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Du 11 au 28 avril 2016, lundi (11 avril) au jeudi 20h, vendredi 19h, samedi 16h et dimanche 24 avril 15h
Televizione
Texte et mise en scène Sébastien Dodge
Avec David-Alexandre Després, Mathieu Gosselin, Louis-Olivier Maufette, Marie-Ève Trudel

Mike, héros de guerre et bellâtre, se fait reconnaître par un producteur de télévision qui l’engage comme acteur principal de sa nouvelle série dédiée à la gloire passée italienne. Mike jouera aux côtés d’une actrice pulpeuse et d’Arlequin, recruté dans la rue. Ensemble, ils voudront redonner confiance au peuple italien afin de reconstruire le pays, mais Arlequin, artiste sensible et authentique, découvre les visées occultes du projet. Sa lucidité le marginalise, tandis que Mike, qui croit à la noblesse du projet, sera propulsé au rang de star.

Televizione suit l’ascension et le déclin de la télévision, invention fabuleuse récupérée par la propagande idéologique, qui porte le germe de sa propre perversion et la dégénérescence de l’humain qui l’a créée. Dans cette proposition résolument satirique et burlesque, Sébastien Dodge déconstruit les codes et les personnages de la commedia dell’arte en les projetant dans une modernité déconcertante.


Assistance à la mise en scène et régie Marie-Christine Martel
Décor Gaétan Paré
Costumes Marc Senécal
Lumière Anne-Marie Rodrigue Lecours
Conception sonore Benoît Côté

Avant la première 23$
En prévente jusqu’au soir de la première représentation de chacun des spectacles.
À compter de la première 36$
2 pour 1 36$
Les samedis et dimanches, selon les disponibilités, le soir même au guichet.
Groupe (10 et +) 21$
* Ajoutez 3$ pour les achats au téléphone et en ligne

Une production du Théâtre de la Pacotille


Quat'Sous
100, ave. des Pins Est
Billetterie : 514-845-7277

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Critique
- Je crois que j’ai pas tout compris…
- Bah, je pense que ça dénonçait la société de consommation. Et aussi le comportement des Italiens en Éthiopie. Mais je suis pas sûr…

Ce sont deux étudiants qui discutent devant nous à la sortie du théâtre. En fait, nous non plus on n’est pas sûrs d’avoir compris Televizione. Ou d’avoir aimé. Ça commençait pourtant bien : la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’arrivée des Canadiens, la libération de Rome, le tout raconté en une dizaine de minutes avec beaucoup d’humour, d’exagération et de caricatures. Ça rit fort dans la salle quand le Canadien débarque, avec sa tête du Ken de Barbie et sa gomme à mâcher, ses shorts trop serrés et son accent québécois prononcé.


Crédit photo : Marie-Andrée Lemire

Et puis ça décroche… Le Canadien, héros libérateur et cliché nord-américain, se fait embaucher comme acteur pour tourner en Éthiopie une série - très subjective, bien sûr - sur l’histoire de l’occupation partielle du pays par l’Italie. Embarquent avec lui une actrice potiche et arriviste, un producteur mafioso sur les bords et un acteur raté (mais au coeur pur). On suit le tournage de la série, le retour en Italie, le succès du couple de vedettes, le combat vain de l’acteur italien qui essaie de dénoncer la réalité en Éthiopie... Ça parle de l’Italie, mais on ne comprend pas vraiment que c’est censé dénoncer le rôle des Canadiens - je l’ai lu après.

Le tout est empreint de malaise - volontaire ? -, de scènes lourdes, de passages vulgaires gratuits… Les personnages pourtant si campés au début et drôles dans leur caricature évoluent au fil de la pièce, de façon un peu maladroite. La pièce qui doit supposément se dérouler dans l’après-guerre est joyeusement transposée dans le pop des années 70 - voire une ère plus moderne - plein d’anachronismes. Un choix qui aurait pu être intéressant si ce n’est qu’il mêle le spectateur, déjà un peu perdu dans ce contexte italien d’après-guerre et d’occupation en Éthiopie, un passage de l’Histoire par ailleurs très peu connu et qui aurait mérité d’être un peu plus explicité.

Mais il y a des éléments positifs à relever. Notons la performance des comédiens, quatre seulement, qui jonglent entre les différents rôles, chantent, dansent et donnent de la voix pendant près d’une heure et demie sans s’essouffler. On soulignera notamment le jeu de David-Alexandre Després et Mathieu Gosselin qui se glissent dans la peau d’un personnage à l’autre en un clin d’oeil, leur conférant en quelques secondes un accent, une gestuelle et un ton propres.

Un bravo aussi à la ronde des costumes colorés : les comédiens sautent d’un vêtement à l’autre, et ce jeu de costumes compense tout à fait l’absence de décor. On se laisse prendre, comme devant la télévision ; mais quand on l’éteint, on ne sait pas trop ce qu’on en a retenu.

16-04-2016