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Du 8 au 19 octobre 2013, 20h
DélugeDéluge
théâtre (Ottawa)
Texte Anne-Marie White
Mise en scène Pierre Antoine Lafon Simard et Anne-Marie White
Avec Geneviève Couture, Nicolas Desfossés, Pierre Antoine Lafon Simard et Isabelle Roy Anne-Marie White

Une femme déconnectée, vidée. Autour d’elle, ou peut-être en elle, une succession d’images personnifiées, fantasmées ou horrifiantes : vidangeur sexy, dentiste admirablement de gauche, petit couple d’emmerdeurs bourgeois, pimp, pute, punk virulent. Le monde intérieur de Solange nous apparaît comme un film présenté au ralenti, dont des morceaux auraient été volontairement coupés.

Après Écume, créée à La Nouvelle Scène en 2010, Anne-Marie White explore une écriture aux antipodes de sa création précédente, tout en s’interrogeant sur la même matière, celle de la puissance de nos fictions intérieures, parfois tel un abri, ici tel un danger. Cœurs prudes, s’abstenir.


Section vidéo


Conseils dramaturgiques Dominique Lafon
Assistance à la mise en scène Benoit Roy
Scénographie Max-Otto Fauteux
Lumière Guillaume Houët
Musique Olivier Fairfield
Son Gabriel Martine
Vidéo Frédéric St-Hilaire
Photo Marianne Duval

Une présentation La Chapelle
Une production Théâtre du Trillium


La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

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 Critique
Critique

par Pascale St-Onge


Crédit photo : Marianne Duval

La compagnie du Théâtre du Trillium revient à la Chapelle pour une deuxième saison d'affilée afin de nous présenter DÉLUGE, un texte d'Anne-Marie White, également cometteure en scène du spectacle avec Pierre Antoine Lafon Simard. La compagnie d'Ottawa à laquelle on doit l'intéressant TARAM demeure dans un univers semblable, celui de la déchéance intime.

Sur scène, une femme, Solange, complètement déconnectée de sa réalité, subit une cohabitation forcée avec le hamster à l'intérieur de sa tête. Celui-ci est présent sur le plateau, incarné par le metteur en scène, et impose à l'ensemble du spectacle une inquiétante étrangeté. À travers les mots de Solange, ses parties de sexe et sa vision de la ville, un portrait déprimant se révèle : celui de notre monde où nos enfants vont grandir. Solange, une épave qui se surprend à chaque instant d'être toujours vivante, se voit remettre la responsabilité d'un enfant et ne sait trop quoi en faire.

Si nous acceptons facilement certaines conventions un peu fantastiques de l'univers de la pièce fragmentée, tel l'homme-hamster auquel on s'accommode rapidement, d'autres éléments nous laissent un peu pantois : comment cet enfant, le gamin de la voisine, peut-il être abandonné aussi longtemps à une femme visiblement aucunement en contrôle d'elle-même? Toute l'évolution de la relation entre Solange et cet enfant se base sur des circonstances houleuses et conséquemment, il est difficile d'être touché ou simplement emporté par ce récit qu'elle nous livre. Difficile d'y croire. Ajoutons à ce récit tiré par les cheveux des scènes de débauche, de corps désirant être pris par d'autres corps, des témoins qui attestent de la figure déprimante du protagoniste, et d'autres éléments trashs ajoutés à la seule fin de faire de l'effet. Malheureusement, la beauté de l'ensemble du plateau et de la conception sonore, qualités récurrentes des productions de cette compagnie, ne sont pas suffisantes pour nous faire oublier la fragilité du récit ou encore la performance décevante de ses comédiens qui ne font que typer les personnages, sans leur donner de profondeur ou de chair.

La plus récente pièce d'Anne-Marie White tente d'évoquer, à travers la déchéance omniprésente de son personnage, les difficultés de l'enfance dans les grandes villes, l'instinct maternel, la maladie mentale et autres concepts, mais sans pour autant s'accrocher suffisamment à une seule de ces idées. S'en découle ainsi un récit trop faible pour les ambitions de son metteur en scène et une certaine déception chez le spectateur.

11-10-2013