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Du 25 au 29 avril 2012
Kiss & Cry / Nanodanses
Belgique - Première nord-américaine - Festival Temps d'images
Idée originale Michèle Anne De Mey et Jaco Van Dormael
Chorégraphie et NanoDanses Michèle Anne De Mey et Gregory Grosjean
Mise en scène Jaco Van Dormael
Création collective Michèle Anne De Mey, Gregory Grosjean, Thomas Gunzig, Julien Lambert, Sylvie Olivé, Nicolas Olivier, Jaco Van Dormael
Texte Thomas Gunzig

Où vont les gens quand ils disparaissent de notre vie, de notre mémoire ? C'est l'interrogation qui agite une femme alors qu'elle attend, seule, sur le quai de la gare. Elle se met à penser à tous ses disparus évanouis dans les brumes de l'existence. S'ouvre alors le tiroir des souvenirs…

La célèbre chorégraphe Michèle Anne De Mey et le non moins connu metteur en scène et cinéaste Jaco Van Dormael s'associent, pour la première fois, pour la création de Kiss & Cry. Véritable ballet pour les mains, cette pièce vous invite à un spectacle chorégraphique très particulier, à une authentique séance de cinéma ainsi qu'au « making of » du film. Et tout cela, en même temps ! Jeux de mains, véhicules de la sensualité, maisons de poupées et personnages miniatures, illusions d'optique, farces et attrapes, innocence crue : l'imaginaire s'ouvre sur un nouveau langage, une nouvelle manière de raconter aux frontières des genres. Préparez-vous à recouvrer votre âme d'enfant devant cette œuvre joyeusement candide et bordélique.

Kiss & Cry est portée par un collectif qui bouscule les normes des disciplines artistiques et crée un spectacle chaque jour différent. La création de ce groupe fut l'idée de Michèle Anne De Mey, chorégraphe essentielle de la scène belge, avec notamment Sinfonia Eroica et 13 Reasons… (to sing), et Jaco Van Dormael, cinéaste encensé pour ses films Toto le héros, Le huitième jour et Mr.Nobody.


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Scénario : Thomas Gunzig et Jaco Van Dormael
Lumière : Nicolas olivier
Images : Julien Lambert

Production : Charleroi/Danses, Centre chorégraphique de la Communauté française, le manège.mons/Centre Dramatique et Les Théâtres de la Ville de Luxembourg

Présentation : Usine C avec le soutien du Consulat de France à Québec


Usine C
1345, avenue Lalonde
Billetterie: (514) 521-4493

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 Critique
Critique

par Ariane Cloutier

Jaco Van Dormael, Michèle Anne De Mey et leur troupe nous présentent en première nord-américaine le très singulier spectacle Kiss and Cry à l’Usine C. Le cinéaste Van Dormael et la chorégraphe De Mey jouent dans des tons qui leur sont familiers : l’univers onirique, le détournement d’objets enfantins et hors d’échelle, les phénomènes naturels ainsi qu’une très grande sensibilité aux mécanismes humains.

L’appellation Kiss and Cry est une expression empruntée au patinage artistique, désignant l’espace où, le plus souvent assises sur un banc, les patineuses attendent avec impatience l’appréciation des juges sous le regard des caméras et des spectateurs. Sur scène, nous observons plusieurs maquettes, lieux de tournage qui serviront à créer sous nos yeux un film, parfois à la limite de l’abstraction, projeté en arrière-scène. Plusieurs caméras nous dévoilent progressivement ces lieux imaginaires, abstraits ou représentatifs, habités de figurines minuscules et de souvenirs. Les deux protagonistes sont une main de femme et une main d’homme évoluant avec la grâce de danseurs suivant la musique.

La trame principale est celle de l’évolution de la mémoire, racontée à travers cinq histoires d’amour qu’une vieille dame se remémore, assise sur un banc à la gare. Cette réflexion poétique, articulée par une narration adaptée d’un texte fort et imagé de Thomas Gunzig, commence avec la question : où vont les gens quand ils disparaissent de notre vie, de notre mémoire ?

Au moyen d’habiles stratagèmes techniques, de mécanismes scéniques, d’un éclairage finement travaillé et de jeux de focus, la caméra nous entraîne de manière tout à fait fluide d’un micro-univers à l’autre. Le soin extraordinaire porté aux maquettes et l’utilisation de meubles, d’objets du quotidien, de jouets, d’éléments naturels (eau, sable, terre, etc.) situent ce film, créé en direct, très près du cinéma d’animation.

La trame sonore, incluant du bruitage en direct et des compositions originales, est parsemée de quelques chansons connues, dont de Charles Trenet. Ces interventions musicales et le très habile jeu des mains donnent parfois une teinte humoristique à ce spectacle, qui sinon aurait pu sembler trop nostalgique. Bien que des changements de rythme auraient été souhaitables pour dynamiser le spectacle, le rythme lent et les mouvements fluides de la caméra nous entraînent dans un état méditatif qui nous permet de réfléchir aux questionnements universels évoqués par la narration.

Les auteurs et interprètes de Kiss and Cry font preuve d’une grande créativité et d’ingéniosité pour nous dévoiler un monde peu exploré, celui des lieux de mémoire. Une prestation unique, alliant la danse, le cinéma et le théâtre d’objet, à voir absolument.

28-04-2012