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Du 23 au 26 novembre 2011
Moi qui me parle à moi-même dans le futur
De Marie Brassard
Avec Marie Brassard, Jonathan Parant, Alexandre St-Onge

Présenté à guichet fermé lors de l'édition 2011 du Festival TransAmériques, Moi qui me parle à moi-même dans le futur renaît cette saison, comme un songe ondoyant entre théâtre, musique et art visuel. Ravivant les souvenirs de son adolescence, les paroles de Marie Brassard nous transportent dans une expérience chimérique qui questionne notre rapport au temps, à la vie et à l'imagination. À ses côtés, les musiciens Jonathan Parant et Alexandre St-Onge renforcent la puissance d'envoûtement de cet autoportrait poétique. La voix et la présence si singulières de Marie Brassard risquent de vous habiter longtemps après l'extinction des projecteurs.

Reconnue internationalement, la compagnie Infrarouge développe un vocabulaire de la mise en scène, de l'écriture et du jeu, qui explore la relation entre les disciplines pour créer des objets de théâtre personnels et uniques. La compagnie a été invitée dans plus d'une vingtaine de pays.


Section vidéo
une vidéo disponible


Musique originale et son : Jonathan Parant et Alexandre St-Onge
Lumière et manipulation vidéo : Mikko Hynninen
Images 16 mm et vidéo : Karl Lemieux, Philippe Tremblay-Berberi

Production : Infrarouge en coproduction avec le Festival Transamériques (Montréal), le Théâtre français du Centre national des Arts (Ottawa), Wiener Festwochen (Vienne), Theater Im Pumpenhaus (Münster), Harbourfront Centre (Toronto)
Moi qui me parle à moi-même dans le futur a bénéficié d'une résidence de création à l'Usine C.

Présentation : Usine C


Usine C
1345, avenue Lalonde
Billetterie: (514) 521-4493

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 Critique
Critique

par Daphné Bathalon

Moi qui me parle à moi-même dans le futur est une expérience sensorielle, une œuvre qu’on dévore tant avec les yeux qu’avec l’ouïe. Très rapidement, suivant le ballet hypnotisant que les mots, la musique et les projections vidéo imposent à nos sens, notre esprit s’égare à l’intérieur de l’œuvre onirique. Captifs, nous regardons les images défiler sous nos yeux et écoutons la musique prendre vie. Quelques mots perdurent, flottent ici et là, émergent de la grande et fascinante marmite chauffée par Marie Brassard.

La créatrice, très à l’aise avec son texte, se confie et se confesse à nous. En un instant, elle capture notre curiosité. Et pendant l’heure que dure la représentation, on ne peut détourner le regard. D’abord, l’enfance à Trois-Rivières, où on enfermait des monstres dans les placards, puis, l’histoire d’une évolution nouvelle, des amibes aux êtres pensants, et enfin, la vieillesse omniprésente.

Aux côtés de la comédienne, Jonathan Parant et Alexandre St-Onge construisent un environnement sonore obsédant, constitué de sons qui se répètent à l’infini. Chaque son évolue, se perd dans la trame ou au contraire gagne en intensité. Si ce cocon sonore est généralement très réussi, par moment, il enterre malheureusement les mots.

Avec cette pièce, créée au FTA en mai dernier où elle avait fait salle comble, Marie Brassard explore un genre que l’on voit peu souvent sur nos scènes. Mêlant allégrement art visuel et art scénique, Brassard s’expose comme une œuvre d’art dans un musée. C’est sur la pointe des pieds et un peu intimidé que le spectateur entre en cette œuvre pour en découvrir toute la poésie. Porté par la voix mélodieuse de la comédienne, le texte dense nous fait parcourir les méandres de son imaginaire, « la réalité imaginée de [sa] vie ». Il n’est toutefois pas aisé de la suivre. Le spectateur s’égare parfois en route, distrait par la musique, les images, ou le texte décousu. La conception de la performance, une mosaïque d’images et de perceptions, participe à son étrangeté.

Le montage vidéo proposé par Philippe Tremblay Berberi  est projeté sur un immense écran qui fait paraître minuscule l’auteure de cette autofiction. Quant aux images de Karl Lemieux, elles ponctuent un troublant périple à l’intérieur du personnage et de son monde fait de pluie, de sang, de poupées, de petites filles et de peur. Formes géométriques, cercles hypnotiques et photomontages anéantissent la linéarité du spectacle. Il ne s’agit plus ici d’attendre confortablement assis dans notre siège qu’on nous raconte une histoire, mais de plonger dans l’œuvre.

Pour apprécier ce voyage, il faut s’y plonger complètement en larguant les amarres de la rationalité. Il sera toujours temps, une autre fois, d’y revenir pour comprendre le texte et les images qu’il évoque.

24-11-11