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Du 17 mars au 13 avril 2015, 20h, mercredi à 19 h, samedi 16h
IllusionsIllusions
Texte de Ivan Viripaev
Traduction Tania Moguilevskaia et Gilles Morel
Mise en scène Florent Siaud
Avec Paul Ahmarani, David Boutin, Evelyne de la Chenelière, Marie-Ève Pelletier

Sur la scène, ils sont quatre : deux femmes et deux hommes, dans la trentaine, sans identité définie. Ils racontent l’histoire de quatre autres personnes, deux femmes et deux hommes aussi. Ils retracent minutieusement leurs vies, leurs amours, leurs disparitions, celles de Sandra, Dennis, Albert et Margaret, plus âgés qu’eux de presque un demi-siècle.

Quatre vies, celles de deux couples unis dans une relation conjugale en bonne et due forme. Tous sont soudés par une indéfectible amitié. Mais entre eux, les amours se croisent, la confusion des sentiments s’installe. Rencontres, conversations, fascinations réciproques, attirances.

Et ces Illusions, en quoi consistent-elles ? Est-ce l’amour qui est illusoire ? Ou bien est-ce sa force que de se nourrir d’illusions ? La plénitude n’est-elle possible que si nous vivons pleinement, avec et à travers nos illusions ? Voilà quelques-unes des questions et des incertitudes soulevées par ce texte envoûtant, nimbé de mystère...

L’auteur russe Ivan Viripaev délaisse ici les fracas de la révolte, qu’on a pu entendre dans Oxygène, pour produire une réflexion vertigineuse, mais pleine de sagesse, sur l’existence.


Section vidéo


Éclairages Nicolas Descôteaux
Conception sonore Julien Éclancher
Scénographie et costumes Romain Fabre
Vidéo David B. Ricard
Assistance à la mise en scène Rosalie Leblanc Houle
Visuel : Adrienne Surprenant
Photos : Stéphanie Rebeccu – Izabel Zimmer – Fannie-Laurence Dubé-Dupuis – Maude Chauvin – Michel Cloutier

Tarifs
Au guichet : régulier 33 $, aîné 26 $, 30 ans et - et membres 24 $, groupes (15 personnes +) 18,50 $, étudiant en théâtre 16 $
Par téléphone et en ligne : régulier 35,50 $, aîné 28,50 $, 30 ans et - et membres 26,50 $, groupes (15 personnes +) 18,50 $, étudiant en théâtre 18,50 $
Jeudi 2 pour 1 : Remise des billets en personne au guichet du théâtre de 18 h 30 à 19 h 15. S’applique sur le tarif régulier et aux spectacles présentés sur la scène principale. En quantité limitée.

Les rendez-vous du mercredi : 25 mars

Une production Le Groupe de la Veillée


Théâtre Prospero
1371, rue Ontario est
Billetterie : (514) 526-6582

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 Critique
Critique

par Pascale St-Onge


Crédit photo : Matthew Fournier

Deux ans presque jour pour jour après le mémorable Quartett de Heiner Müller (présenté à la Chapelle), le metteur en scène Florent Siaud nous fait cadeau d’un nouveau spectacle, au Prospero cette fois. Les textes de l’auteur russe contemporain Ivan Viripaev semblent avoir été pris en affection par l’équipe du Prospero et du Théâtre de la Veillée ; après Oxygène (mis en scène par Christian Lapointe) qui a marqué la critique l’an dernier, c’est au tour d’Illusions, texte fondamentalement différent du premier, d'être monté.

On reconnaît rapidement la signature du jeune metteur en scène par l’atmosphère onirique enveloppante qui règne dans l’espace : de grands murs blancs s’élèvent et créent un grand cube dans lequel le public est également inclus. L’espace  de jeu est complètement nu, des projections sont la seule fantaisie dans cette scénographie.

En soi, l’écriture de Viripaev dans cette pièce diffère énormément de Oxygène. Les procédés narratifs sont radicaux et posent un défi de taille pour les acteurs et la mise en scène. Quatre acteurs en scène tiennent des rôles anonymes et racontent l’histoire de quatre autres individus aux destins croisés (Sandra, Dennis, Albert et Margaret) qui ont au moins 50 ans de plus qu’eux et qui sont en fin de vie. Cette démarche apporte son lot de questionnement sur l’existence des quatre narrateurs : qui sont-ils ? Comment ont-ils connu cette histoire qu’ils nous partagent, est-elle témoignage ou pure invention et, surtout, pourquoi nous la racontent-ils ? L’absence de réponse et cette part de mystère contribuent à nourrir le sujet de la pièce, qui tourne autour de la complexité du sentiment amoureux et de la recherche constante de vérité émotive que l’humain entretient toute sa vie. Quel est-il, le véritable amour ? Sans cesse, on le nomme, on le cherche, mais sommes-nous simplement capables de le percevoir ?

Il s’agit, au premier coup d’œil, d’une pièce complexe et cérébrale même si elle aborde les questions du cœur, si souvent jugées futiles et légères. Florent Siaud aborde le tout d’une façon sobre, mais esthétiquement forte. Les quatre narrateurs, tout en pratiquant différents passe-temps durant la pièce, tissent des relations presque invisibles et semblent chercher eux-mêmes des réponses à travers l’histoire des autres. Dans une vie où chacun de nous se garde constamment occupé, savons-nous identifier nos propres sentiments ? À force de tellement le désirer, ce sentiment amoureux véritable, n’en vient-on pas plutôt à créer de toute pièce une illusion, un mirage ?

Les quatre comédiens sont dirigés avec une main de maître. Évelyne de la Chenelière ouvre le spectacle avec un long monologue captivant et donne le ton de la pièce avec calme et précision. Le quatuor, complété par Paul Ahmarani, David Boutin et Marie-Ève Pelletier, crée une belle complicité avec le public et parvient à nous raconter simplement et efficacement cette histoire, malgré la radicalité de la structure du texte. En explorant les différentes avenues de la narration au théâtre, Viripaev revient pourtant vers une notion de base qu’on pourrait dire classique : raconter quelque chose à un public.

Une fois de plus, Florent Siaud fait sa marque et signe un spectacle fort intelligent, un objet insolite au milieu de la programmation de cette saison à ne pas manquer sous aucun prétexte. Il prouve sa capacité à mettre en valeur des textes complexes, sa qualité de directeur d’acteurs tout en portant une signature particulière et unique. Si quelqu’un en avait douté jusqu’ici, il est maintenant possible de l’affirmer, le jeune metteur en scène est certainement l’une des figures importantes du milieu à surveiller au cours des prochaines années.

23-03-2015