. Dans Cheese on est bien loin de la violence de Mygale.

Les mots de Michèle Febvre, se baladant à travers son enfance, se frottant ainsi inévitablement à la nôtre, apportent une immense douceur à l’univers de Nicolas Cantin, qui élabore ici une sorte de chorégraphie de la voix. On le comprend d’avoir eu envie de mettre de l’avant celle apaisante et troublante de Febvre (qui rappellera d’ailleurs à certains celle de Kim Yaroshevskaya dans Passe-Partout!)

L’interprète est la plupart du temps face au public, dans un contact avec les spectateurs aussi direct que simple. Elle se tient devant nous, immobile, et pourtant complètement habitée, et son récit s’entremêle avec l’enregistrement que Cantin manipule au magnétophone. Les mots et les gestes se répètent, traçant délicatement leur chemin en nous, habitant totalement la scène, d’une manière étrangement fantomatique.

Cheese, c’est le rictus devant la caméra. Ce « cheese », c’est celui de la représentation de soi, ce sont les mots que l’on choisit pour se raconter, les moments que l’on choisit pour fixer les choses qui malgré tout, demeurent incroyablement vibrantes.

03-12-2013