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Du 5 au 15 janvier 2012, 20h, mercredi à 19 h
Personal JesusPersonal Jesus
Texte et interprétation Gaétan Nadeau
Mise en scène, lumières et vidéographie Jacques Brochu
Mise en scène et dramaturgie Marie-Stéphane Ledoux

De janvier à juin 2008, Gaétan NADEAU squatte le studio du Québec à Rome. À travers les chocs esthétiques suscités par toutes ces œuvres qui l’entourent, chocs qui magnifient la foi catholique, ou ses découvertes des mœurs italiennes, il se laisse prendre au jeu de l’écriture, accompagné par les écrits poétiques impudiques de PASOLINI, Les mémoires d’Hadrien de Marguerite YOURCENAR et Voyage en Italie de CHATEAUBRIAND.

De retour au Québec, il entreprend l’adaptation scénique de son carnet de voyage pour en faire son premier solo. Entre impressions de voyage, anecdotes intimes et morceaux chorégraphiés, il peint une fresque baroque et impressionniste où Donald Lautrec zyeute l’extase de Sainte-Thérèse et où lavoûte de Michel-Ange côtoie la retransmission télévisée de la messe dominicale Le jour du Seigneur. À 47 ans, étendu sur son récamier velu dans son slip trop étroit, il s’offre un rebirth dans le berceau de la civilisation occidentale.

Gaétan NADEAU est à la fois auteur, comédien, danseur et performeur et se produit sur différentes scènes, ici et à l’étranger, depuis plus de vingt ans. Comme comédien, il a travaillé auprès des metteurs en scène Brigitte HAENTJENS, Jacob WREN, Denis MARLEAU, Éric JEAN, Oleg KISSELIOV, Élisabeth ALBAHACA et Jean-Marie PAPAPIETRO, entre autres.

Personal Jesus, son premier solo, a été présenté au Théâtre La Chapelle, a bénéficié d’une résidence de création à l’Usine C pour ensuite être présenté au Centre National des Arts d’Ottawa.

Le texte ci-dessus est reproduit avec l’aimable autorisation du CNA et du Prospero.


Conception sonore Alexander MacSween
Conception et réalisation des objets scénographiques Benoît Bourdeau
Collaboration au design costume Brigitte Comeau

Durée du spectacle : 1 h 15 sans entracte

Régulier : 27 $
Senior (65 ans et +) : 23 $
Moins de 30 ans, UDA, UNEQ, SACD : 20,50 $
Groupe (15 personnes minimum) : 18 $

Gaétan Nadeau en coproduction avec le Théâtre Français du Centre National des Arts d’Ottawa


Prospero
1371, rue Ontario est
Billetterie : (514) 526-6582

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Dates antérieures

Du 15 au 19 décembre 2009, La Chapelle

 
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 Critique
Critique

par Ariane Cloutier

Gaétan Nadeau contemple les fenêtres de Dieu


Crédit photo : Angelo Barsetti

Fouler de sa plume 2000 ans d’histoire depuis la civilisation romaine, c’est ce que nous propose Gaétan Nadeau à travers son spectacle solo Personal Jesus. Issue d’un voyage réel à Rome, d’un voyage imaginaire dans l’univers historique de la cité et d’un voyage rétrospectif vers son enfance dans un Neuville des années 70, la pièce est construite comme un collage de tableaux illustrant son journal de bord. Elle laisse paraître un point de vue subjectif et une perspective très québécoise de la religion chrétienne, des rôles homme/ femme, de la société de spectacle et de consommation… en passant par un cabotinage sur les slips trop serrés et diverses références culturelles hilarantes. À partir de Rome, Gaétan Nadeau partage avec nous une vision télescopique vers son univers intérieur québécois.

Dans le Cycle de la Boucherie, Dave St-Pierre nous présentait Gaétan Nadeau comme un performeur multipraticien œuvrant dans le milieu théâtral qualifié successivement d’« underground », d’« expérimental », de « recherche » et finalement, non sans ironie, de « théâtre de création ».  Tandis que Nadeau impressionne par ses années de pratique acharnée dans un domaine marginal, il semble être mûr pour une réflexion introspective portant sur sa carrière et sur la durabilité de celle-ci dans la réalité sociale contemporaine, à un âge où le besoin de confort matériel se fait plus présent. Reconnu en tant qu’interprète remarquable, doué d’une extraordinaire capacité de don de soi, Gaétan Nadeau nous présente une pièce singulière écrite avec beaucoup d’esprit. Sa prose libre, truffée de jeux de mots adopte le ton mordant d’un blogueur du village.

