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Du 8 septembre au 3 octobre 2015
SeptembreSeptembre
Texte et interprétation Evelyne de la Chenelière
Mise en scène et scénographie Daniel Brière

Aujourd'hui, 12 septembre, par temps de canicule, une femme travaille et un coup de fil l’interrompt : sa fille a mal au ventre ; il faut venir la chercher à l’école. Arrivée sur les lieux, la femme s’abandonne à la contemplation de la cour de récréation : les jeux rituels des enfants conduisent son imaginaire sur les chemins d’une rêverie ambivalente où se superposent maints scénarios possibles, des plus ludiques aux plus morbides. Dans cette intense activité fantasmagorique, elle va jusqu’à entrevoir l’irruption d’un tueur transformant cette journée en carnage. Pourquoi cette femme introduit-elle la mort au cœur sa pensée ? Peut-être est-ce une façon pour elle d’incarner ses craintes les plus sourdes, de donner corps et formes à son chaos intérieur.

Quatre ans après leur dernière collaboration au NTE, Evelyne de la Chenelière retrouve son complice Daniel Brière pour la création d’une nouvelle partition scénique incandescente et puissamment onirique. Cette année, plus que jamais, Septembre rime avec rentrée théâtrale !

Dans la lignée de leurs productions précédentes (pensons notamment à Henri et Margaux et Ronfard nu devant son miroir), Daniel Brière et Evelyne de la Chenelière utilisent, démontent et interrogent les codes de la représentation pour rendre sensible ce qui se déploie dans l’imaginaire, dans le souvenir ou dans le fantasme.


Section vidéo


Maquillage et coiffure Angelo Barsetti
Costumes Julie Charland
Éclairages Nicolas Descôteaux
Conception sonore Alexander MacSween
Régie Jean Gaudreau
Direction technique et assistance à la scénographie Jean-François Morel
Direction de production Anne Plamondon

Une production Nouveau Théâtre Expérimental, en coproduction avec le Théâtre français du CNA


Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

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Critique

La force de l’imagination


Crédit photo : Marlène Gélineau Payette

Des milliers de post-its recouvrent le mur du fond de l’Espace Libre auquel une femme est adossée. Avec sa robe recouverte des mêmes petits bouts de papier, presque immobile, elle semble ne faire qu’un avec le décor. À droite, une clôture de métal évoque une cour d’école et un ballon traîne sur le sol. Voilà le tableau initial de Septembre, nouvelle collaboration de Daniel Brière et d’Évelyne de la Chenelière, présentée jusqu’au 3 octobre 2015.

C’est un coup de téléphone de l’école primaire qui sert d’élément déclencheur à Septembre, dans lequel Évelyne de la Chenelière renoue avec plusieurs de ses thèmes de prédilection : l’enfance, la maternité et la création. C’est à un spectacle très intime que nous convie le couple de créateurs, qui assure l’écriture, le jeu, la mise en scène et la scénographie de ce monologue sur le pouvoir ambivalent de l’imagination. Par ailleurs, rares sont les occasions ces derniers temps de voir Évelyne de la Chenelière livrer elle-même son propre texte sur scène.

Une femme se rend à l’école en pleine heure de récréation, pour aller chercher sa fille qui a mal au ventre. Avant d’entrer au secrétariat, elle prend le temps de regarder les enfants jouer dans la cour et s’imagine des scénarios souvent cruels à partir de ce qu’elle observe.

Évelyne de la Chenelière offre une magnifique performance d’actrice en donnant vie à une dizaine de personnages, de la mère alcoolique d’une des élèves, à Mia la mignonne petite fille blonde que tout le monde aimerait avoir comme meilleure amie. Habillée d’une robe à l’allure enfantine, l’actrice montre bien le paradoxe entre la douceur avec laquelle elle rassure sa fille malade et la violence des pensées qui l’assaillent lorsqu’elle se laisse aller à ses fantasmes.

C’est le côté morbide de certains jeux de rôle enfantins qui est mis de l’avant dans les histoires que la mère invente. Sachant qu’aucun des événements qu’elle s’imagine n’aura de conséquences sur le réel destin des enfants qu’elle prend comme personnages, elle n’hésite pas à s’imaginer tout le potentiel violent que peuvent subir les enfants à l’école. Les projections montrant des bonshommes colorés dessinés à la craie sur l’asphalte gris d’une cour de récréation accentuent d’ailleurs le fait que la naïveté associée de l’enfance n’a aucune commune mesure avec l’extrême lucidité des enfants face aux menaces potentielles qui les entourent.

Avec Septembre,le Nouveau Théâtre Expérimental amorce la rentrée théâtrale avec une proposition très forte qui mise sur la force du texte d’Évelyne de la Chenelière et sur la sensibilité du spectateur qui n’a qu’à se laisser imprégner par le microcosme qui prend vie devant ses yeux.

10-09-2015