De la scénographie sobre (quelques projections d’image de voyage sur tulles noirs aidant à installer les lieux) se détache quelques meubles et accessoires servant habilement le propos. Marquant le texte du maniement des quelques éléments scéniques disponibles, Gaétan Nadeau donne l’impression de jouer comme un enfant dans son salon, inventant multiples utilisations à sa jetée poilue, à son récamier à roulettes et détournant de façon désopilante un rideau plein jour en toge romaine. Alors que les costumes et accessoires sont audacieusement utilisés, l’intégration technique à la salle et le contenu visuel des projections auraient besoin d’un peu de polissage.

Tandis que l’écriture de Nadeau s’inspire du Voyage en Italie de Chateaubriand et des textes poétiques de Passolini, on y retrouve également, à travers l’exploration de la thématique de la Lenteur, une affiliation à Kundera. Celui-ci évoquait la glorification moderne de la vitesse, aboutissant à une forme d’ivresse et d’oubli. Prendre le temps de s’adonner à la réflexion méditative, activité souvent condamnée comme oiseuse ou paresseuse, est une étape pourtant essentielle au processus créatif non seulement des artistes, mais aussi des penseurs, des visionnaires, des écrivains et des philosophes. « Contempler les fenêtres de Dieu », dixit Kundera, c’est le luxe que s’est permis Gaétan Nadeau lors de sa résidence artistique à Rome.

Nadeau embrasse cet état de procrastination en faisant justement référence aux riches patriciens romains qui, « n’ayant rien à faire, passaient le temps à pratiquer les arts et la philosophie ». Écrire, lire, s’inspirer, développer une forme de pensée propre est un privilège (accordé dans ce cas sous forme de bourse/ résidence artistique) dans une société capitaliste par laquelle la valeur d’un individu se mesure à sa productivité. Parallèlement dans la religion chrétienne, la paresse faisant état de péché capital, le temps possède une notion similaire de rentabilité absolue ayant marqué notre subconscient collectif d’un sentiment de culpabilité à chaque moment où l’on s’arrête. Gaétan Nadeau se dénude au sens figuré, dans son slip doré, présentant des notions sérieuses comme être riche de son temps et être enfin soi-même.

La pièce, dont la structure narrative alterne entre la découverte du patrimoine romain et des souvenirs d’enfance dans un milieu rural québécois, se conclut habilement à l’époque présente, par la fusion de ces deux univers, à travers une réflexion de la mère de Gaétan Nadeau sur les pratiques religieuses actuelles. Livrée à un public chaleureux sympathisant à la cause du théâtre indépendant, Personal Jesus témoigne d’un moment de questionnement souvent précurseur à une période de transition. On applaudit à la fois l’auteur, le comédien et on reçoit, pour finir, l’absolution.

08-01-2012

par Cynthia Beauchemin

Acteur au parcours atypique, Gaétan Nadeau s’installe au théâtre La Chapelle avec un solo présenté comme un carnet de voyage, Personal Jesus. Prenant comme point de départ un voyage à Rome effectué par l’artiste, le spectacle est une succession d’anecdotes de voyage, de souvenirs d’enfance et d’impressions personnelles. Inspiré par les écrits de Chateaubriand et de Passolini, Gaétan Nadeau se livre sans pudeur au public. 

On découvre les premiers émois homosexuels, une fascination pour une émission de couture et on fait même la connaissance de la mère de l’acteur, filmée en pleine écoute du Jour du Seigneur. Ces tranches de vie de Gaétan Nadeau sont entrecoupées d’impressions sur son voyage prolongé à Rome : la folie d’un dimanche de Pâques sur la Place St-Marc, la visite de musées et la lenteur du temps qui passe. Le tout est certes très intéressant, mais ça tient plus du journal personnel que du récit cohérent.

Évoluant dans un décor minimaliste – récamier recouvert de fourrure et bureau rococo – l’acteur joue lui aussi la carte de la sobriété. Souvent debout au milieu de la scène ou couché pour réciter son texte, il se laisse néanmoins aller à exécuter quelques pas de danse de temps en temps.

L’ensemble du spectacle laisse un goût d’inachevé et de rendez-vous manqué. On devine le travail que l’artiste a fait, le ton qu’il a voulu donner à son solo, mais on passe souvent à côté. On aurait aimé en voir davantage.

20-12-2009